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Analyse linéaire "Le Mal" d'Arthur Rimbaud

Publié le 25/11/2023

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« Première 5 – Objet d’étude n°1 – La poésie, du XIXè au XXIè siècle Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai (1870) Texte 1 : « Le Mal » - Etude linéaire Introduction : Arthur Rimbaud a 16 ans lorsqu’il met au propre et confie à Paul Demeny, jeune poète et éditeur de Douai, ses premiers écrits.

Aussi appelés Recueil Demeny, ces Cahiers de Douai, composés de 22 poèmes écrits entre mars et octobre 1870, ne seront pas brûlés comme le réclama Rimbaud, mais attendront une vingtaine d’années avant d’être publiés. Le contexte : En juillet 1870, l’Empereur Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse.

Les troupes françaises sont mal préparées et mal équipées, si bien qu’elles essuient de nombreuses défaites, jusqu’à la capitulation de Napoléon III le 2 septembre 1870 à Sedan.

Au moment où Hugo, à 68 ans, écrit son poème « Depuis six mille ans la guerre...

», Rimbaud, à 16 ans, compose lui aussi plusieurs poèmes contre la guerre comme « Le Dormeur du Val » .

Dans « Le Mal », sonnet de structure classique, il décrit l'horreur de la bataille, puis peint l'indifférence de Dieu aux malheurs des « mères ».

À travers ces deux tableaux fortement contrastés, le jeune poète exprime sa pitié pour les victimes et pour la douleur des familles éprouvées par le fléau qu'est la guerre, mais aussi, après un hymne à la nature mère, sa révolte contre le pouvoir et la religion. Pbtique : En quoi ce sonnet exprime-t-il la révolte de Rimbaud contre la guerre et ceux qui en sont responsables ? Mouvements : V 1 à 6 : une vision violente et effrayante de la guerre V 7-8 : l’adresse à la Nature V 9 à 14 : l’indifférence de Dieu et la cupidité de l’Eglise I. - 1 Une vision violente et effrayante de la guerre (vers 1 à 6) Ce mouvement est composé de trois propositions circonstancielles de temps introduites par « Tandis que » ou « qu’ », et ce sont les deux tercets qui constituent la proposition principale.

Ceci donne une impression de mécanique infernale, d’autant plus que Rimbaud choisit dans les quatrains - - - - - 2 des rimes croisées (et non embrassées), ce qui souligne le caractère répétitif des vers 3-4 par rapport aux vers 1-2. V 1 : le poème s’ouvre sur une scène extérieure : le champ de bataille.

Le PSC de temps « Tandis que … » établit le cadre temporel de l’action : la guerre , présentée d’emblée comme un massacre : « crachats », « rouge », « mitraille ». On relève une métaphore qui assimile les balles « mitraille » à des « crachats rouges » et une hypallage (figure qui consiste à prêter des qualités propres d’un élément à un autre) qui suggère que les « crachats rouges » ne sont pas ceux de la mitraille mais des corps criblés par les balles. On relève aussi l’allitération en [r] et [K] qui vient mimer le bruit des tirs de fusils « crachats rouges » « mitraille » « écarlates ou verts », « roi » , « raille » et exprime le mépris des dirigeants pour les hommes qui se battent. V2 : la démesure du combat est amplifiée par l’hyperbole « l’infini du ciel bleu » et par le CC de « tout le jour ».

Cette amplification épique montre qu’il n’y a aucune limite à cette guerre ni dans la durée, ni dans l’espace. L’enjambement du vers 1 sur le vers 2 donne aussi l’impression que la violence est telle qu’elle ne peut pas être contenue dans les limites du premier vers. V3 ici les actions deviennent plus visuelles qu’auditives.

Au « rouges » v1 s’associent ici « écarlates ou verts ».

Ces couleurs évoquent par métonymie les couleurs de l’uniforme : vert pour les Prussiens et rouge pour les Français. Il s’agit donc de la guerre franco-prussienne de 1870 dont Rimbaud a été témoin.

Cette opposition de couleurs choque et réduit les soldats à des couleurs, tels des pions d’une guerre voulue par le Roi, seul individu clairement identifié ici.

Il est un spectateur méprisant comme en témoigne le verbe « railler » . Rimbaud dénonce le pouvoir du Roi, clairement assimilable à l’empereur Napoéon III, responsable de ce massacre et indifférent au sort de ses hommes V4 : ce dernier vers évoque le chaos car les hommes sont réduits à une « masse » et un peu plus loin au vers 6 à « un tas fumant ».

Le poète dénonce la déshumanisation des soldats.

Il ne s’agit plus d’individus mais de « masse », de « bataillons », ce qui insiste sur le nombre de victimes. V5/ 6 : Ce 2eme quatrain a une construction symétrique au 1er puisqu’il débute avec une troisième PSC de temps et poursuit la description du champ de bataille mais en crescendo .

L’horreur est évoquée par le terme « folie épouvantable », placé à la césure du vers, mais aussi par le verbe « broyer » à la rime et l’évocation hyperbolique « cent milliers d’hommes ».

La métaphore « tas fumant » réduit les hommes en cendres.

Ils n’ont été que des pions voués à sacrifier leur vie pour les désirs de conquête d’un seul homme, le Roi.

Le poète dénonce ici la politique tyrannique et inhumaine de l’Empereur Napoléon III .

(Le terme « empereur n’a pas été utilisé par peur de la censure, mais aussi pour généraliser la portée de ce poème, valable pour toutes les guerres) .  Ce premier mouvement dresse donc un tableau violent de la guerre, mais aussi déjà une critique du pouvoir, indifférents aux morts qui perdent toute humanité, réduits à un « tas fumant ». II. L’adresse à la Nature (v.

7-8) V7-8 : Ici le poète suspend son récit pour exprimer ce qu’il ressent.

Cette rupture est marquée par le tiret au début du vers 7.

Rimbaud, contrairement aux dirigeants indifférents, exprime de.... »

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