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Anthologie poésie

Publié le 11/11/2013

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19eme siecle Brise Marine La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivresD'être parmi l'écume inconnue et les cieux!Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeuxNe retiendra ce coeur qui dans la mer se trempeO nuits! ni la clarté déserte de ma lampeSur le vide papier que la blancheur défendEt ni la jeune femme allaitant son enfant.Je partirai! Steamer balançant ta mâture,Lève l'ancre pour une exotique nature!Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!Et, peut-être, les mâts, invitant les oragesSont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufragesPerdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!Stéphane Mallarmé Le thème de l'ailleurs, du départ, du voyage parcourt le 19ème siècle comme l'obsession de la fuite et le refus répété du réel immédiat. Le poème que nous allons étudier, intitulé « Brise Marine », est extrait de Poésies, c'est un poème que Mallarmé écrit dans sa jeunesse. Il est composé de 16 vers en rimes plates. Dans le sillage de Baudelaire, Mallarmé exprime dans un élan lyrique comparable à un envol. Le dégoût du présent et l'appel irrésistible du large, des orages et de l'azur. Construit à partir de l'énumération de ce que refuse le poète, le texte est l'affirmation répétée qui ne conduit pourtant pas à un véritable départ. Le voyage rêvé apparaît ainsi comme la métaphore de l'inspiration. L'élan créateur est un appel vers une réalité autre, à la fois dangereuse et séductrice. Nous montrerons comment dans ce poème le voyage maritime souhaité prend, au-delà de ses justifications personnelles, une justification symbolique. Commentaire littéraire :I- L'appel du voyage, le refus de l'environnement.a) Une constatation désabuséeNous retrouvons le refus de l'environnement actuel :Au vers 1, l'interjection « hélas » affiche une note de désespoir.Au début du poème, l'auteur exprime son désir de partir : impératifs, affirmations. L'ennui, la cause est mise en relief (avec la majuscule) plus tard dans le texte.Mallarmé fait deux affirmations : la première porte sur le manque de joie, de sensualité : « la chair est triste ». La seconde marque l'absence d'intérêt pour la lecture : sorte d'usure chez le poète. Il est blasé de l'expérience sensuelle et du monde des livres dont il semble avoir fait le tour.b) Le refus des liensIl veut se couper d'une situation familiale :Au vers 8, Mallarmé emploie l'adjectif possessif de la 3ème personne pour parler de son propre enfant et l'article défini « la » pour qualifier sa propre femme.On retrouve également l'idée de lassitude.Sur le plan syntaxique : - triple occurrence de la négation « ni »- pronom indéfini « rien »- la conjonction de coordination « et » traduit une insistance- le passé composé traduit ici l'ennui contrairement au participe présent du vers 11 Tous les éléments qui pourraient le retenir soulignent cependant catégoriquement l'impuissance de ces liens. La seule solution est le voyage vers un ailleurs exotique.II- Le voyage rêvéa) Le voyage désiré se traduit par :Le voyage rêvé et voulu (=> avec la double exclamation "fuir! là-bas fuir!" + verbes partir) a des allures exotiques et baudelairiennes. L'image des oiseaux est révélatrice (elle implique la liberté). Le désir de partir est évoqué plusieurs fois dans le texte : récurrence du verbe « fuir » ; forte ponctuation qui traduit l'enthousiasme ; le futur négatif « ne retiendra » --> caractère irréversible.Ce voyage se passe donc dans les cieux, mais aussi dans la mer. Les deux sont d'ailleurs mélangés (" les oiseaux sont ivres d'être parmi l'écume inconnue et les cieux "). La mer est cependant prédominante (c...

« b) Le refus des liens Il veut se couper d’une situation familiale : Au vers 8, Mallarmé emploie l’adjectif possessif de la 3ème personne pour parler de son propre enfant et l’article défini « la » pour qualifier sa propre femme. On retrouve également l'idée de lassitude. Sur le plan syntaxique : - triple occurrence de la négation « ni » - pronom indéfini « rien » - la conjonction de coordination « et » traduit une insistance - le passé composé traduit ici l’ennui contrairement au participe présent du vers 11 Tous les éléments qui pourraient le retenir soulignent cependant catégoriquement l’impuissance de ces liens.

La seule solution est le voyage vers un ailleurs exotique. II- Le voyage rêvé a) Le voyage désiré se traduit par : Le voyage rêvé et voulu (=> avec la double exclamation "fuir! là-bas fuir!" + verbes partir) a des allures exotiques et baudelairiennes.

L'image des oiseaux est révélatrice (elle implique la liberté).

Le désir de partir est évoqué plusieurs fois dans le texte : récurrence du verbe « fuir » ; forte ponctuation qui traduit l’enthousiasme ; le futur négatif « ne retiendra » --> caractère irréversible. Ce voyage se passe donc dans les cieux, mais aussi dans la mer.

Les deux sont d'ailleurs mélangés (" les oiseaux sont ivres d'être parmi l'écume inconnue et les cieux ").

La mer est cependant prédominante (champs lexical du monde maritime).

Ce voyage est aussi un voyage de dépaysement : naufrages, orages, îlots, Steamer (vocabulaire moderne), chant des matelots, "exotique nature",...

Le rythme saccadé du vers 15 traduit le doute, mais aussi l’excitation b) Le voyage est source d'inspiration : Le voyage va permettre au poète de développer sa créativité Le désir de créativité se traduit par : - Allusion aux oiseaux et aux cieux : représentation métaphorique de l’inspiration et de la situation du poète. - L’écume inconnue connote l’élévation hors du monde monotone - Le chant des matelots : association de la création poétique et du voyage (Sirènes : mythologie grecque) Cette musicalité de la poésie est bien perçue des vers 13 à 15 : régularité des rimes, des sonorités. »

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