Analyse du pré aux jeux dans le chevalier de la charrette - TP de Littérature médiévale
Publié le 05/09/2018
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4. Conclusion Les pères et les fils de nos deux duos étant de caractères différents, il faudrait, pour trancher entre un comportement sage ou castrateur, tempérer notre réponse. En effet, le personnage de Baudemagu est maintes fois plus développé que le vieux chevalier, puisque que l’importance de ce dernier dans le récit est moindre. De même, Méléagant est certes montré comme orgueilleux, mais il ne faut pas négliger qu’il fuit le combat qu’il prétend vouloir en enfermant son adversaire dans une tour. Le père et le fils du Pré aux jeux, quant à eux, ont moins de profondeur et sombrent
TP de Littérature médiévale 22 novembre 2011
Akermann Morgane
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plus aisément dans la caricature. Le fils orgueilleux ne se démonte pas face à Lancelot, le père tient ses menaces et le fait ligoter. De ce fait, s’il semble parfaitement approprié de qualifier la réaction du vieux chevalier de \"castratrice\". L’accusation est d’emblée nuancée en ce qui concerne Baudemagu, dont on voudrait attribuer des intentions bonnes et sages, car il est décrit depuis sa première apparition comme vertueux.Incontestablement donc, les réactions sont \"castratrices\" chez ces deux pères, la question de savoir s’il en est de même de leur intention est, quant à elle, sujette à débat. La dernière interrogation envisageable, si l’on optait pour l’alternative du père \"castrateur\" serait de comprendre la cause profonde de ce procédé psychologique. S’agit-il de la peur qu’a le père de voir son fils en rival qui convoite la figure de la mère, comme le suggèrerait probablement la psychanalyse freudienne ? Ou plus concrètement l’affrontement de deux forces avec d’un côté un fils dont l’ambition est de se démarquer et grimper dans l’estime des autres, et de l’autre un père qui veille à garder sa supériorité et son autorité ? Il s’agit là d’un questionnement trop spécifique pour notre compétence et nous ne sommes pas en mesure de nous fixer sur une hypothèse. Nous laissons donc ce point à interprétation de chacun, espérant qu’il puisse en profiter pour tirer de la « matiere » (vers 26), le sens et la morale, et puisse l’appliquer à sa propre manière de vivre, comme l’espérait Chrétien de Troyes15.
«
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Cette place de juges renforce encore leur statut d’Êtres à part entière et leur pouvoir sur le chevalier.
Dans ces
vers, la rime entre « garantir » et « sanz mantir » est un bon exemple de cette capacité qu’a la femme, celle de
pouvoir faire suivre une bonne réputation sur le chevalier, sous-entendu auprès de la reine dont elle serait
l’émissaire8, qu’elle marchande ici en échange de sa protection.
Une dernière chose permet à la femme de
demander la protection de Lancelot face à cet amoureux gênant, c’est la coutume des différents royaumes du «
Chevalier de la charrette » à laquelle font référence les personnages.
Selon celle-ci, tout chevalier qui désir
posséder une demoiselle qu’il croise en voyage accompagnée d’un chevalier doit triompher de son protecteur pour
avoir le droit de l’emporter.
C’est ce que laisse ici entendre le père dans l’épisode du Pré aux jeux lorsqu’il répond
à
l’enthousiasme de son fils :
1700 1701 1702 1703 1704 Je cuit que Dex la m’amenoit : si l’ai prise comme la moie.
- Ne sai ancor se cil
l’octroie, qui je voi venir après toi : chalongier la te vient, ce croi.
»
La présence ici du verbe « chalongier » annonce en effet cette coutume spécifique au roman arthurien.
C’est le
même qui est utilisé entre autre au vers 3166 alors que Méléagant découvre Lancelot qui vient lui disputer la reine.
Pour revenir au cas du Pré aux jeux, on constate ici que la femme jouit d’une double, voire triple, autorité sur
Lancelot, celle en tant que femme, celle en tant qu’émissaire de la reine et celle de la coutume.
Notons toutefois
que la question de la coutume est limitée ici à la fiction et n’a aucune vraisemblance par apport à la réalité de
l’époque de Chrétiens de Troyes9.
En effet, tout comme la présence des femmes, la coutume répond avant tout à
une nécessité d’ordre narratif.
Pour captiver les auditeurs et maintenir une tension dramatique dans son récit,
Chrétien, comme ses contemporains, ponctue ses écrits de
8 9
idem p.124 P.
Ménard, « Réflexion sur les coutumes dans les romans arthuriens », in « Por le soie amisté ».
Essays in Honor of N.J.
Lacy, 2000, p.367
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combats singuliers, que la mise à l’épreuve de la part des femmes ainsi que les
coutumes permettent de justifier10.
Un dernier aspect nous semble judicieux pour comprendre la tension mise en
place lors de l’épisode du Pré aux jeux, c’est l’orgueil du fils.
Toujours à but narratif11, cet orgueil froisse tant les
personnages entourant le chevalier que le lecteur lui -même.
Dans notre passage, l’orgueil du fils consiste en la.
»
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