Analyse Explicative, La Promesse De L'aube, Romain Gary

« avec le désert, immense étendue de vide, qui qualifie également le fait qu’il n’y a plus rien d’autre.

Il attribue également le qualificatif de «poison» aux comparaisons puisque, peu importe ce qu’il fera, il ne trouvera jamais mieux que l’amour de sa mère ; il comparera chaque autre femme avec elle et se rendra bien vite à la conclusion qu’elle ne sera jamais à la hauteur de sa mère.

Le poison présente donc le puissant caractère négatif, mortel et signifie l’impossibilité d’en arriver à un tel amour.

En somme, il est évident de déceler l’insatisfaction qu’éprouvera Romain Gary tout au cours de sa vie, autant parce qu’il ne pourra jamais rendre justice à sa mère, que parce qu’il ne trouvera pas ailleurs un amour aussi fort que celui qu’elle lui a offert.En deuxième lieu, l’auteur présente l’amour maternel comme étant fondateur de la construction psychologique de Romain.

En effet, tel qu’aperçu dans le roman, on trouve qu’il finira par carrément perdre sa propre identité pour devenir l’incarnation de sa mère Nina.

Alors qu’il est en Afrique du Nord pour la guerre et que la fin de l’histoire approche, il pense à sa mère et affirme : «son souffle vint m’habiter et se substitua au mien, et […] elle devint véritablement moi».

(p.302) Il va de soi d’en conclure que ce souffle, c’est en fait son âme, sa conscience, qui vient prendre la place de celle de Gary et que au final, c’est elle qui vit à sa place à travers lui.

Dans l’extrait qui suit, alors que Romain s’apprête à retourner voir sa mère, on note un autre indice de cette substitution d’âme : «Je voyais déjà la joie et la fierté de ma mère lorsqu’elle verrait son nom imprimé sur la couverture du livre».

On remarque ici que l’auteur a utilisé le terme «son nom» pour désigner la mère, alors que c’est forcément Gary qui a écrit ces lignes.

L’image ici présente veut tout simplement dire que c’est elle qui l’a mené à faire cela, c’est elle qui est à l’origine de ses pensées, de ce qu’il est ; elle l’habite, le guide, elle est lui.

Finalement, on remarque que le désir de justice de Gary pour rendre hommage à sa mère se transformera en justice sociale.

Il voudra changer le monde entier.

Alors qu’il commençait à s’intéresser aux problèmes sociaux, il affirme : «Car, plus je regardais le visage vieilli, fatigué, de ma mère, et plus mon sens de l’injustice et ma volonté de redresser le monde et de le rendre honorable grandissaient en moi» (p.161).

Ce qu’il veut dire par le «sens de l’injustice», c’est le fait qu’elle a sacrifié toute sa vie entière pour que son fils ait un avenir prometteur.

Les mots « vieilli » et « fatigué » se rapportent directement à cet énorme sacrifice et en démontrent sa grande ampleur, ses grandes conséquences.

Il voulait «redresser le monde», c’est -à -dire éliminer les injustices et le «rendre honorable», digne de sa mère.

Plus il voyait à quel point elle était mal en point, plus son désir de changer les choses augmentait.

En résumé, il est évident que l’amour maternel est fondateur des caractéristiques psychologiques de Romain : il est conduit à une perte d’identité et son désir de justice pour sa mère le conduira à vouloir changer les choses à l’échelle planétaire. En conclusion, il est intéressant de remarquer toutes ces influences que peut avoir l’amour maternel chez l’enfant lorsqu’il est très présent.

Comme on a pu le constater, cet amour maternel peut avoir des répercussions psychologiques et peut créer le sentiment d’insatisfaction.

Sa quête de l’impossible, sa recherche en vain d’un amour comparable à celui que lui a offert Nina, sa perte d’identité ainsi que son désir de rendre le monde meilleur pour lui faire hommage sont toutes des conséquences directes de cet amour inconditionnel chez Roman Gary.

À la lumière de ce que ce que ce dernier présente de l’amour maternel, croyez -vous qu’il est davantage positif ou négatif pour un enfant d’en recevoir autant ?. »