Analyse linéaire Le Philosophe de Scythe, La Fontaine
Publié le 17/12/2023
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KHÔLLE N°2 LETTRES : LE PHILOSOPHE DE SCYTHE (LA
FONTAINE)
INTRODUCTION :
Selon Pierre de Ronsard dans les Continuation des Amours "Si faut-il bien aimer
au monde quelque chose : Celui qui n'aime point, celui-là se propose une vie de
Scythe".
Inspiré d'une fable latine, "Le philosophe de Scythe" est la fable 20 du livre 12 de
Jean de La Fontaine, écrit en 1694.
Il dédie son recueil au Duc de Bourgogne, qui
pourrait régner un jour, et donc entend lui donner la voix de la sagesse..
Dans celle-ci,
l'auteur y réunit de manière inattendue, dans l'espace offert par la nature, deux
personnages à la fois semblables et différents, le narrateur va donc les comparer et
les observer.
Relevant du classicisme (mouvement littéraire qui défend l'ordre de
l'art), cet apologue possède 2 conceptions du bonheur et délivre une morale qui
permet au lecteur de faire ainsi que de justifier son choix, guidé par le fabuliste.
L'auteur prend lui même la parole, il expose ainsi ce qui lui semble donner un sens à
la vie.
Les fables de La Fontaine, ayant pour objectifs la sagesse qui caractérise l'idéal
de l'honnête homme au XVIIe siècle, celle-ci révèle en réalité un débat entre le
stoïcisme (Scythe) et l'épicurisme (Grec), courants majeurs de l'Antiquité et rend ainsi
hommage à cette période où il puise une grande partie de son inspiration.
Ainsi, nous nous demanderons comment La Fontaine, à travers une fable
persuasive et plaisante procède à une réflexion abstraite sur le bonheur tout en
prenant part à un débat philosophique à travers de multiples références.
Nous procèderons à cette étude linéaire en la divisant en trois grandes parties car
elles marquent les 3 grands mouvements de la fable.
I - Première partie du vers 1 au Vers 7 :
→ STRUCTURE DU TEXTE :
La plupart des fables de LF suivent un certain modèle : dans ce cas là, nous avons une
fable qui met en scène une rencontre entre 2 personnages opposé en un court récit
très animé, se terminant par une moralité.
La fontaine vise le récit plaisant à travers cette fable, notamment par l'alternance
entre le récit et le discours, la variété des temps verbaux et des mètres.
La fable entière est construite sur une opposition que ce soit dans la narration / le
dialogue et même les personnages.
Personnage présentés tôt dans le texte : identification du personnage, notamment
marqué la plupart du temps par des alexandrins, permettant le développement de la
pensée, et quelques octosyllabes, distinguant les moments forts de la fable.
La fable se développe en 3 mouvements, suivis d'une brève conclusion.
- Dans le 1er mouvement (V1 à 7), nous avons en guise d'introduction 2 portraits en
antithèse.
- Le 2nd mouvement (V8 à 20) est un dialogue entre les 2 personnages destiné à
éclairer les faits : le Scythe a vu quelque chose, il s'informe et fait, du moins il le croit,
une découverte.
- Le 3e mouvement (V21 à 36 fin) est un récit d'une action où le Scythe reproduit les
actions du sage, mais qui est en antithèse car il lui manque l'essentiel.
La conclusion
est formulée dans un demi alexandrin.
V1 : présentation du premier personnage "Un Philosophe austère"(sévère à l'égard de
soi même ou des autres) + né dans la Scythie.
= origines géographiques : Scythe, philosophe avec des référérences nombreuses à
son pays.
→ rien n'est dit sur ce pays forcément mal connu du lecteur, symbole d'un pays si
éloigné qu'il devient même abstrait.
Mais après quelques recherches, la Scythie est un
pays rude aux bords de la Mer Noire dont les habitants sont considérés comme des
rustres.
Pour les contemporains de LF, la Scythie est synonyme de nation barbare et
inculte.
Le fait que le premier personnage "un philosophe" est associé à la Scythie : montre
qu'il vient d'un pays rude, sauvage et donc austère.
= pays en accord avec le personnage.
V2 : "suivre une plus douce vie : refuse de subir sa vie = véritable objectif du
philosophe.
On devine une certaine aspiration au bonheur et au plaisir comme si ce personnage
cherchait à être plus heureux.
V3 : "chez les grecs" : destination du philosophe + représente le monde civilisé avec
les arts, lettres, philosophie, c'est un modèle de sagesse.
La civilisation grecque est
réputée dans l'Antiquité pour être dominante et son rayonnement dépasse les
frontières européennes.
→ opposition traditionnelle des lieux entre le pays barbare du philosophe et le pays
civilisé des grecs.
V4 : narration entrecoupée par le portrait du sage grec.
Ce vers est mis en valeur par l'enjambement V3/4 car il y a un rejet au V4.
un sage = qui est donc associé à la Grèce = montre qu'il vient quant à lui d'une cité
de Lumière.
"Assez semblable au vieillard de Virgile (poète latin de 70 à 19 avant JC) : fait allusion
au chapitre IV de "Les Géorgiques de Virgile, qui décrit le travail fructueux d'un
vieillard malgré sa terre peu fertile.
Contrairement au philosophe, le Grec vit dans un milieu propice à la vie, où la nature
est féconde.
V5 : il est marqué par un balancement régulier + anaphore du mot "homme" au
début de chaque hémistiche
+ 2x comparaison d'égalité avec les rois et les dieux = mettent clairement en relief
une situation enviable de bonheur, de plénitude ainsi que de perfection.
- LF oppose les rois et les dieux : alors que les rois jouissent d'un bonheur
incontestable, sa béatitude (CAD ) est simplement proche de celle des dieux, car il ne
faut tout de même pas exagérer si l'on veut rester dans la vraisemblance.
→ par ce vers, LF représente une sorte de modèle de sagesse antique par ce portrait
idéalisé.
→ le fabuliste désigne ici l'idéal de l'honnête homme à son époque : un sage
intelligent et cultivé, modéré en tout choses mais apte à goûter aux plaisirs de la vie.
V6 : comparaison du V5 est confirmée / prolongée : satisfait et tranquille = 2 de ses
qualités.
Ces deux vers représente non seulement le vieillard mais aussi Virgile, car dans
l'esprit de LF, ils ne sont qu'un.
V7 : finalement, le bonheur du grec est simple.
Le sage vit dans un contexte d'Eden,
heureux, serein et comme le V6 le montre "satisfait et tranquille".
→ ce sage est heureux dans la mesure où il se contente de plaisir simples et apprécie
les beautés de son jardin.
→ bonheur a une valeur assez proche de l'abstraction, mais le possessif "son" qui
l'actualise et le détermine à la fois introduit un début de concrétisation.
→ le verbe "consistait" s'applique aussi bien aux idées qu'aux réalités matérielles.
→ beautés est un pluriel d'abstrait et désigne les manifestations concrètes de la
qualité abstraite qu'est la beauté.
→ octosyllabe qui marque un temps fort
La première partie de cette fable met en avant la présentation des deux personnages
de la fable.
La Fontaine fait se rencontrer 2 personnages de nature opposée.
Les deux
protagonistes se rattachent à des références culturelles et philosophiques claires.
II - Seconde partie du V8 au V20 :
V8 : nous permet de penser que le personnage n'est pas immobile mais en
mouvement.
V9 : "retranchait l'inutile" est une constatation objective faite pour nous de la part de
l'auteur.
V10 : énumération des verbes d'actions qui confirment le mouvement : succession
qui suggère une diversité plaisante.
→ choix soulignés par "ceci, cela", des hésitations, une activité réfléchie et tranquille.
Mais cela signifie aussi voit des actes qu'il n'est pas capable de différencier ni
d'expliquer.
→ les deux verbes "ébranchait / émondait" ont une connotation positive.
→ ces termes semblent bien évoquer que le Scythe ne comprend pas grand chose aux
gestes qu'il voit.
V11 : le verbe corriger lui aussi a le sens de rendre meilleur.
Nous repassons donc à
un PDV objectif.
V12 : " excessive à payer ses soins avec usure" = montre que la Nature est très
reconnaissante des soins que le jardinier lui prodigue : elle rend beaucoup plus que ce
qu'on lui donne.
→ Tout ce que fait ce bon jardinier se trouvé....
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