Analyse linéaire Le Pou de comte de Lautréamont.
Publié le 11/04/2023
Extrait du document
«
Le texte dont je vais réaliser l’analyse est extrait de l’œuvre Les chants
de Maldoror, ouvrage poétique écrit entre 1868 et 1869 par l’auteur
français Isidore Lucien Ducasse sous le pseudonyme du comte de
Lautréamont.
Ce dernier, fils d’un chancelier du consulat de France à
Montevideo, naît et passe son enfance en Uruguay.
Il sera forcé de grandir
sans sa mère malheureusement décédée dans de mystérieuses
circonstances alors qu’il n’avait qu’un an.
De caractère plutôt renfermé,
Ducasse se montre brillant élève, surtout en mathématiques et en
sciences mais c’est la littérature qui le passionne.
L’auteur du XIXème
siècle, décédé à l’âge de 24 ans sans avoir connu le succès de son vivant,
est à l’origine de deux fascicules, Poésies I et Poésies II mais aussi et
surtout des Chants de Maldoror comme dit précédemment.
Le Pou, dont
est extrait le texte analysé, est le deuxième des 6 chants constituant le
recueil qui suit le personnage mystérieux et pervers de Maldoror,
présentant peut-être certains traits de personnalité du poète, tout en
faisant réfléchir sur la place de l’Homme dans la société.
Le poème écrit
en prose est une œuvre surréaliste dont son auteur est reconnu comme
étant le précurseur.
A travers ce texte, Lautréamont fait la description du
petit animal tout en enchainant louanges envers le pou et menaces à
l’égard du lecteur mais surtout à destination de l’humanité en général
pour laquelle le personnage de Maldoror ou même tout simplement
l’écrivain éprouvent de la haine.
LECTURE
En quoi à travers ce texte élogieux d’un animal aussi petit mais dangereux
que le pou Lautréamont dévoile-t-il ses sentiments contre la société et
nous invite-t-il à porter un autre regard sur le monde qui nous entoure ?
Dans un premier temps, nous observerons la description du pou faite par
l’auteur omniscient et le savoir qu’il apporte sur ce sujet-là.
(lignes 1 à 9).
Ensuite, nous observerons son fort pouvoir malgré sa petite taille (de la
ligne 10 à 13).
Nous finirons par voir le pou devenu diabolique ainsi que le
message final de l’auteur.
(dernier paragraphe ligne 14 à 19)
--------------------------Je vais maintenant procéder à l’analyse de ce poème.
Tout d’abord, celuici est écrit en prose.
L’auteur a ainsi voulu abandonner toutes règles
classiques en adoptant la prose poétique qui ne possède elle pas de rimes
ni de vers.
Le poète a alors la liberté de choisir la forme et la structure
que le poème va prendre.
Ensuite, le texte débute par le pronom personnel de la 2ème personne du
pluriel « vous ».
Dès le premier mot, on peut comprendre que le poète
s’adresse à quelqu’un de précis qui n’est autre que le lecteur.
Il le cible
directement de manière explicite, on se sent alors visé à la lecture d’un
seul mot.
Par ce « vous », Lautréamont vise l’Homme avec un grand H, ce
poème est donc à destination de tous.
Il complète ce pronom par un verbe
à la tournure négative « vous ne savez pas ».
Le poète cherche alors là à
nous dire qu’il va nous apprendre quelque chose que seul lui sait.
Il se
sent donc différent de tous presque même supérieur en voulant apporter
son savoir à des ignorants.
L’ajout du « vous autres » mis en avant grâce à l’incise renforce cette
adresse pleine de mépris envers les hommes.
On ressent bien à travers
cela son sentiment de supériorité et de distance à l’égard de ceux dont il
est dissemblable.
Vient alors une proposition subordonnée interrogative indirecte introduite
par le mot interrogatif « pourquoi ».
Celle-ci sert de complément d’objet
direct au verbe « savez » de la proposition principale.
On va ici savoir ce
que l’on est sensé ne pas savoir.
L’auteur utilise un vocabulaire plutôt
hyperbolique du comportement d’un pou.
En effet, celui-ci ne se
contenterait pas de manger mais de « dévorer ».
Une image du pou
dangereuse et violente est donnée.
L’énumération des parties du corps
auxquelles pourrait s’attaquer le pou est alors faite.
Il se « contentent
seulement d’extraire avec leur pompe la quintessence de votre sang ».
Le
pou est alors comparé à un vampire buveur de sang.
Le complément
circonstanciel de moyen en incise « avec leur pompe » rend le pou plus
imposant avec carrément une trompe.
Il est semblable à un éléphant,
représentation même de la grosseur et de la puissance.
Ces 2 premières
lignes présentent une allitération en [v] et en [s].
Celle-ci donne une
sensation de sifflement, une impression d’un probable danger.
Le pou
apparait alors avec cette première phrase un animal destructeur et
agressif.
Le poète poursuit alors avec un verbe à l’impératif, il donne alors
un ordre au lecteur, celui d’attendre.
Le rapport de force se fait alors
ressentir, il est maître de son œuvre mais se sent aussi maître du lecteur.
Il affirme alors nous donner la raison de la proposition précédente.
Il écrit
au futur proche même imminent.
La proposition est juxtaposée.
A
l’intérieure de celle-ci on trouve une proposition subordonnée conjonctive
introduite par la préposition conjonctive « parce que ».
Celle-ci est
complément circonstanciel de cause.
Le pou passe alors pour ce qu’il est
réellement : un petit animal inoffensif et impuissant.
L’auteur enchaîne une nouvelle fois avec un verbe à l’impératif d’une
valeur prédictive.
Le « soyez certains » renforce sa supériorité, il pense
tout savoir contrairement à l’homme et veut nous faire ouvrir les yeux sur
la réalité.
Il poursuit ensuite au conditionnel, preuve que le pou n’est en
réalité pas aussi puissant que le voudrait le comte.
L’écrivain y fait ici une
personnification.
Effectivement, le minuscule animal est capable de raison
et de vœux, il s’éloigne alors d’un simple insecte pour se rapprocher de
l’homme et même le surpasser.
Le pou possède une mâchoire et non pas
juste une gueule puisqu’il est un animal féroce capable de « dévorer »
toute personne telle qu’elle soit.
Une nouvelle énumération des organes
du corps humain est effectuée.
Celle-ci est une gradation croissante
puisqu’après avoir accumulé les organes les plus fragiles, tout le corps est
la victime du pou qui lui est fort.
Tout en sachant que cela est
parfaitement impossible, le discours de Maldoror parait alors
complètement absurde.
Tout comme le choix du pou, animal minuscule
inoffensif transformé en un vrai monstre cruel.
Ce paradoxe ainsi que ce
registre absurde rappellent le surréalisme sur lequel l’œuvre a une grande
influence.
L’intensification du pouvoir que peut avoir le pou sur l’homme
se termine face à la comparaison du parasite à une goutte d’eau.
L’absence de verbe de cette phrase non verbale fait relief à l’absence de
taille et d’impact que peuvent avoir une goutte d’eau ou un pou.
Cela
tourne donc tout autant au ridicule les actes du pou que les paroles de
Maldoror.
Aux lignes 5 et 6, l’impératif est remployé, Maldoror continue de donner
des indications presque même des ordres sur ce que le lecteur doit faire.
Nous devons lui « en donner des nouvelles », par là il souhaite donc nous
prouver ses dires et que nous lui disions qu’il a vu juste.
De plus, le pou
parait être un animal polymorphe.
En effet, alors que précédemment
l’auteur a su montrer sa petitesse son impuissance puis sa grandeur, il
évoque ici sa petitesse puisque pour l’observer il faudrait un microscope
comme l’a mis en avant Ducasse avec l’incise devenue complément
circonstanciel de moyen.
Le pou est aussi personnifié puisqu’il travaille.
L’auteur le met une nouvelle fois à la hauteur ou même au-dessus de
l’homme ; Non seulement il s’en prend aux hommes mais en plus il n‘a
aucune pitié pour s’attaquer aux plus démunis tels qu’un « jeune
mendiant des rues ».
Le champ lexical du corps humain est une nouvelle fois évoqué avec la
« tête » de la victime mais aussi celui de la vision et l’analyse avec le
verbe « observez » ou encore le nom commun « microscope ».
Maldoror
insiste ensuite sur la petite taille des poux puisqu’ils sont
« malheureusement petits ».
Étonnamment au vu de ce qu’il a juste
auparavant déclaré sur leur cruauté et leur volonté de mal, il semble déçu
qu’ils ne soient pas plus imposants et qu’ils puissent ainsi devenir plus
dangereux pour l’homme.
L’adverbe « malheureusement » dévoile donc
les mauvaises intentions du misanthrope.
Celui-ci utilise une paraphrase
pour désigner le pou.
La métaphore/périphrase permet d’attirer l’attention
sur la « longue chevelure » de ces « brigands », expression extravagante
qui est légèrement hyperbolique.
« Ils ne seraient pas bons pour être conscrits car ils n’ont pas la taille
nécessaire exigée par la loi.
».
L’auteur personnifie une nouvelle fois le
pou jusqu’à même le comparer à un soldat puisqu’il pourrait être conscrit.
Ce qui ne serait pas une bonne chose à cause d’un inconvénient : sa taille.
On en revient encore à son côté dangereux rattrapé par sa faiblesse.
Dans
les lignes suivantes, de la 8ème à la 10ème ligne, l’auteur....
»
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