Devoir de Philosophie

Analyse linéaire Le Misanthrope, acte 1 scène 1

Publié le 13/01/2025

Extrait du document

« Le misanthrope, Acte 1 scène 1 Molière, Le Misanthrope (1666) : Acte I, scène I 5 10 15 20 25 30 Alceste. Je veux qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur, On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur. Philinte. Lorsqu’un homme vous vient embrasser avec joie, Il faut bien le payer de la même monnoie, Répondre, comme on peut, à ses empressements, Et rendre offre pour offre, et serments pour serments. Alceste. Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode Qu’affectent la plupart de vos gens à la mode ; Et je ne hais rien tant que les contorsions De tous ces grands faiseurs de protestations, Ces affables donneurs d’embrassades frivoles, Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles, Qui de civilités avec tous font combat, Et traitent du même air l’honnête homme et le fat. Quel avantage a-t-on qu’un homme vous caresse, Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse, Et vous fasse de vous un éloge éclatant, Lorsque au premier faquin il court en faire autant ? Non, non, il n’est point d’âme un peu bien située Qui veuille d’une estime ainsi prostituée ; Et la plus glorieuse a des régals peu chers, Dès qu’on voit qu’on nous mêle avec tout l’univers : Sur quelque préférence une estime se fonde, Et c’est n’estimer rien qu’estimer tout le monde. Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps, Morbleu ! Vous n’êtes pas pour être de mes gens ; Je refuse d’un cœur la vaste complaisance Qui ne fait de mérite aucune différence ; Je veux qu’on me distingue ; et pour le trancher net, L’ami du genre humain n’est point du tout mon fait. Philinte. Mais, quand on est du monde, il faut bien que l’on rende Quelques dehors civils que l’usage demande. Alceste. Non, vous dis-je, on devrait châtier, sans pitié, Ce commerce honteux de semblants d’amitié. 35 Je veux que l’on soit homme, et qu’en toute rencontre Le fond de notre cœur dans nos discours se montre, Que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments Ne se masquent jamais sous de vains compliments. Introduction Molière, dramaturge du XVIIème siècle, aime épingler un vice de la société de son époque dans ses pièces.

C'est ici le cas avec Le Misanthrope, du grec « mis », qui n'aime pas, et de « anthropos », l'homme, aussi appelé l'Atrabilaire amoureux, qui fait référence à la théorie des humeurs d'Hippocrate du Ier siècle avant J-C, fondée sur l'idée que la santé d’une personne résulte de l'équilibre de 4 humeurs.

Le titre annonce dès à présent un conflit intérieur entre la haine et l'amour chez Alceste.

Notre extrait est tiré de la scène d'exposition de l'œuvre, dans laquelle Alceste et son ami Philinte se confrontent, afin de mieux faire connaître les raisons de sa misanthropie.

Ce début « in medias res » a donc une valeur informative pour le lecteur. Nous pouvons donc répondre à la problématique suivante: dans quelle mesure le conflit qui ouvre la pièce dévoile-t-il une opposition des valeurs propice au comique et à la satire sociale? Dans un premier temps nous verrons un dialogue sous le signe de valeur opposé.

puis nous analyserons l'indignation d'Alceste donne lieu à la satire sociale et enfin nous étudierons les sons effleurer la portée comique de son besoin d'attention. 1.

V.

1 à 6 Un dialogue sous le signe de valeurs opposées L'extrait s'ouvre sur l'affirmation claire et nette d'une volonté radicale “je veux”, son souhait est affirmé de façon violente et franche et apporte du dynamisme.

On remarque d'emblée une confrontation entre les valeurs de l'honneur avec celle de l’harmonie sociale.

On retrouve le champ lexical de l'honneur dans la réplique d'Alceste avec “sincère” “honnête homme” qui s'oppose au champ lexical du commerce dans la réplique de Philinte avec “payer” “rendre” et “répondre”. La toute-puissance du vouloir d'Alceste s'exprime par une insertion tranchante et explicite de la proposition mise en valeur par sa place au début du vers.

De plus l'adjectif sincère est également mis en relief par sa place juste avant la césure au vers 1.

Le verre 2 est redondant car il redéfinit le terme de sincérité et montre que pour Alceste les paroles doivent révéler la vérité des sentiments. Des vers 3 à 6 le discours de Philinte est marqué par le souci de l'échange son discours illustre un souci d'harmonie sociale.

Pour Philinte les manifestations d'amitié doivent s'accorder à celle de l'interlocuteur.

La tournure impersonnelle “il faut” traduit sa soumission au code sociaux, et “comme on peut” est une proposition humble qui traduit que Philinte se situe sur un plan universel.

Au vers 6, on distingue un parallélisme de construction, “rendre offre pour offre, et serment pour serment” avec une parfaite organisation en deux hémistiches qui matérialise l’idée d'échange et le souci de l'équilibre. Le terme “lâcher” familier souligne que pour Alceste la parole représente un effort car il est soumis aux règles de bienséance.

On retrouve également dans ces deux premiers vers une allitération en K qui apporte du tranchant dans le discours d'Alceste alors que la littérature en m dans celui de Philinte apporte de la douceur.

On voit déjà le décalage entre les deux caractères.

D'emblée le lexique employé par les deux personnages et le décalage entre leur ton respectifs dévoile un contraste entre les deux caractères. 2.

V.7 à 24: l’indignation d’Alceste donne lieu à la satire sociale Dans ce second mouvement, Alceste prête à rire.

Le personnage répond à Philinte en commençant sa réplique par l’adverbe non ce qui est assez original dans un dialogue car il annule la possibilité de discussion.

On retrouve également une accumulation de tournure négatives “ne puis” “je ne hais rien tant que”.

Cette posture de refus indique une difficulté du personnage à entrer dans l'échange. De plus Alceste qualifie de manière très péjorative les comportements qu'il découvre.

On remarque l'invasion d'un vocabulaire moral dans les expressions “lâche méthode” au vers 7, l'adjectif “frivole” au vers 11 et “inutile” au vers 12.

On remarque chez Alceste une préférence pour l'antéposition de l'adjectif dans les groupes nominaux ce qui crée un effet de subjectivité.

On retrouve cette antéposition au vers 7, “lache méthode”, au vers 11 “inutile paroles”, Alceste dénonce ici le caractère superficiel de la société dans laquelle il vit.

Il utilise des tournures qui visent à s'exclure du groupe social décrit.

Il y a par exemple une anaphore du démonstratif à partir des vers 10,11,12: « ces grands faiseurs », « ces affables donneurs », « ces grands diseurs » sous entendant qu'il se distingue de la société. Au vers 10,11 et 12, Molière construit des néologismes « faiseur » « donneur» « diseur» à partir de verbes extrêmement courants « faire», « donner» et « dire ».

C'est ainsi une manière de suggérer que ces personnages sont grotesques.

On retrouve à chaque vers le même principe : l'emploi d'un déterminant démonstratif pour faire référence à un groupe social comique, suivi d'un adjectif mélioratif, d'un néologisme renvoyant à un métier, puis d'un adjectif péjoratif et enfin l'évocation de l'amitié avec les noms « protestations frivoles », « embrassade », « paroles ».

Alceste part d'un faux semblant d'amabilité et décrit finalement ces comportements sociaux en exprimant ses caractères fourbes et superficiels.

Molière fait subir une dérivation lexicale volontairement lourde et inélégante dans le but de critiquer la superficialité des rapports sociaux. Aux vers 11 et 12, on retrouve les mots « frivoles» et « paroles » qui permettent de souligner le rapprochement entre ces deux mots.

Cette rime dénonce un monde des apparences conforté par des expressions telles que « contorsions » « protestations » « embrassades ».

De plus l'auteur met l'accent sur ces expressions grâce aux diérèses. On retrouve chez Alceste une pleine correspondance entre le fond et la forme. Il y a une image de la.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles