Analyse du prologue de Gargantua
Publié le 22/10/2012
Extrait du document
«
lequel se dissimule F.
Rabelais lorsqu'il publie Pantagruel et Gargantua, retentit dès le prologue.
Alcofribas y
interpelle constamment ses lecteurs : « Buveurs très illustres et vous vérolés très précieux (c'est à vous, à
personne d'autre que sont dédiés mes écrits) » (p.
47), « à votre avis » (p.
49), « mes bons disciples » (p.
49),
« mes amours » (p.
53).
L'auteur se met lui-même en scène par la voix qu'il fait entendre à la première personne
du singulier : il fait référence à son oeuvre : « mes écrits », « mes livres » (p.
53) comme aux livres populaires
dont il s'est inspiré : « Gargantua, Pantagruel, Fessepinte, La Dignité des braguettes, Des Pois au lard
assaisonnés d'un commentaire » (p.
49).
Est donc définie une situation de lecture réunissant des lecteurs et un
auteur.
Il s'agit de la mise en place d'une situation classique dans un prologue.
En effet, comme
traditionnellement, le prologue est une sorte de seuil, d'entrée en matière, où un auteur annonce à ses lecteurs
les enjeux du récit et établit un programme.
La fantaisie de ce prologue réside dans le fait que Rabelais précise à quel lecteur il s'adresse.
Et il ne
s'adresse pas à n'importe qui.
Il dresse ici le portrait du lecteur tel qu'il le voudrait : l'apostrophe initiale
« Buveurs très illustres et vous vérolés très précieux (c'est à vous, à personne d'autre que sont dédiés mes
écrits) » fait référence à un lectorat bachique, à un public de bons vivants appelé ici par Rabelais.
Ce public
d'élection est salué par les superlatifs absolus qui nous introduisent dans une épopée du corps et de ses
plaisirs que pourrait être l'oeuvre rabelaisienne.
On peut rapprocher cette apostrophe initiale de l'inscription
figurant aux portes de l'abbaye de Thélème : « Ci n'entrez pas, hypocrites, bigots / Vieux matagots, souffreteux
bien enflés [...] Ci entrez, et soyez les bienvenus / Bien réussis, vous tous, nobles chevaliers [...] Vous serez
mes intimes et mes familiers : / Gaillards et délurés, joyeux, plaisants, mignons, / Tous de la classe des gentils
compagnons » (chap.
54, p.
361-363).
Cette inscription commence par le public dont on ne veut pas, avant de
préciser à qui elle est ouverte.
La logique en est donc inversée par rapport au prologue.
Le début et la fin de
l'oeuvre se répondent.
Surtout, ce livre, comme l'inscription aux portes de l'abbaye, est refusé aux hypocrites
que sont les moines, les maris jaloux, les rabat-joie (...) alors que l'auteur réserve son meilleur accueil aux gens
de bonne compagnie.
Le lecteur de Gargantua se doit donc d'être un bon vivant, il doit être à l'image du livre,
« plein de pantagruélisme ».
D'ailleurs Rabelais l'exhorte, dans la péroraison finale du prologue, à lire en buvant.
»
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