Analyse Lettre 48 les Liaisons dangereuses
Publié le 08/03/2024
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Analyse Lettre 48
I-Une apparente lettre de désespoir amoureux
A-Le registre lyrique
Champ lexical de l’amour
allégorie passion amoureuse : « la puissance irrésistible de l’amour »l.6
des assonances en [an] résulte une langueur et témoignent indirectement de la plainte de
l’« amoureux rejeté » : .
(alexandrins délibérément utilisés par le Vicomte afin d’embellir ses dires, et donc d’exprimer
puissamment la passion qu’il adresse à Mme de Tourvel : « vous n’y serez pas entièrement
insensible » ou encore « une émotion si douce, et cependant si vive ».)
Vocabulaire reste cependant assez abstrait, lui conférence une aura de philosophe ou de moraliste
qui s’essaye à raisonner sa passion ( à l’inverse d’une morale épicurienne vers laquelle tend
Valmont) : .
Opposition de la morale épicurienne à la morale stoïcisme
B- Un amour tragique
Une tonalité tragique est donnée par le vicomte à ses sentiments amoureux.
On observe un tiraillement apparent entre deux états : conjonctions de coordination d’opposition
avec « cependant » répété 4 fois l.10,20,30,36 , « pourtant »l.4 montre une âme écartelée entre deux
états incompatibles, voire même contradictoires qu’il énonce ensuite , par le biais d’une antithèse :
« une émotion si douce , et cependant si vive »l.20
Valmont se positionne ainsi comme l’amoureux courtois qui affronte de manière impuissante les
rigueurs de sa bien-aimée.Il se dépeint en effet comme désarmé, comme un objet qu’aurait sa dame
entre ses mains, via des vouvoiement incessants ( « m’accablez-vous »l.15, « le désespoir auquel
vous me livrez »l.16, »me venger de l’exil auquel vous me condamnez »l.17) qui le place
syntaxiquement en position de COD (« me ») qui subit les actions de Mme de Tourvel , elle en
position de sujet.
Ceci fait parfaitement transparaître le fait qu’il soit, depuis la genèse de son amour
( mot renvoyant au développement d’une maladie, ici l’amour) , soumis à la fatalité car n’étant plus
maître de son destin comme il l’était auparavant ( c’est du moins ce qu’il cherche à lui faire croire!).
De plus , la répétition de ses efforts l’enferme dans une sorte de cycle inévitable de tragédies
(« Après tant d’efforts réitérés, la confiance et la force m’abandonnent à la foi »l.33)
La triple répétition de l’apostrophe « Madame » montrent la distance respectueuse , quasi religieuse
adoptée par le Vicomte de Valmont.
Ce respect de la femme aimée se transforme après en une
divination courtoise, avec le terme marquant « autel sacré de l’amour »l.23
II-En réalité : la lettre d’un libertin
Derrière le discours amoureux, se cache la stratégie d’un libertin cynique.
A- Valmont : un personnage théâtral et manipulateur
De fait, le Vicomte utilise un style d’écriture très hyperbolique ( « sans cesse »l.2, « plus que
jamais »l.6, « puissance irrésistible de l’amour » l.6, « le sommeil de l’âme,image de la mort»l.12),
ce qui démontre une expression excessive de l’amour, rendant dès lors sa sincérité douteuse.
En effet, derrière le style tourmenté de sa passion amoureuse se cache une âme bel et bien
calculatrice, ET rationnelle.
En témoignent les nombreux connecteurs logiques structurant son
discours : « pourtant »l.4, « en effet »l.5, « cependant », « c’est ainsi que »l.18,)
Le style reste assez équilibré et un rythme binaire revient souvent « Jamais je n’eus tant de plaisir
qu’en vous écrivant;jamais je ne ressentis[...] »l.19
De même , le mot « reviens » se dédoublant résonne en tant que supplication de la part du Vicomte.
Combinés au verbe « craindre », une stabilité est donnée à la phrase, montrant un apparent contrôle
intérieur, une tentative de maîtrise de lui-même.
Cette maîtrise , simple façade habilement construite par le rédacteur de la lettre suppliante,
témoigne du fait que le Vicomte de Valmont soit en réalité un personnage profondément habité par
le théâtre.
Il domine sa pièce , en étant metteur en scène, acteur et réalisateur.
Ceci est alors confirmé par le champ lexical de l’illusion employé, dévoilant un acteur plein de
duplicité : « J’ose croire »l.10, « je crois »l.14, « tout semble »l.20, « sans doute »l.29
Valmont joue un rôle, SON rôle : celui de l’amoureux.Certaines de ses tournures résonnent même
comme des répliques de tragédie : « Quoi!Ne puis-je donc espérer »l.9 et « Croyez-moi ,
Madame »l.11.
L’interjection « Quoi ! », propre au style racinien, et l’emploi de la deuxième
personne du singulier en s’adressant à celle qu’il convoite crée un dialogue théâtral fictif.
B– Valmont : un personnage libertin et cynique
De fait, le Vicomte est un libertin accompli.
En effet, il maîtrise tout d’abord l’ironie à la perfection.
En témoigne sa mise en scène, créant une situation ironique puisque celui-ci rédige sa lettre sur le
dos de sa maîtresse, Émilie, tout en l’annonçant par une métaphore en la comparant à « une table
consacrée pour la première fois à cet usage[..] l’autel sacré....
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