Analyse mise en scène Dom Juan Daniel Mesguich
Publié le 20/06/2014
Extrait du document
«
Article à propos de l’adaptation de Dom Juan par Daniel Mesguich
Dom Juan.
Personnage atypique, personnage qui a fasciné, personnage insaisissable.
Au
travers de sa pièce, Molière tente de nous peindre son portrait.
Mais au-delà de cela, via de
nombreux personnages aussi diverses qu’étonnants, Le Dom Juan de Molière a une portée
critique.
Crédulité paysanne, faux dévots, libertinage, médecins ignorants ; la satire, autant
sociale que moral, est soutenue par une trame sombre, à la limite du tragique.
Ainsi, la
richesse de la pièce en fait sa complexité.
Elle a depuis toujours attiré les metteurs en
scène, qui ont vu en elle, un moyen de laisser libre cours à leurs interprétations.
C’est
notamment le cas avec la mise en scène de Daniel Mesguich.
Cette dernière, que nous
avons eu l’occasion de visionner avec le reste de la classe, frappe les esprits de par son
excentricité.
Dès les premières secondes, le spectateur comprend que cette mise en scène est unique.
Sganarelle, commence sa tirade assis au sein du public.
Peut-être une volonté de la part de Mesguich
d’attiser la curiosité des spectateurs ; de rendre sa pièce plus vivante, en y faisant participer le public.
Mais
alors, les paroles de Sganarelle divergent un peu du texte de Molière.
Le tabac n’est pas mentionné, et à
chaque fois qu’il est sur le point de la prononcer, bien qu’étant empêché par des coups de bâtons ; on
comprend qu’il voulait dire « théâtre » à la place.
Cette variation vis-à-vis du texte original n’est pas la
seule présente dans la mise en scène.
En effet, on note par exemple, la suppression de nombreuses répliques
à la scène 4 de l’acte III lors du dialogue entre Dom Alonse et Dom Carlos.
Malheureusement, les
spectateurs ne pourront écouter pas la douce poésie produite par les mains du génie qu’est Molière.
Les costumes quant à eux sont [trop] modernes.
Un Dom Juan vêtu d’un manteau en cuir symbole
de virilité ; un Dom Carlos habillé d’une chemise bleu et d’une veste bleu digne d’un homme d’affaires lors
d’une soirée monégasque : décidemment, Mesguich adore les anachronismes ! Il n’a pas hésité à munir Dom
Juan d’un phonographe (invention postérieur au 17 ème
siècle).
Volonté de moderniser la pièce, elle ne doit
pas être figée dans le passé, il faut que les spectateurs puissent facilement pénétrer dans la trame ! Mesguich
voudrait la pièce intemporelle.
On remarque le brio et le talent de Mesguich, dans ce qu’il a pu user de tous les ressorts comiques
dont disposait la pièce pour la rendre drôle, encore plus drôle que ne l’est le texte de Molière.
On doit cela à
Sganarelle.
Plus qu’un valet, il apparait comme un véritable bouffon, personnage burlesque, farcesque ;
digne de la Comedia Dell’Arte.
Comique de geste tout d’abord.
Sganarelle est un hyperactif.
Dos courbé,
dos droit, le voilà qui tire sur son chapeau, puis un peu plus tard dans la représentation, qui glisse sur le sol
de la pièce ; le voilà qui nous fait un grand écart..
Une souplesse et un dynamisme qui nous rappelle Gad El
Maleh et on ne peut s’empêcher de rire.
Ce comique est accentué d’autant plus par la symétrie créée entre
Sganarelle et Gusmann, les deux ne font qu’un, aussi stupide l’un que l’autre, vêtus de la même façon ; ils
répètent les mêmes gestes en même temps déclenchant de nombreux rires au sein du public.
Parfois, les choix de Mesguich pour rendre la pièce encore plus divertissante sont plus osés.
C’est le
cas notamment lorsqu’il habille Sganarelle en infirmière.
Le coté sulfureux du costume, à connotation
sexuel, ne laisse pas sans rire les spectateurs, le valet y apparaissant complètement ridicule.
Les scènes à
caractères sexuels faisant rire : Mesguich n’hésite pas.
Préparez-vous à voir un Gussman pervers dont les
mains ne peuvent s’empêcher de vouloir toucher les fesses de la statue ; un Sganarelle qui n’hésite pas à
soulever sa robe d’infirmière pour réchauffer ses attributs génitaux au près de la cheminée, une Charlotte qui
prend du plaisir et du temps à dire « Après cela je vous baiserai autant que vous voulez ».
Oui oui rien que
cela.
Le sexe fait rire alors pourquoi s’en priver ?
Autre comique notable, celui des mots.
De nombreuses onomatopées qui ne figuraient pas dans le texte de
base sont présents dans la réprésentation.
Parmi eux le fameux « youuuyouuu » de Sganarelle, ou encore le
« Miaouuuuuuu » de Gussman.
Autant de petites choses qui provoquent l’hilarité..
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