analyse du monologue de Figaro
Publié le 20/02/2018
Extrait du document


«
pressais devant sa maîtresse » qui est une référence à la scène 2 de l’acte II, puis « à l’instant qu’elle me donne sa
parole ; au milieu même de la cérémonie… Il riait en lisant, le perfide ! » qui est une référence à la scène 9 de l’acte
IV.
Le monologue prend presque la tournure d’un récit, il prend une sorte de dimension romanesque.
Beaumarchais
fait quelquefois utiliser l’imparfait à son personnage, qui est un temps du récit (« quand je l’en pressais », « il riait »).
Mais son discours reste vif et animé pour permettre un rapprochement avec le théâtre, et le monologue, et cela
passe notamment par l’utilisation majoritaire du présent.
Figaro va ensuite se dévaloriser : « Et moi comme un
benêt ».
Il passe pour celui qui a été leurré et berné.
Cette auto-dévalorisation permet d’insister sur sa souffrance et
sa douleur, provoquées uniquement par un seul être, ce qui renforce encore plus la peinture négative de la femme.
Son discours est décousu, guidé par ses émotions.
Cela se voit notamment à travers la ponctuation : en effet, il use
de nombreuses phrases exclamatives.
De plus, l’utilisation très fréquente des points de suspension laisse à penser
une figure de style, l’aposiopèse : Figaro hésite, s’arrête, ne termine pas ses phrases, change de sujet sans lien
logique.
Par exemple : « à l’instant qu’elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie… Il riait en lisant, le
perfide ! » Son discours est fragmenté, haletant.
On peut imaginer que cette impression serait largement renforcée
lors de la représentationde cette pièce, de par les nombreuses pauses que cela impliquerait dans le discours du
comédien, par exemple.
Ici, Beaumarchais veut attirer la sympathie du spectateur sur son personnage Figaro, en le
faisant se livrer comme il le fait dans ce monologue.
Le public sait que Figaro ne souffre pas à juste titre car il sait que
Suzanne ne le trompe pas.
Le désespoir de Figaro donne une image nouvelle du personnage : ce n'est plus seulement
un esprit brillant qui se sort de toutes les mauvaises passes, c'est aussi un homme blessé, faillible et sensible.
Malgré la condamnation de la femme , Figaro tient à Suzanne.
Il ne veut pas la perdre et le fait savoir : « Non
Monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas… vous ne l’aurez pas.
» Comme dans sa critique de la femme, Figaro recourt à
l’apostrophe, traduisant bien son désespoir.
Il s’agit peut-être là d’un signe, d’un moyen d’interpeller
symboliquement un autre traitre, un autre coupable : le Comte Almaviva.
« Parce que vous êtes un grand seigneur,
vous vous croyez un grand génie ! » Cette exclamation traduit l’indignation du valet.
Le parallélisme entre « grand
seigneur » et « grand génie » remet en question les qualités intellectuelles de la noblesse, appuyé par l’opposition
des verbes « être » et « croire ».
Ainsi, Figaro dénonce les inégalités sociales injustifiées et absurdes , ainsi que le
pouvoir et les droits qui sont basés sur la naissance et la richesse et non sur le mérite : « Qu’avez-vous fait pour tant
de biens ! vous vous êtes donnés la peine de naître rien de plus ».
L’antiphrase, « vous vous êtes donnés la peine de
naître », renforce cette idée que le Comte n’a rien accompli d’extraordinaire, il n’a aucun mérite quant à ses droits, si
ce n’est du droit du sang.
L’opposition entre Figaro et le Comte est également marquée par l’ antithèse entre le
« vous » et le « moi », et accentuée par l’appui sur le « vous » redoublé : « vous vous êtes donné la peine de naître, et
rien de plus ; du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi , morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m’a fallu
déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les
Espagnes ».
Cette opposition et cette image hyperbolique finale pointent l ‘ injustice quant à la question du mérite.
Les juxtapositions de phrases exclamatives traduisent très nettement l’indignation du valet.
Son discours est teinté de
colère, il se sent victime d’injustices sociales, mais Figaro est également un homme jaloux : « et me voilà faisant le
sot métier de mari ».
Il se rend compte lui-même du type qu’il semble incarner en se comportant de la sorte, mais il
ne sait pas comment faire pour qu’il en soit autrement : ici, le problème des sentiments, et de leur caractère
incontrôlable, est quelque peu posé.
Des éléments tragiques se glissent dans son discours, notamment lorsqu’il
évoque la nuit « noire en diable » , ou encore « la foule obscure » .
Cela fait écho à la mention « dans l’obscurité » ,
dans la première didascalie.
Quant à la didascalie « il s’assied sur un banc » , elle marque un changement net dans le
discours de Figaro.
En effet, dans les deux premières parties, celui-ci est en mouvement, il se promène, tandis qu’il
raconte des évènements plutôt récents, qui font partie de son présent, qui lui tiennent à cœur et qui semble le
toucher fortement.
Or, lorsqu’il s’assoit, c’est pour faire une rétrospective sur sa propre vie et sur sa destinée, qui
commence par une question oratoire : « Est-il rien de plus bizarre que la destinée ? ».
Cette mise en scène, alternant
mouvement et position assise, souligne l’alternance entre l’intrigue théâtrale et le récit de la vie de Figaro.
Ce dernier
ne semble pas moins en colère lorsqu’il est question de sa propre condition, mais aussi et surtout emplit d’une
grande lassitude..
»
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