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Analyse du chapitre IX du livre I - Le rouge et le noir (Stendhal)

Publié le 26/11/2016

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On s'assit enfin, Mme de Rênal à côté de Julien, et Mme Derville près de son amie. Préoccupé de ce qu'il allait tenter, Julien ne trouvait rien à dire. La conversation languissait. Serai-je aussi tremblant, et malheureux au premier duel qui me viendra? se dit Julien, car il avait trop de méfiance et de lui et des autres, pour ne pas voir l'état de son âme. Dans sa mortelle angoisse, tous les dangers lui eussent semblé préférables. Que de fois ne désira-t-il pas voir survenir à Mme de Rênal quelque affaire qui l'obligeât de rentrer à la maison et de quitter le jardin! La violence que Julien était obligé de se faire était trop forte pour que sa voix ne fût pas profondément altérée; bientôt la voix de Mme de Rênal devint tremblante aussi, mais Julien ne s'en aperçut point. L'affreux combat que le devoir livrait à la timidité était trop pénible pour qu'il fût en état de rien observer hors lui-même. Neuf heures trois quarts venaient de sonner à l'horloge du château, sans qu'il eût encore rien osé. Julien, indigné de sa lâcheté, se dit: Au moment précis où dix heures sonneront, j'exécuterai ce que, pendant toute la journée; je me suis promis de faire ce soir, ou je monterai chez moi me brûler la cervelle. Après un dernier moment d'attente et d'anxiété, pendant lequel l'excès de l'émotion mettait Julien comme hors de lui, dix heures sonnèrent à l'horloge qui était au-dessus de sa tête. Chaque coup de cette cloche fatale retentissait dans sa poitrine, et y causait comme un mouvement physique. Enfin, comme le dernier coup de dix heures retentissait encore, il étendit la main et prit celle de Mme de Rênal, qui la retira aussitôt. Julien, sans trop savoir ce qu'il faisait, la saisit de nouveau. Quoique bien ému lui-même, il fut frappé de la froideur glaciale de la main qu'il prenait; il la serrait avec une force convulsive; on fit un dernier effort pour la lui ôter, mais enfin cette main lui resta.

 Stendhal est un auteur faisant parti du mouvement romantique du 19eme siècle. Il est connu en France grâce à des œuvres telles que Le Rouge et le Noir publié en 1830 et La Chartreuse de Parme datant de 1839. A travers son roman Le Rouge et Le Noir, nous faisons la connaissance de Julien Sorel venant d'une famille pauvre et au fil du roman il va essayer de gravir les échelons de la société en commençant par être le percepteur des enfants de M. de Rênal où il va faire la rencontre de Mme de Rênal et va essayer de la séduire. Effectivement, dans le chapitre IX de ce roman qui a lieu à Vergy, Julien va mettre tout en œuvre pour séduire cette femme. Notamment en se donnant pour objectif de prendre la main de Mme de Rênal qui l'avait repoussée la veille. Nous étudierons en quoi le personnage principal mène un combat dans cette scène. Pour cela, nous verrons que cette scène est angoissante et pleine de tensions puis nous remarquerons que les combats de Julien sont à la fois réels et mentaux. L'angoisse que Julien éprouve se ressent dans la structure du texte. En effet, les deux premiers paragraphes sont marqués par la peur de Julien comme on peut en déduire par ces mots : « Préoccupé » « tremblant » « méfiance ». Ou encore, par le monologue de Julien présent dans deuxième paragraphe, où il est en pleine réflexion : « Serai-je aussi tremblant, et malheureux au premier duel qui me viendra ? », suite à ce questionnement on peut repérer qu'il y a de nombreuse phrases négatives : « ne désira-t-il pas », 

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« en pleine réflexion : « Serai-je aussi tremblant, et malheureux au premier duel qui me viendra ? », suite à ce questionnement on peut repérer qu'il y a de nombreuse phrases négatives : « ne désira-t-il pas », « sa voix ne fût pas profondément altérée ».

Ce qui nous prouve qu'il n'est pas serein à l'idée de prendre la main de Mme de Rênal.

De plus, ce n'est seulement qu'au dernier paragraphe que Julien se met à la recherche de la main de Mme de Rênal et dans le troisième paragraphe, on peut observer que les phrases sont de plus en plus longues par rapport aux autres paragraphes.

Cela nous montre donc, qu'il a eu un grand moment d'hésitation avant de se décider à prendre la main de Mme de Rênal.

Cette tentative de rapprochement est suivie d'une accumulation de verbes d'actions tels que : « étendit », « retira », « saisit », « ôter » et « resta ».

Ceci nous donne l'impression qu'il est indécis face à cette situation angoissante.

On remarque également que tout au long de cet extrait, il manque d'attention par conséquent il ne remarque pas la voix « tremblante » de Mme de Rênal, ni le fait qu'il lui sert la main « avec une force convulsive ». On constate que du début à la fin de cet extrait, que pour Julien le temps est très important.

Comme nous le témoigne le premier et le dernier paragraphe, qui commencent tout deux par le mot « enfin », ainsi que, la précision de Julien au niveau de l'heure illustré par une horloge pour pouvoir entreprendre de prendre la main de Mme de Rênal : « Neuf heures trois quarts venaient de sonner à l'horloge du château » « Dix heures sonnèrent à l'horloge au dessus de sa tête », « coup de cette cloche fatale » et « le dernier coup de dix heures retentissait encore ».

Ces citations révèlent que Julien se torture intérieurement et qu'il est tellement impatient à l'idée de pouvoir toucher la main de Mme de Rênal, qu'il ne pense à rien d'autre qu'au temps qui passe à une allure folle et à la main de Mme de Rênal.

Au moment où Julien prend conscience qu'il n'a pas encore osé de prendre la main de Mme de Rênal, il se met un ultimatum : « Au moment précis dix heures sonneront, j'exécuterai ce que, pendant toute la journée, je me suis promis de faire ce soir, ou je monterai chez moi me brûler la cervelle » Cette déclaration crée du suspens chez le lecteur, puis, lorsqu'il réussit son objectif le lecteur a un sentiment de soulagement. Julien terrifié du dilemme qu'il s'est lancé, celui de prendre la main de Mme de Rênal dans la sienne alors qu'elle l'avait refusé la veille, va finalement avoir le courage de le faire comme si cela était une guerre à surmonter . Alors que Julien se lance dans une quête imaginaire pour prendre la main de Mme de Rênal, qui est sensé être un geste d'amour et de complicité, va prendre une tournure d'affrontement.

En effet, nous retrouvons le champs lexical de la guerre : « duel », « mortelle », « violence », « dangers », « combat », « force », « fatale », « brûler » et « frappé ».

Cela démontre, que ce n'est simplement qu'un défi pour Julien et qu'il n'y a pas d'amour dans ce geste. »

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