Devoir de Philosophie

André Gide a écrit : « Inquiéter, tel est mon rôle. Le public préfère toujours qu'on le rassure. Il en est dont c'est le métier, il n'en est que trop. » Sans multiplier les exemples, et en vous fondant plutôt sur quelques œuvres de votre choix, dites ce que vous pensez de cette conception de la littérature.

Publié le 09/03/2011

Extrait du document

gide

   Plan détaillé    Introduction    • Formule en forme de profession de foi.    • Fréquemment répétée - cf. « Belle fonction à assurer, celle d'inquiéteur « dans le Journal, 28 mars 1935.    • Mais elle se complète d'une attaque implicite : - contre « le public «, i.e. les lecteurs ou spectateurs de théâtre (Gide s'est plu dans certaines fonctions de dramaturge), qui manifestent une tendance à la facilité;    - plus encore contre les écrivains que l'on peut concevoir comme démagogues, qui cherchent les recettes et trouvent les voies pour plaire à ce public, dont l'une est de « rassurer «; i.e. littérature lénifiante.    • Plan (en inversant l'ordre de la formule gidienne).

gide

« • D'autre part le monde moderne est de plus en plus inquiétant à cause des gains des découvertes scientifiques etdu machinisme, mais par contre-coup des puissants dangers qu'ils impliquent. • De plus comme le public est de plus en plus au courant (presse - journaux - radios et T.V.), mais pas toujoursavec discernement, il est submergé de nouvelles souvent effrayantes (y ajouter crise, chômage, incertitude dulendemain...). • D'où le désir de plus en plus vif de ne voir en littérature qu'évasion du quotidien et de ses problèmes. • On cherche une littérature qui rassure dans le sens où : - elle permet de ne pas penser, - elle endort les soucis. • C'est le romanesque où tout réussit agréablement (mission remplie par ce type de littérature depuis des siècles :en lisant les exigences de sa Dame à l'égard du Chevalier portant ses cou-leurs - Romans de la Table Ronde - les châtelaines médiévales si grossièrement traitées par leurs époux échappaientdéjà dans la fiction à leur vie réelle.) • Ou c'est la littérature de pure distraction, mais tablant sur agitation, actions mouvementées...

face à la grisaillejournalière : tels les romans policiers au XXe siècle ou ceux de cape et d'épée au XIXe siècle. • Quant à d'autres œuvres d'évasion : science-fiction ou fantastique, elles jouent sur la suppression de la notion deTemps présent, tandis que les romans plus ou moins historiques en font autant mais en s'appuyant sur le passé aulieu du futur. • Bref, ces œuvres rassurent parce que espace et temps n'y sont pas ceux de tous les jours; de plus elles bercentl'imagination, endorment pensée et cœur. • Elles correspondent à «notre éternel besoin qu'on nous raconte des histoires » (Bellessort), mais pas seulementpour échapper à un extérieur revêche; pour « nous échapper aussi à nous-mêmes ». • Nous voulons des « histoires où nous nous reconnaissons tels...

que nous voudrions être ».

(id.) • C'est une des formes du divertissement (sens pascalien).

Ainsi échappons-nous à nous-mêmes, à notreinsatisfaction de nos valeurs, à nos petites lâchetés, à tout ce que nous n'osons ou ne pouvons accomplir. • Le héros romanesque est presque toujours supérieur (intellectuellement, physiquement, dans ses réussites); lesdifficultés matérielles de la plate existence ne l'atteignent pas; il s'élance à l'assaut des pages de son histoire et vad'aventures en aventures : ce que nous rêvons d'être et de faire ! (voir l'extraordinaire peinture que Flaubert enbrosse parodiquement dans Mme Bovary). • Une telle littérature - souvent écrite avec les meilleures intentions et sans même volonté de complaisance; ellen'en est que plus dangereuse, car alors convaincue - risque de faciliter : - paresse d'esprit, de cœur, - plongée dans le rêve, - donc manque de fermeté ou de résistance face au réel et à ses efforts et difficultés. • Cas extrêmes des méfaits de ces littératures qui « rassurent » : Don Quichotte (Cervantès), Emma Bovary(Flaubert) ou dans l'histoire littéraire même, Rousseau marqué à vie par les livres follement romanesques qu'il«dévora» si jeune (les romans -début - XVIIe siècle laissés par sa mère morte).

Chacun de ces cas correspond àune forte ou totale inadaptation à la réalité ou à la société. II.

La littérature doit inquiéter... • ...

intellectuellement d'abord, donc inquiéter la conscience littéraire. • Gide lui-même dans - ses Nourritures terrestres, à la composition très lâche, addition d'éléments « affistolés » (c'est son propre terme); - ses Soties (genre dramatique du Moyen Âge; pour Gide : récits assez cocasses, où sont présentéssymboliquement certains thèmes inhérents à la condition humaine : Prométhée mal enchaîné; L'Immoraliste...). »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles