Analyse linéaire Texte n°3 Le portrait de la mère - Colette
Publié le 19/12/2023
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«
Analyse linéaire Texte n°3 Le portrait de la mère
Introduction
Introduction En 1930, Colette, âgée de 57 ans, publie Sido, récit autobiographique, qui
poursuit le travail de remémoration et d’hommage au monde de l’enfance entrepris en 1922
avec La Maison de Claudine.
Elle cherche à retrouver la petite fille qu’elle était, mais surtout
sa mère Sido.
Celle-ci est la figure centrale de ce récit autobiographique.
La première partie
lui est entièrement consacrée et son influence sur le reste de la famille est perceptible dans la
deuxième et la troisième parties consacrées au Capitaine et à la fratrie « Les sauvages ».
Dans
cet extrait, Colette tente de faire comprendre la singulière personnalité de sa mère à travers
une anecdote.
(Hatier)
Problématique : Comment Colette rend-t-elle hommage à sa mère dans ce texte ?
1er mouvement l.1 à 3 : présentation générale de Sido.
2e mouvement l.3 à 7 : célébration d’une femme exceptionnelle.
3e mouvement l.7 à la fin : une anecdote à la fois comique et lyrique.
1er mouvement ligne 1 à 3 : présentation générale de Sido
Colette évoque sa mère avec une certaine distanciation en la désignant par un déterminant
démonstratif et par son origine :
« cette Française » (l.
1).
Elle nous propose un sommaire de l’existence de sa mère.
En trois lignes elle résume ainsi les
principales étapes de son existence :
« son enfance dans l’Yonne » (l.
1),
« son adolescence » (l.
1) en Belgique,
puis sa vie de femme mariée dans l’Yonne.
Les verbes au passé simple donnent un aspect révolu, mais rappellent aussi les
formulations d’un conte (elle « vécut » l.
1).
Au cœur de cette longue phrase, on a une énumération qui évoque le milieu culturel et
artistique dans lequel a évolué Sido en Belgique :
« Parmi des peintres, des journalistes, des virtuoses de la musique » (l.
2).
Mais cette phrase est encadrée par le complément circonstanciel de lieu :
« dans l’Yonne » (l.
1 et 3), c’est donc bien la Bourgogne qui est mise en valeur.
1
Ainsi Sido a, en toute connaissance de cause, choisit de retourner en Bourgogne.
Elle apparaît
triplement singulière par ce choix : elle renonce à la vie urbaine en Belgique pour la
province, elle renonce à vivre proche de ses frères ainés et enfin elle renonce à un
environnement culturel.
La dernière et brève proposition « s’y maria deux fois » (l.
3) intrigue également le
lecteur.
Deuxième mouvement : l.3 à 7 Célébration d’une femme exceptionnelle
Colette renonce à l’apparente distanciation de la première phrase et fait l’éloge de sa mère
avec deux groupes nominaux mis en valeur dans un chiasme
« sa rurale sensibilité, son goût fin de la province » (l.
4).
Ainsi, aux extrémités, on retrouve la mention de son appartenance à une France rurale et au
milieu l’évocation de sa finesse et de sa sensibilité comme si elles étaient le produit de ce lieu.
Toutefois, Colette s’interroge elle-même sur l’origine de ces qualités à l’aide de deux
interrogations partielles :
« d’où, de qui lui furent remis […] ? » (l.
3- 4).
Ces interrogations cultivent le mystère autour de cette singulière personnalité, d’autant plus
que Colette n’a pas d’explication, comme elle l’exprime dans une phrase négative très brève
:
« Je ne saurais le dire » (l.
4).
Elle évoque avec modestie le cœur de son projet
littéraire : il s’agit de célébrer sa mère :
(« Je la chante, de mon mieux » l.
5, « Je célèbre » l.
5).
Les deux verbes au présent d’énonciation, définissent l’art de Colette : rendre hommage en
utilisant toutes les ressources musicales du langage.
Cet hommage est perceptible dans une métaphore filée qui oppose
« la clarté originelle » (l.
5) de la mère aux :
« petites lumières péniblement allumées au contact de ce qu’elle nommait le
"commun des mortels" » (l.
6-7).
On découvre le caractère sans doute un peu hautain de Sido qui se considère unique et au
dessus des autres, mais Colette adhère totalement à ce point de vue, puisqu’elle caractérise
les lumières des autres par un adjectif péjoratif :
(« petites » l.
6)
et par l’adverbe tout aussi négatif :
« péniblement » (l.
6).
Colette veut signifier que sa mère est un être libre qui ne se laisse pas dicter sa conduite par
les convenances et la médiocrité.
La liberté et la sagesse de sa mère sont ainsi caractérisées dans une métaphore :
2
(« clarté originelle » l.
5), qui souligne qu’elle est restée proche des origines.
L’aura et le pouvoir de cette mère sont signalés par les deux verbes
(« elle refoulait, éteignit souvent les petites lumières » l.
6).
Encore une fois, il s’agit de dire métaphoriquement qu’elle ne se laisse pas enfermer dans les
normes et les convenances.
Troisième mouvement : l.7 à la fin : une anecdote à la fois comique et lyrique.
Colette, dans une démarche déductive, raconte une anecdote qui vise à illustrer le caractère
de sa mère.
L’anecdote cocasse permet de comprendre comment Sido se démarque du «
commun des mortels ».
En l’occurrence, il s’agit d’un voisin caractérisé de manière comique :
dans une métonymie qui le réduit à sa localisation « l’Ouest » (l.
8) et à ses salves «
d’éternuements » (l.
8).
Ce personnage déjà comique en soi s’efforce de protéger son verger contre les merles à l‘aide
d’épouvantails, qui prennent l’allure :
de « vieux chemineaux » (l.
9) et en coiffant ses groseilliers....
»
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