Annotation analytique (i did it): L’Étranger de Camus « Le meurtre », p.150
Publié le 05/12/2022
Extrait du document
«
Objet d’étude 4 : Le roman et le récit du XVIIIe au XXIe siècle
L’Étranger de Camus
« Le meurtre », p.150
Conditionnel qui
déclenche l’idée de
J'ai pensé que je n'avais qu'un demi-tour à faire et ce serait fini.
Mais toute une
plage vibrante de soleil se pressait derrière moi.
J'ai fait quelques pas vers la source.
L'Arabe n'a pas bougé.
Malgré tout, il était encore assez loin.
Peut-être à cause des
ombres sur son visage, il avait l'air de rire.
J'ai attendu.
La brûlure du soleil gagnait mes
joues et j'ai senti des gouttes de sueur s'amasser dans mes sourcils.
C'était le même soleil
que le jour où j'avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et
toutes ses veines battaient ensemble sous la peau.
À cause de cette brûlure que je ne
pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant.
Je savais que c'était stupide, que
je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas.
Mais j'ai fait un pas, un
seul pas en avant.
Et cette fois, sans se soulever, l'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a
présenté dans le soleil.
La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame
étincelante qui m'atteignait au front.
Au même instant, la sueur amassée dans mes
sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais.
Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel.
Je ne sentais plus que les
cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau
toujours en face de moi.
Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux
douloureux.
C'est alors que tout a vacillé.
La mer a charrié un souffle épais et ardent.
Il
m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu.
Tout
mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver.
La gâchette a cédé, j'ai touché
le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a
commencé.
J'ai secoué la sueur et le soleil.
J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du
jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux.
Alors, j'ai tiré encore
quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût.
Et c'était
comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.
Prise
de
résultat de
acceptation
posture de
cet
acte
conscience
du
l’acte accompli et
du malheur, une
revendication de
involontaire
et
Projet de lecture :
Problématiques possibles :
-En quoi ce passage constitue-t-il un épisode charnière dans le roman L'étranger de Camus ?
-En quoi ce passage marque-t-il un tournant dans le roman ?
-En quoi ce passage illustre la philosophie de l'absurde de Camus ?
-Comment cet extrait présente-t-il le protagoniste du roman ?
-En quoi cette scène est-elle tragique et absurde ?
-Comment cet extrait présente-t-il l’arabicide commis par Meursault ?
Annonce des axes
I - Le Soleil, un acteur principal = en quoi le soleil est un acteur principal
1.
Le soleil, une présence hostile
2.
Le soleil, une source de souffrance
3.
Le soleil, un moyen d’aveuglement
II – Meursault face au tragique et à l’absurde = comment Meursault fait face au tragique et à
l’absurde
1.
L'hamartia et le mécanisme tragique
2.
La prise de conscience de Meursault
3.
Meursault face à l'absurde
I - Le Soleil, un acteur principal
1.
Le soleil, une présence hostile 2.
Le
soleil,
et dominante
souffrance
-Récurrence du mot « soleil »
-Sensations
une
source
de 3.
douloureuses :
«
moyen
», « sourcils », « cils », « joues », «
yeux », « paupières »
front » et « mes yeux douloureux »
de la lumière « lumière », «
-Personnification de la chaleur
un
me -Eléments du visage évoqués « front
-Champ lexical de la chaleur « supporter », « qui m’atteignait au
étincelante », « éclatant »
soleil,
d’aveuglement
faisait mal », « je ne pouvais plus
brûlure », « sueur », « brûlante » et
Le
- Cécité et aveuglement « paupières
-Répétition du mot « brûlure »
recouvertes d’un voile tiède et
-Lexique des armes « lame », «
épais »,
glaive », « épée »
aveuglés »,
« son grand souffle chaud »
« mes
yeux
étaient
« indistinctement »,
« fouillait mes yeux ».
-Actions brutales de la lumière «
-Indice de 1ère personne « je » -> giclé », « jaillit »
=> « je ne sentais plus » absence de
sentiment.
focalisation interne
-Éléments cosmiques : air « ciel, Transfert de l’hostilité
-Présence du soleil dans la scène
souffle », eau « source, mer, pleuvoir,
de l’enterrement de la mère de
sueur, pluie », feu « ardent, feu, Envahissement, scène apocalyptique
Meursault «....
»
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