andre malraux incipit
Publié le 14/12/2012
Extrait du document
«
1.2 L’importance de la mise en scène et la charge symbolique du décor
· Le cadre de l’action n’est pas vraiment décrit : pas de plan d’ensemble de la
chambre, peu de détails.
Le cadre, nous le découvrons à travers quelques plans
qui épousent le champ de vision (nécessairement limité) de Tchen, selon
l’échelle suivante : plan moyen du lit sur lequel tombe la moustiquaire, masse
lumineuse et confuse (« tas de mousseline blanche »), plan plus rapproché,
voire gros plan du pied (noté trois fois) sur lequel est fixé le regard de Tchen et
qui est mis en relief par la lumière qui l’éclaire par-dessous.
Le complément
« comme pour en accentuer le volume et la vie » fait songer à une consigne
inscrite dans un scénario.
La profondeur du champ est aussi étudié : en arrière-
plan, on devine l’univers urbain, identifiable grâce à divers indices visuels et
auditifs : la lumière émanant du « building voisin » (l.6), « le rectangle
d’électricité pâle » (l.7), les coups de klaxon (l.9), le « vacarme » puis les
bruits lointains des « embarras de voitures » (l.11-12).
· Les jeux d’ombre et de lumière semblent réglés comme dans un film des
années 30.
Ils sont appropriés à la nature de l’acte en cours : un meurtre, acte
illicite, ne peut qu’être commis dans la pénombre, loin du regard des hommes.
Le meurtrier reste dans l’ombre, la victime aussi.
De même l’intensité
décroissante des sons évoquée à l’aide d’images –klaxons déchirant le silence
nocturne comme le suggère l’emploi métaphorique du verbe « grincer », puis
« vacarme retomba[nt] » assimilé à un « vague », montre que Tchen s’éloigne
peu à peu du monde des vivants et s’enferme dans son monde intérieur.
Les
bruits soulignent par contraste le silence de la chambre avant de s’estomper et
de disparaître.
· Le décor est symbolique : La seule source de lumière vient de la ville, espace
vivant, animé, par opposition à la chambre obscure où rien ne bouge ; Tchen a
fait de cette chambre anodine un lieu clos voué à la mort.
Le rectangle blanc
coupé par les barreaux de la fenêtre, c’est la prison dans laquelle Tchen va
mentalement s’enfermer.
Tchen est encore à la frontière entre deux mondes,
celui de la lumière symbolisant le monde des vivants et celui de la nuit
évoquant la mort.
Tr .
En fait, l’atmosphère oppressante créée par la mise en scène est en accord avec l’état
psychologique du personnage.
Elle est le révélateur d’un drame intérieur.
2.
La primauté du drame intérieur
2.1 Un novice placé dans une situation- limite
· Le drame intérieur du personnage, nous le découvrons d’emblée grâce au
narrateur omniscient 1
qui nous permet d ’entrer dans la conscience du
personnage .
Au moyen d’un monologue intérieur, il nous livre ses pensées les
plus secrètes, la voix du narrateur se mêlant à celle de son personnage, à
travers des phrases de types variés : interrogatives (l.1, 9), exclamatives (l.10)
et déclaratives (l.15-16) ; leur brièveté traduit l’angoisse du héros.
Tchen
1 Si l’essentiel de la narration est en focalisation zéro, le narrateur omniscient choisit parfois de nous montrer la
situation telle qu’elle est perçue par le personnage, non seulement en rapportant ses pensées (l.
9-10, 12, 23…),
mais en décrivant la réalité extérieure selon le point de vue de Tchen : « fasciné par ce tas de mousseline (…) d’où
sortait seulement ce pied (…) vivant quand même- de la chair d’homme.
» (focalisation interne)..
»
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