anthologie poème épistolaire pour des muses
Publié le 24/06/2015
Extrait du document
«
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux ?
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses !
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes ?
- Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !
Charles beaudelaire 1857
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire
À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés
Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure
Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé
Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche
Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux
L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages
Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août
J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes
Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa
Les Yeux d'Elsa, Louis ARAGON, Les Yeux d'Elsa, (1942) Ar agon, aut eur s ur r éal i s t e,
r as s embl e dans un r ec uei l
i nt i t ul é Les Yeux d' El s a l es
poèmes que s a f emme et mus e El s a
Tr i ol l et d' or i gi ne r us s e l ui
i ns pi r a dans l es années 1941-
1942.
Ras s embl ant des poèmes de
dat es di v er s es , l es poèmes Les
Yeux d' El s a ont ét é publ i és , au
pl us f or t de l a guer r e, l e 15
mar s 1942 à Neuc hât el , en Sui s s e,
dans Les c ahi er s du Rhône Le
pr emi er poème, qui donne l e t i t r e
au r ec uei l , es t une des c r i pt i on
c odée des y eux d' El s a.
I l s e
c ompos e de 10 quat r ai ns en
al ex andr i ns .
20 a vril 1593
Me s be lle s a mours, c e se ra de ma in que je ba ise ra i c e s be lle s ma ins
pa r millions de fois ; je re sse ns dé jà du soula ge me nt e n me s pe ine s
pa r l’a pproc he d’un te l he ur, que je tie ns c he r c omme ma vie ; ma is
si vous me le re ta rde z d’un jour se ule me nt, je mourra i.
Envoye z -moi
a ujourd’hui La Va re nne , instruit de vos c omma nde me nts.
J’a i
re c ouve rt un c oe ur de dia ma nt qui vous fe ra mourir d’e nvie .
Si le s
a nge s porta ie nt de s ba gue s, il vous se ra it e xtrê me me nt propre .
Ja ma is a bse nc e ne m’a ta nt e nnuyé que c e tte -c i.
Pa sse r le mois
d’a vril a bse nt de sa ma ître sse , c ’e st ne vivre pa s.
Vous re c e vre z
de ux le ttre s a ujourd’hui de moi, e t moi de ux ba ise rs de ma in de vous.
Bonjour, ma c hè re ma ître sse ; je ba ise un million de fois vos pie ds.
Le ttre de He nri IV à Ga brie lle d’Estré e s
Pa ris, se pte mbre .
Ma c hère bic he , je suis de hors a ussi, moi ! Et si tu ne m'a s pa s èc rit à
Blois, je suis a ussi la pre mière à notre joli re nde z -vous de la
c orre sponda nc e .
Re lève te s be a ux ye ux noirs a tta c hès sur ma
pre mière phra se , e t ga rde ton e xc la ma tion pour la le ttre où je te
c onfie ra i mon pre mie r a mour.
On pa rle toujours du pre mie r a mour, il y e n a
donc un se c ond ? Ta is-toi ! me dira s-tu ; dis-moi plutòt, me de ma nde ra s-
tu, c omme nt tu e s sortie de c e c ouve nt où tu de va is fa ire ta profe ssion ?
Ma c hère , quoi qu'il a rrive a ux Ca rmèlite s, le mira c le de ma
dèlivra nc e e st la c hose la plus na ture lle .
Le s c ris d'une c onsc ie nc e
èpouva ntèe ont fini pa r l'e mporte r sur le s ordre s d'une politique
infle xible , voilà tout.
Ma ta nte , qui ne voula it pa s me voir mourir de
c onsomption, a va inc u ma mère , qui pre sc riva it toujours le novic ia t
c omme se ul re mède à ma ma la die .
La noire mèla nc olie où je suis
tombèe a près ton dèpa rt a prèc ipitè c e t he ure ux dènoue me nt.
Et
je suis da ns Pa ris, mon a nge , e t je te dois a insi le bonhe ur d'y ètre .
Ma
Re nèe , si tu m'a va is pu voir, le jour où je me suis trouvèe sa ns toi, tu
a ura is ètè fière d'a voir inspirè de s se ntime nts si profonds à un
c œur si je une .
Nous a vons ta nt rèvè de c ompa gnie , ta nt de fois
dèployè nos a ile s e t ta nt vèc u e n c ommun, que je c rois nos àme s
soudèe s l'une à l'a utre , c omme èta ie nt c e s de ux fille s hongroise s dont
la mort nous a ètè ra c ontèe pa r monsie ur Be a uvisa ge , qui n'èta it
c e rte s pa s l'homme de son nom : ja ma is mède c in de c ouve nt ne fut mie ux
c hoisi.
N'a s-tu pa s ètè ma la de e n mème te mps que ta mignonne ? Da ns
le morne a ba tte me nt où j'èta is, je ne pouva is que re c onna ìtre un à un
le s lie ns qui nous unisse nt ; je le s a i c rus rompus pa r l'èloigne me nt, j'a i
ètè prise de dègoùt pour l'e xiste nc e c omme une tourte re lle
dèpa re illèe , j'a i trouvè de la douc e ur à mourir, e t je moura is tout
douc e tte me nt.
Mémoi r es de deux j eunes
mar i ées es t r oman d' Honor é
de Bal z ac par u s ous l a
f or me de r oman- f eui l l et on
dan s l a Pr es e en 1841en
deux par t i es s ous deux
t i t r es di f f ér ent s :
Mémoi r es d’ une j eune f emme
et Soeur Mar i e des anges .Gabr i el l e d’ Es t r ées dev i ent l a
maî t r es s e du r oi Henr i I V en 1591, en
pl ei ne guer r e c i v i l e.
Ce qui
n’ empêc he pas Henr i I V de s e c ons umer
d’ amour pour Gabr i el l e, av ec qui i l
aur a par l a s ui t e t r oi s enf ant s .
I l s
ont es pér é l ongt emps pouv oi r s e
mar i er , en v ai n, mai s l ’ amour que l e
r oi por t ai t à s a maî t r es s e s ’ ex pr i me
s ans f r ei n dans s es l et t r es
poét i ques .
Eus t ac he Le Sueur , Mel pomène, Er at o et
Pol y mni e ( 1652/ 1655) Hui l e s ur panneau 130
c m x 130 c m.
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