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Analyse Manon Lescaut Scène de Rencontre

Publié le 26/04/2014

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Texte 2 : Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, 1731 Contexte littéraire Romans du XVIIe : précieux et picaresques. Romans de la fin du XVIIe et du XVIIIe : épistolaires et mémoires ; ceux qui se développent : romans libertins, contes moraux puis philosophiques. Développement d'une nouvelle esthétique avec technique du narrateur personnage et du style « moyen » (vs « élevé » et « bas », idéalisant et burlesque). Développement du roman comme genre sérieux et de la notion d'individu. Elargissement de l'univers romanesque. Manon Lescaut, dans l'histoire du roman au XVIIIe fait partie de la génération 1730 dont les grands romanciers sont Prévost, Marivaux et Crébillon fils. Au XVIIIe, la forme de roman prédominante est le roman mémoire et épistolaire. Ces formes privilégient la voix d'un personnage qui donne forme à son expérience. Ces formes jouent sur l'illusion de réalité car elles sot souvent données pour réelles lorsqu'elles sont publiées. C'est une convention romanesque : on sait qu'il s'agit de fiction mais la réalité est imitée. Vise la vraisemblance. Précepte plaire et instruire. L'auteur : Antoine François Prévost (1697-1763) Fait ses études au Collège Jésuite d'Harcourt (Saint Louis). Il passe par des phases où il se consacre à l'étude et à la religion et d'autres où il est connu pour ses aventures amoureuses et ses dettes. Il a appartenu à différents ordres religieux et a voyagé en Angleterre et en Hollande parfois pour échapper à des poursuites. Il a eu une passion pour une certaine Lenki qui lui a fait faire des choses compromettantes, comparables à Des Grieux. Mais c'est arrivé après avoir écrit son roman. Il a publié une histoire générale de voyage et a été l'un des traducteurs de Samuel Richardson. Donc romancier important. Des Grieux : un héros exemplaire Il est exemplaire car caractéristique du coeur humain. Il permet au lecteur d'observer les passions sans les vivre eux-mêmes. C'est un modèle de comportement de la bizarrerie de coeur humain. C'est plus efficace qu'un précepte. Dans la logique de la valorisation du genre romanesque, on donne à l'ouvrage un enjeu moral et philosophique (étude d'un caractère). Situation du texte dans le roman Il y a deux récits enchâssés dans le roman. Il y a un récit cadre et un récit encadré dans lequel se trouve le texte. Il se trouve au début du récit de Des Grieux qui s'adresse à Renoncour. Il déclare lui raconter ses malheurs et peines et ses désordres et ses honteuses faiblesses. Il suppose qu'il est moins à condamner qu'à plaindre. On sait que son récit est orienté par une envie de susciter la compassion. Le narrateur n'est pas objectif. Au début du texte, Des Grieux met en valeur son âge, sa situation, sa condition et son goût de l'étude ainsi que sa nature. Il a « une aversion naturelle pour le vice ». Il a donc un penchant pour la sagesse. Il est destiné à l'ordre de Malte. Ce choix est conforme à son rang et à sa nature. Il s'agit du choix de cadet de famille aristocrate. L'ordre de Malte combine religion et armée. Le choix de l'auteur a pour but de mettre en valeur la noblesse du héros. La voie tracée par sa naissance et sa nature va être barrée par sa rencontre avec Manon. Axes d'étude Une scène de rencontre amo...
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« V.

Axes d’étude A.

Une scène de rencontre amoureuse : reconstitution du charme originel, traitement des motifs idéalistes et l’amour au premier regard et programme héroïque du personnage 1.

Un moment décisif à l’origine de l’aventure romanesque : hasard qui fait surgir l’exceptionnel et dérègle le cours programmé de l’existence. « J’avais marqué le temps de mon départ d’Amiens.

» / « Ce qui l’amenait à Amiens (…) envoyée par ses parents pour être religieuse.

» : les deux jeunes gens (il a 17 ans et elle est « encore moins âgée que » lui) ont une destinée tracée par la famille ; le désœuvrement, « étant à me promener » et « pas d’autre motif que la curiosité » font de l’arrivée du coche d’Arras un déclencheur de l’aventure.

Celle-ci s’accélère brutalement, avec une force irrésistible : l’héroïne se détache du groupe de « quelques femmes » : « Mais il en resta une, fort jeune, qui s’arrêta seule ».

Le coup de foudre est immédiat : le narrateur met l’accent sur sa rapidité : « Elle me parut si charmante que (…) je me trouvais enflammé d’un coup jusqu’au transport.

» (« Déjà », « depuis un moment », « ne me permirent pas de balancer un moment »).

Les deux jeunes gens quittent la voie toute tracée et entrent dans le grand romanesque. 2.

Naissance de l’amour absolu au premier regard Le vocabulaire est celui de l’époque classique : l’amour est un « charme », une « flamme » qui s’empare de l’être et le « transporte » hors de lui-même.

L’ »amour naissant » est « la tendresse infinie qu’elle m’inspirait déjà ».

Le narrateur commente dans les termes du langage précieux et de la tradition idéaliste : « on ne ferait pas une divinité de l’amour, s’il n’opérait souvent des prodiges.

» Ce moment de naissance de la passion est reconstitué avec des termes hyperboliques, son caractère de sortilège, sa dimension d’absolue étant soulignée par la périphrase « la maîtresse de mon cœur », employée avant même le récit de toute forme d’échange entre eux.

C’est une scène remémorée : « je me suis étonné mille fois en y réfléchissant » dont l’enchantement est d’autant plus fort que l’objet d’amour est perdu. 3.

Transformation radicale du personnage VI.

Le narrateur souligne sa métamorphose immédiate et radicale, notamment dans la phrase qui évoque l’effet du premier regard : « Elle me parut si (…) que moi qui n’avais (…), moi, dis-je (…) je me trouvais… ».

« L’amour me rendait déjà si éclairé… » : La « hardiesse » et la « facilité à s’exprimer » remplacent la timidité mais, surtout, font du jeune homme un héros romanesque qui se donne une mission, en vrai chevalier courtois : « je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs », « je combattis la cruelle intention de ses parents », « mon honneur », « j’emploierais ma vie pour la délivrer de la tyrannie de ses parents, et pour la rendre heureuse ».

C’est un programme de roman idéaliste où les amants luttent contre les obstacles auxquels les discours du jeune homme donnent une grandeur, une noblesse digne de l’Astrée.

Cette dimension apparaît aussi, par contagion du romanesque, dans le discours rapporté de Manon évoquant « la volonté du Ciel ».

La reconstitution de la scène de rencontre cherche à retrouver non seulement le charme originel, mais aussi le jeune homme, tel qu’il était à ce moment décisif.

Les hyperboles idéalisantes caractérisent ainsi l’aventure amoureuse vécue par un « moi » qui a disparu, ainsi que son objet d’amour.

C’est une reconstitution d’un moment de grâce que le narrateur entreprend, « étonné », marquant le décalage avec son « moi » actuel.

Mais le discours construit également une représentation de la rencontre, plus ambiguë, qui enregistre des éléments que le destinataire expérimenté lira alors que le jeune homme n’était « éclairé » que par la découverte du sentiment amoureux, mais aveugle sur le reste.. »

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