analyse de la lettre 62 des lettres persanes
Publié le 01/12/2018
Extrait du document
«
de la femme une esclave et la dépouille de son caractère humain.
Les adjectifs et les ve rbes qui relèvent de
l’esclavage le montrent : « attachés », « entrainées », « donnent ».
Dans le dernier paragraphe , Zélis
souligne l’injustice de la Nature qui n’a pas uniquement emprisonné les femmes « en faveur des hommes »
mais elle les a dédiées à ap aiser continuellement l’appétit sexuel démesuré de leurs maitres.
C’est une
fonction qui relève d’un ordre purement phallocratique et tyrannique dont le but est la réification de la
femme et son instrumentalisation. Le paroxysme de cette tyrannie se voit dans le fait de priver cette esclave
de la jouissance des plaisirs qu’elle a procurés par elle -même : « sans que nous puissions jamais gouter cet
heureux état où nous les mettons » Nous pouvons ainsi même parler d’un cruel masochisme.
Partant de
cette image, Montesquieu élabore toute une réflexion sur la position de la femme dans la société, accusant
leur acceptation de la supérior ité des hommes et donc de la phallocratie.
Même si Zélis développe l’image
de la servitude féminine, qu’elle accepte, elle semble pourtant se moquer de son maître, se déclarant plus
libre que lui dans cette prison .
3) L’adverbe « Cependant » qui débouche l a dernière partie nous dévoile le changement du ton qui bascule
en une ironie élaborée dans un discours fort provocateur .
l’opposition je esclave et tu du maitre revient ici
mais renversée : Je maitre et tu esclave.
c’est ce qui fonde l’ironie de Zélis.
Cette idée se trouve encore
renforcée par l a négation « ne connais pas » et « n’a fait que languir » affirmant l’ ignorance d’U sbek de la
vraie liberté, la vraie vie.
En effet, Zélis avoue que la liberté d’esprit vaut beaucoup plus que la liberté du
corps à travers l’hyperbole : « j’ai gouté ici mille plaisirs », « mon imagination a travaillé sans cesse ».
Donc
elle jouit d’une prison heureuse quine l’a pas anéantie moralement puisqu’elle a «vécu »malgré son
immobilité physique.
Par conséquent Usbek est dans le véritable enfermement : ses inquiétudes.
Et comme
pour le martyriser encore plus, la femme lui énumère les tournements et les marques de la dépendance
dont il souffre énormément « tes soupçons, ta jalousie, tes chagrins, sont autant de marque s de ta
dépendance »
L’ironie se lit aussi dans la série des impératifs : « continue », « fais veiller », « «ne te fie pas », « augmente »
qui montrent sa capacité de vivre heureuse derrière les verrous qu’il lui a imposés par lui -même.
C’est ainsi
que le s rôles se trouvent inversés afin de montrer que la dépendance psychologique est plus contraignante
que les murs du sérail.
C’est à travers de cette ironie que la voix auctoriale d’impose .
Montesquieu est
occulté derrière une voix féminine pour faire la satire de la phallocratie et la tyrannie dans le sérail qui n’est
qu’une illustration du despotisme occidental .
Conclusion
Voilà une lettre qui préfigure le dénouement tragique des lettres persanes dont laquelle Zélis explique
l’ordre phallocrat ique naturel et la cruauté de l’éducation orientale , et finit par se moqu er de son maitre.
Cette ironie nous dévoile la posture d’un auteur satirique qui opte pour cette figure féminine afin de se
moquer de la phallocratie et symboliquement du despotisme o ccidental.
Cette caricature est une constante
dans les Lettres Persanes (présente dans les 38 lettres du consacrés au sérail)
Plan du commentaire
1) L’institution orientale
a.
le sérail : un espace clos et sacré
b.
La subordination de la femme
c.
La prison heureuse
2) La satire auctoriale
a.
de la position de la femme
b.
la phallocratie
c.
le despotisme occidental.
»
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