Analysez ce commentaire de Diderot sur son portrait peint par Vanloo en tâchant de découvrir l'homme tel qu'il nous est suggéré.
Publié le 11/09/2014
Extrait du document

« Très vivant ;
En effet ce qu'il reproche au faux
Diderot qu'on expose au public, ce n'est pas tant d'être joli que de se vouloir tel — de « faire le petit bec «, de « faire encore l'aimable « — ; autrement dit, d'entrer délibérément dans la petite comédie du monde, au lieu de rester dans la « bonhomie « de la nature et dans «la rusticité des anciens temps «. Et pour mieux montrer qu'il ne veut pas être de ces mondains, Diderot va au-devant de leurs moqueries : sa bonhomie touche « de bien près à la bêtise «..., il n'a écrit que de « tristes ouvrages «, ses « assez grands traits « le font ressembler à ces « anciens orateurs « que les gens du monde, depuis la querelle des Anciens et des Modernes, ne se sentent plus tenus de vénérer. « Je suis un rustre et je m'en honore «, écrivait-il un autre jour à Sophie Volland. De telles provocations ne sont pas sans rappeler celles que Jean-Jacques Rousseau avait déjà lancées à la frivolité du siècle dans ses Discours, dans sa Lettre à d' Alembert, dans l'Émile ; mais il ne fait pas de doute qu'il les lance de tout son coeur et qu'elles expriment bien son naturel.

«
DIDEROT 123
une belle chose.
Mon joli philosophe, vous me serez à jamais un témoignage précieux de l'amitié d'un artiste, excellent artiste, plus excellent homme.
Mais que diront mes petits-enfants, lorsqu'ils viendront à comparer mes tristes ouvrages avec ce riant, mignon, efféminé vieux coquet-là? Mes enfants, je vous préviens que ce n'est pas moi.
J'avais en une journée cent physionomies diverses, selon la chose dont j'étais affecté.
J'étais serein, rêveur, tendre, violent, passionné, enthousiaste; mais je ne fus jamais tel que vous
me voyez là.
J'avais un grand front, des yeux très vifs, d'assez grands traits, la tête tout à fait du caractère d'un ancien ora teur, une bonhomie qui touchait de bien près à la bêtise,
à la rusticité des anciens temps.
»
INTRODUCTION
Dans ce salon de 1767 dont il s'est chargé de faire le compte
rendu, Diderot a trouvé son propre portrait, œuvre du peintre
Vanloo.
Belle occasion de parler de lui, de se confier, de se
camper devant
le public.
Cette aubaine le met en verve.
Depuis
plus de quinze ans il consacre à !'Encyclopédie le meilleur de
son temps : lettres d'affaires, études techniques, propagande,
éloge des sciences, des chiffres,
du travail manuel, de la méca
nique ; ses humeurs personnelles, les saillies de son imagination
et de son cœur n'y ont guère leur place.
Mais il sait bien leur
donner leur revanche : Le Neveu de Rameau, plus tard Jacques le Fataliste; les drames, les lettres, et bien d'autres pages, dont celle-ci; des pages où il se libère et se peint : ce qu'il ne
dit pas, son style le dit pour lui.
La lecture de ce texte, après l'amusement du premier contact,
peut donner lieu à une sorte de déchiffrement.
Quel homme
découvre-t-on, dans ces lignes et entre ces lignes ?
I.
IL SOULIGNE LA VIGUEUR DE SA PERSONNALITÉ
Le grand souci de Diderot, en critiquant son portrait physique,
est d'affirmer la vigueur de sa personnalité, et de protester contre
l'image efféminée
qu'a donnée de lui Vanloo.
«Joli comme
une femme»! Voilà ce qu'il ne saurait admettre: cette « mignar
dise », ce « luxe de vêtements », cet air de « vieille coquette » dont il se voit affublé.
Sous cette réaction très explicite se
devinent trois de ses passions les plus constantes : la haine de
l'artifice,
le goût de la libre réflexion, le goût des émotions
tumultueuses..
»
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