analyse linéaire montesquieu de l'esclavage des nègres
Publié le 17/04/2025
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ETUDE LINEAIRE N° 9 DE L'ESCLAVAGE DES NÈGRES MONTESQUIEU
De l’esclavage des Nègres (Livre XV, chapitre 5)
Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :
Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de
l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres.
Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête ; et ils ont le nez si écrasé, qu'il est
presque impossible de les plaindre.
On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une
âme bonne, dans un corps tout noir.
Il est si naturel de penser que c'est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité, que les peuples
d'Asie, qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu'ils ont avec nous d'une
manière plus marquée.
On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui chez les Égyptiens, les meilleurs
philosophes du monde, était d'une si grande conséquence, qu'ils faisaient mourir tous les hommes
roux qui leur tombaient entre les mains.
Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de
verre que de l'or, qui chez des nations policées, est d'une si grande conséquence.
Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, parce que, si nous les
supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes
chrétiens.
Des petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains : car, si elle était telle qu'ils le
disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d'Europe, qui font entre eux tant de
conventions inutiles, d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié.
Montesquieu
INTRODUCTION
Montesquieu est considéré comme le fondateur de la science politique et le précurseur de la
sociologie.
De l'Esprit des Lois, publié en 1748, est selon l'auteur le fruit d'un « travail de
vingt années ».
Dans cet ouvrage Montesquieu se propose d'examiner les différentes sociétés
humaines et est composé de 35 livres.
Il servira d’exemple et de source d’inspiration à la
constitution des Etats-Unis mais aussi à celle de la France après la Révolution française.
Le passage que nous étudions fait partie du livre XV intitulé « Comment les lois de
l'esclavage civil ont du rapport avec la nature du climat.
» Montesquieu cherche à comprendre
comment les facteurs physiques - le climat en particulier - influent sur nos moeurs.
A
l'intérieur du thème de l'esclavage, ce chapitre concerne l'analyse d'un cas particulier.
Il est constitué de neuf paragraphes autonomes qui se présentent comme un catalogue d'arguments. Problématique : En quoi le texte de Montesquieu lutte contre l’esclavagisme de manière originale ? MOUVEMENTS : 1er mouvement : la justification de l’esclavage 2ème mouvement : la remise en cause des valeurs humanistes 1ER MOUVEMENT : LA JUSTIFICATION DE L’ESCLAVAGE L’ironie est présente dès la prise de parole de l’auteur qui présente une thèse explicite : verbe « à soutenir ». - Mais la proposition subordonnée circonstancielle de condition marque justement l’hypothèse = thèse réfutée qui va consister à ce que Montesquieu se mette à la place des esclavagistes - Avec cette position, il va ainsi donner des arguments en faveur de l’esclavage en toute sincérité = La provocation flagrante - Renforcée par des arguments placés sous « du droit ». - Par l’ironie, il va démontrer que les esclavagistes avaient toutes les mauvaises raisons (voire pas de raison) de traiter des êtres en esclaves - l’emploi du participe passé « ayant exterminé » implique une logique implacable : il parait tout à fait logique qu’ayant fait disparaitre toute une population de la surface de la terre, les Européens fassent appel aux Africains pour effectuer la sale besogne - ce que confirme la proposition infinitive « pour s’en servir à… ». - L’adverbe « tant » dans « tant de terre » soutient d’autant l’argument comme s’il y avait nécessité à cet esclavage. = manière implicite, les Européens ne pouvaient pas faire autrement. Le sucre serait trop cher, *(question de grammaire possible) si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. - mise en avant de l’argument économique - Qui est ce « on » ? = les esclavagistes - Une fois de plus logique de l’argument par l’emploi d’une proposition subordonnée circonstancielle de condition qui abouti à une évidence « le sucre serait trop cher » =La rentabilité de l'industrie sucrière semble alors justifier tous les sacrifices - Les lecteurs ne peuvent qu’adhérer au raisonnement = manière implicite, les Européens ne pouvaient pas faire autrement. Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre. - Le raisonnement aboutit à une absurdité, manque de logique flagrant. - Mise en avant de l’argument raciste dont le caractère illogique saute aux yeux : - la supposée laideur physique qui serait la couleur noire serait la marque d'une tare morale. - La noirceur de la peau serait par ailleurs métonymiquement un indice de la noirceur de l'âme. - De même que le superlatif « si écrasé » pour le nez est tout aussi absurde. - La différence amène à la laideur, la laideur au rejet, - Confirmer par le manque d’humanité avec le verbe « plaindre » alors que le physique n’est.... »
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