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Analyse linéaire Marivaux - La scène 13 de l'acte 2

Publié le 26/05/2024

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« Marivaux, l'un des plus grands dramaturges français du XVIIIe siècle, est connu pour ses comédies qui allient la Commedia dell’arte burlesque à un théâtre galant et psychologique. Ses œuvres se distinguent par des jeux d'interversions et de déguisements virtuoses, tout en interrogeant les pouvoirs du langage, l'opposition de l'être et du paraître, et les inégalités sociales, divertissant ainsi un public bourgeois. "Les Fausses Confidences", comédie en prose en trois actes, raconte l'histoire de Dorante, un jeune bourgeois ruiné, engagé comme intendant par la riche Araminte, qu'il aime en secret.

Le valet Dubois orchestre leur union amoureuse par une série de fausses confidences. La scène 13 de l'acte 2 est cruciale dans le développement de l'intrigue.

Dorante, toujours guidé par Dubois, avance dans son plan pour gagner le cœur d'Araminte.

Dans cette scène, les sentiments de Dorante deviennent de plus en plus évidents, et les machinations de Dubois commencent à porter leurs fruits.

Araminte commence à douter de ses propres sentiments et de la sincérité de Dorante, ce qui crée une tension dramatique palpable. Cette scène met en lumière les thèmes de la manipulation et de la vérité cachée.

Elle montre comment les stratagèmes de Dubois influencent les émotions et les actions des personnages, tout en soulignant les ambiguïtés de l'amour et des apparences.

En étudiant cette scène, on apprécie la finesse de Marivaux dans l’art de la comédie et son exploration des complexités des relations humaines. Ainsi, nous allons nous demander en quoi Araminte excelle-t-elle dans l’art de la fausse confidence. Pour cela, nous verrons dans une première partie la fausse confidence d’Araminte de la ligne 1 à 18 puis dans un second mouvement nous analyserons l’écriture de la lettre de la ligne 19 à 36. Partie 1 Dorante, Araminte, Dubois DUBOIS, sortant, et en passant auprès de Dorante, et rapidement.

− Il m’est impossible de l’instruire ; mais qu’il se découvre ou non, les choses ne peuvent aller que bien. DORANTE.

− Je viens, Madame, vous demander votre protection.

Je suis dans le chagrin et dans l’inquiétude : j’ai tout quitté pour avoir l’honneur d’être à vous, je vous suis plus attaché que je ne puis le dire ; on ne saurait vous servir avec plus de fidélité ni de désintéressement ; et cependant je ne suis pas sûr de rester.

Tout le monde ici m’en veut, me persécute et conspire pour me faire sortir.

J’en suis consterné ; je tremble que vous ne cédiez à leur inimitié pour moi, et j’en serais dans la dernière affliction. ARAMINTE, d’un ton doux.

− Tranquillisez-vous ; vous ne dépendez point de ceux qui vous en veulent ; ils ne vous ont encore fait aucun tort dans mon esprit, et tous leurs petits complots n’aboutiront à rien ; je suis la maîtresse. DORANTE, d’un air bien inquiet.

− Je n’ai que votre appui, Madame. ARAMINTE.

− Il ne vous manquera pas ; mais je vous conseille une chose : ne leur paraissez pas si alarmé, vous leur feriez douter de votre capacité, et il leur semblerait que vous m’auriez beaucoup d’obligation de ce que je vous garde. DORANTE.

− Ils ne se tromperaient pas, Madame ; c’est une bonté qui me pénètre de reconnaissance. ARAMINTE.

− À la bonne heure ; mais il n’est pas nécessaire qu’ils le croient.

Je vous sais bon gré de votre attachement et de votre fidélité ; mais dissimulez-en une partie, c’est peutêtre ce qui les indispose contre vous.

Vous leur avez refusé de m’en faire accroire sur le chapitre du procès ; conformez-vous à ce qu’ils exigent ; regagnez-les par là, je vous le permets : l’événement leur persuadera que vous les avez bien servis ; car toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le Comte. DORANTE, d’un ton ému.

− Déterminée, Madame ! ARAMINTE.

− Oui, tout à fait résolue.

Le Comte croira que vous y avez contribué ; je le lui dirai même, et je vous garantis que vous resterez ici ; je vous le promets.

(À part.) Il change de couleur. DORANTE.

− Quelle différence pour moi, Madame ! ARAMINTE, d’un air délibéré.

− Il n’y en aura aucune, ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter ; il y a tout ce qu’il faut sur cette table. DORANTE.

− Et pour qui, Madame ? ARAMINTE.

− Pour le Comte, qui est sorti d’ici extrêmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom.

(Dorante reste rêveur, et par distraction ne va point à la table.) Eh ! vous n’allez pas à la table ? À quoi rêvez-vous ? DORANTE, toujours distrait.

− Oui, Madame. ARAMINTE, à part, pendant qu’il se place.

− Il ne sait ce qu’il fait ; voyons si cela continuera. DORANTE, à part, cherchant du papier.

− Ah ! Dubois m’a trompé ! ARAMINTE, poursuivant.

− Êtes-vous prêt à écrire ? DORANTE.

− Madame, je ne trouve point de papier. ARAMINTE, allant elle−même.

− Vous n’en trouvez point ! En voilà devant vous. I/ La fausse confidence d’Araminte (l 1 à 18) -Araminte était dans l’acte I scène 14 à la merci de Dubois et de sa fausse confidence. Toutefois, elle initie une inversion des rôles, dans ce passage, procédé privilégié dans le théâtre de Marivaux, puisqu’elle devient celle qui manipule et qui manie l’art du mentir-vrai : mentir car elle fait croire qu’elle va épouser le comte, vrai car elle fait naître le mensonge espérant que la vérité voit le jour. -En effet, le champ lexical de la détermination caractérise ses deux premières répliques et indiquent que sa décision est irrévocable : « déterminée » (l 1), « résolue » (l 2), « garantis », « promets » (l 3-4) Dorante, face à l’attitude affirmée d’Araminte, ne sait que dire comme l’indique la phrase nominale : « Déterminée, Madame ! » (l 2) Néanmoins, cette détermination n’est qu’une façade et l’aparté : « Il change de couleur » (l 4) montre qu’Araminte espère que le stratagème mis en place permettra à Dorante d’avouer ses sentiments. -Pour cela, elle multiplie les verbes à l’impératif : « ne vous embarrassez pas », « écrivez » (l 6) Nous pouvons noter que ses répliques sont assez longues alors que celles de Dorante sont courtes et souvent composées d’interrogations en témoigne la ligne 7 : « Eh ! pour qui, Madame ? » Araminte tisse sa manigance : « Pour le Comte qui est sorti d’ici extrêmement inquiet et que je vais surprendre bien agréablement » (l 7-8) -Cependant, nous pouvons remarquer grâce à la didascalie que Dorante ne semble pas comprendre l’annonce d’Araminte : « Dorante reste rêveur, et par distraction ne va point à la table » (l 11-12) A la question partielle qu’elle lui adresse, question qui l’invite à révéler ses sentiments : « A quoi rêvez-vous ? », Dorante répond comme s’il s’agissait d’une question totale : « Oui, Madame.

» (l 12) Il.... »

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