Antoine Galland et « Les Mille et Une Nuits »
Publié le 30/08/2013
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L'engouement extraordinaire pour Les Mille et Une Nuits passe rapidement les frontières. Les contes paraissent à Londres dès 1710 dans une retraduc-tion de Galland. Les éditions se succèdent en Allemagne, en Italie, en Hollande, au Da¬nemark, en Flandre, en Russie, faisant du recueil de contes le premier « best-seller « euro¬péen après la Bible.
Les Mille et Une Nuits donnent lieu à maintes controverses à propos de leur traduction. On accuse Galland d'avoir épuré le texte de ses audaces pour ne pas choquer le Roi-Soleil et les grands, à qui il destine son ouvrage. Un traducteur du XIXe siècle, Joseph Charles Mardrus, dont la version, très osée, fera scandale, se montrera très cri¬tique envers le travail de son prédécesseur. « Exemple cu¬rieux de ce que peut subir un texte en traversant le cerveau d'un lettré au siècle de Louis XIV, l'adaptation de Galland, faite pour la Cour, a été systé¬matiquement émasculée de toute hardiesse et filtrée de tout le sel premier (...). Les sul¬tans et les vizirs et les femmes de l'Arabie ou de l'Inde s'y expriment comme à Versailles et à Marly. En un mot, cette adaptation surannée n'a rien à voir, d'aucune manière, avec le texte des contes arabes. «
«
Bon nombre de ces récits à
tiroirs ont pour cadre les splen
deurs de la cité de Bagdad au
VIW siècle et pour héros le ca
life Haroun al-Rachid : les lec
teurs français sont envoûtés
par le raffinement, le luxe et
les merveilles de l'Orient.
La
magie et la fascination jouent à
plein : cet étrange objet litté
raire connaît immédiatement
un vif succès .
Au cours des
deux années qui suivent la
parution du premier tome, six
autres
volumes sont publiés,
qui suscitent la même passion.
Antoine Galland ne traduisant
pas assez vite au goût des lec
teurs impatients, les éditeurs
entreprennent de les satisfaire
à grand renfort d'imitations et
de fausses suites ! La veuve
Barbin, elle, publie dans le
tome VIII un mélange de tra
ductions de Galland et de Pe
tit de la Croix.
Indigné par le
procédé , Galland change d'édi
teur.
L'accueil que le peuple
comme les grands et les sa
vants réservent à son travail
reste
toujours aussi enthou-
siaste .
« C'est dans son carros
se, avec une bougie, en reve
nant de Versailles, que l'abbé
Grignon, membre de l'Acadé
mie des Inscriptions, lit le ma
nuscrit du tome IX », remarque
le traducteur amusé.
Une traduction
controversée ·
L'engouement extraordinaire
pour Les Mille et Un e Nuits passe
rapidement les frontières .
Les
contes paraissent
à Londres
dès 1710 dans une retraduc
tion de Galland.
Les éditions
se succèdent en Allemagne,
en Italie, en
Hollande, au Da
nemark, en Flandre , en Russie,
faisant
du recueil de contes le
premier « best-seller » euro
péen après la Bible .
Les Mille et Une Nuits donnent
lieu à maintes controverses à
propos de leur traduction.
On
accuse Galland d'avoir épuré
le texte de ses audaces pour
ne pas choquer le Roi-Soleil et
les grands, à qui il destine son
ouvrage.
Un traducteur du x1x •
siècle, Joseph Charles Mardrus,
dont la version, très osée, fera
scandale , se
montrera très cri
tique envers le travail de son
prédécesseur .
« Exemple cu
rieux de ce que peut subir un
texte en traversant le cerveau
d'un lettré au siècle de Louis
XIV, l'adaptation de Galland,
faite
pour la Cour, a été systé
matiquement émasculée de
toute hardiesse et filtrée de
tout le sel premier( ...
).
Les sul
tans et les vizirs et les femmes
de l'Arabie ou de l'Inde s'y
expriment comme à Versailles
et à Marly.
En un mot, cette
adaptation surannée n'a rien à
voir , d 'aucune manière, avec le
texte des contes arabes.
»
C'est pourtant la traduction de
Galland, subtile , poétique et
savoureuse, qui reste aujour
d'hui encore la plus répandue
en France même si, au x1x • et
au xx• siècle, une quinzaine
UN ORIENTALISTE
ÉRUDIT
Septième enfant d'une
famille pauvre, né en 1646
dans le village picard de
Rollo, Antoine Galland a
étudié le latin, le grec et
l'hébreu au collège de
Noyon.
A Paris, il a suivi les
cours de la Sorbonne et du
Collège de France, où il a
appris les langues orientales .
En 1670, il accomplit son
premier périple en Orient,
comme secrétaire de
François Olier de Nointel,
ambassadeur de France
auprès de la Sublime Porte.
A Constantinople,
il achète
des objets précieux pour le
cabinet de curiosités de Louis XIV et la bibliothèque
du ministre Colbert.
A son
retour,
il publie un Journal de
voyage qui obtient un grand
succès.
En 1679, il reçoit
le brevet et les honoraires
de premier antiquaire du roi.
C'est
au cours de ses
différentes missions en
Orient qu'il a recueilli les
contes des Mille et Une Nuits.
Outre sa monumentale
traduction de ces contes,
Galland a collaboré à maints
ouvrages.
Nombre de ses contributions, mémoires et dissertations · ont été publiés
dans les recueils de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
En 1709, il a été nommé à la
chaire d'arabe du Collège
de France.
A sa mort,
le 1 7 février 1 715, il a laissé
un
testament désignant
trois légataires :
la
Bibliothèque royale,
l'Académie
et le roi.
d 'autres ont été publiées .
Les
Mille et Une Nuits, à présent tra
duites dans presque toutes les
langues
et qualifiées par !'écri
vain argentin contemporain
Jorge Luis Borges de « premier
roman à épisodes du monde »,
sont restées au fil des siècles
le plus célèbre suspense de la
littérature..
»
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