Analyse de texte : L’abbé Prévost, Manon Lescaut
Publié le 08/04/2022
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«
Analyse de texte : L’abbé Prévost, Manon Lescaut, 1732
Le mot pathétique prend racine du grec « pathos » qui signifie la souffrance ou la
maladie.
Le registre associé met ainsi en scène, la souffrance, le désespoir, le regret
et plus généralement l’expression des sentiments.
L’extrait de Manon Lescaut est
entièrement raconté par le chevalier Des Grieux.
Ce dernier décrit la mort de Manon
et témoigne de son chagrin.
Nous nous demanderons donc, quels procédés littéraires
font de ce passage, une scène pathétique.
Tout d’abord, c’est un passage ou le narrateur s’adresse directement au lecteur par
des impératifs de prière tels que « pardonnez » et « n’exigez point ».
Il partage sa
difficulté à exprimer ses sentiment et à raconter ce qu’il s’est passé.
Le récit de la
mort de Manon relève de l’indicible pour des Grieux.
D’ailleurs, le mot « mort »
n’apparaît qu’à la fin de l’extrait.
On remarque l’utilisation d’hyperbole comme « un
récit qui me tue » ou « un malheur qui n’eut jamais d’exemple » pour qualifier le
moment de sa mort.
Le lecteur éprouve donc de la compassion pour ce chevalier,
profondément touché par la mort de sa bien-aimée.
De plus, la mort de Manon n’est
pas racontée dans les détails mais des symptômes corporels révèlent à l’homme
l’approche de la mort : « ses soupirs fréquents, son silence […] le serrement de ses
mains ».
L’allitération en [s] rappelle de surcroît la souffrance.
La femme rejoint le
repos éternel dans l’apaisement et le calme.
On constate la répétions du mot
« silence », elle parlait également « d’une voix faible ».
Le moment du décès est
abordé à l’aide d’euphémisme : « je la perdis », « elle expirait » ou « ce fatal et
déplorable moment ».
L’expression des sentiments se retrouve dans l’intégralité du texte, en passant tout
d’abord par l’amour : « cette amante incomparable », « tendres consolations de
l’amour » ou encore « l’idole de mon cœur ».
Les marques d’amour sont très
présentes dans l’extrait.
La survenu du drame dans l’idylle d’un couple accentue
l’effet pathétique.
Le vocabulaire de l’amour et de la souffrance sont indissociables.
L’amour et la mort sont reliés, Manon meurt en paix, dans le silence de ces gestes
d’affection réciproques.
En effet, des Grieux prend le temps de se dévêtir pour que
ses habits la protègent du froid de la terre et prend ses mains pour les réchauffer.
Il
sera continuellement au près d’elle pendant ses derniers instants de vie, ce qui fait de
sa mort une terrible séparation et un châtiment pour des Grieux.
Par ailleurs, la vie du chevalier sera à jamais détruite par la perte de Manon.
Pour
lui, c’est un supplice que d’être resté en vie « une vie languissante et misérable ».
Il
renonce définitivement au bonheur si ce n’est pour le vivre avec Manon : « je
renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse ».
Le pathétique est
accentué par la double peine subit par le narrateur, c’est-à-dire le décès de Manon et
le deuil insoutenable qu’il entraîne.
De plus, seul sa propre mort pourrait le
soulager : « j’attendis la mort avec impatience ».
Pour des Grieux, cette perte est un
châtiment infligé par Dieux pour ses fautes « […] Le ciel ne me trouva sans doute.
»
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