Analyse comparée de la rencontre finale dans Une partie de Campagne (Maupassant et Renoir)
Publié le 05/12/2019
Extrait du document
paroles : Henri : « Je viens souvent ici. Tu sais, j'y ai mes meilleurs souvenirs. » Henriette : « Moi, j'y pense tous les soirs. »
La nostalgie
Chez Maupassant comme chez Renoir, c'est le sentiment nostalgique qui domine le fragment, déterminé par la perte de l'objet du désir. Sentiment d'autant plus poignant qu'il est aiguisé, chez Henriette, par le contraste avec sa situation actuelle : « Elle était là, assise sur l'herbe, l'air triste, tandis qu'à son côté, toujours en manches de chemise, son mari, le jeune homme aux cheveux jaunes, dormait consciencieusement comme une brute. » Le même contraste est rendu visible dans le film par le plan rapproché* en plongée* d'Anatole se réveillant et passant la main dans sa tignasse. Férocité des conventions sociales : le commis a investi l'espace intime des deux amants.
Dans la nouvelle, le jeu de focalisation* souligne la rupture. Du temps de leurs amours, les amants étaient unis par I eur regard, dans un effet de focalisation zéro : « Le ciel bleu leur paraissait obscurci. .. » La focalisation zéro est désormais réservée à Henri, le jeune fille étant vue en focalisation externe : « Elle devint si pâle. .. » L'un et l'autre sont ainsi renvoyés à leur solitude respective. Dans le film, rupture et solitude sont exprimées, d'une part, par les champs*/contrechamps* qui isolent les deux jeunes gens, chacun dans son espace, les gros plans* et l'absence de profondeur de champ* soulignant l'émotion ; d'autre part, par le point de vue* subjectif d'Henri, qui regarde mélancoliquement s'éloigner Henriette (plan* d'Henri, en amorce, de dos).
L'émotion est d'autant plus intense, dans les deux cas, qu'elle refuse de s'épancher : « ... ils se mirent à causer naturellement. .. » Dans le film, ce refus se manifeste dans le laconisme du dialogue. Seuls signes visibles de l'émotion : la pâleur chez Maupassant, la larme et le soupir chez Renoir. Le pathétique de la situation s'accroît à la fois de cette sobriété et du caractère définitif et irrémédiable de l'adieu.
«
paroles
: Henr i : « Je viens souvent ici.
Tu sais, j'y ai mes
meill eurs souv enirs.
» Henr iette : « Moi, j'y pense tous les
soirs.
»
La nos talgie
Che z Maup assant comme chez Renoir , c'es t le senti
ment nostalgique qui dom ine le fragmen t, déterm iné par la
per te de l'objet du désir.
Sentiment d'auta nt plus poig nant
qu'il est aigu isé, chez Henriette, par le contr aste avec sa
situation actuelle : « Elle était là, assise sur l'herbe, l'air
triste, tandis qu'à son côté, toujour s en manches de che
mis e, son mari, le jeune homme aux cheveux jaune s, dor
mai t con sciencieusement comme une brute.
» Le même
contr aste est rendu visible dans le film par le plan rappr o
ché* en plongée* d'Anat ole se réveillant et passant la
m ain dans sa tignasse.
Férocité des conv entions sociales :
le com mis a inv esti l'espace intime des deux amants.
Dans la nouv elle, le jeu de foca lisati on* souligne la rup
tur e.
Du temps de leur s amour s, les ama nts étaient unis
par leur regard, dans un effet de foca lisa tion zéro : « Le ciel
bleu leur paraissait obscurci ...
)) La foca lisation zéro est
dés ormais réser vée à Henr i, le jeune fille étant vue en foca
lis ation externe : « Elle devint si pâle ...
)) L'un et l'au tre
sont ainsi renvoyés à leur solitude respec tive.
Dans le film,
rup ture et solitude sont exprimées, d'une part, par les
champ s*/ con trechamps* qui isolent les deux jeunes gens,
chacun dans son espace, les gros plans* et l'absenc e de
pr ofondeur de champ* soulignant l'émotion ; d'a utre part,
par le point de vue* subjectif d'Henr i, qui regarde mélanco
li quement s'éloigner Henriette (plan* d'He nri, en amorce,
de dos) .
L'émotion est d'au tant plus intense, dans les deux cas,
qu' elle refuse de s'ép ancher : « ...
ils se mirent à causer
na turel lement.
..
)) Dans le film, ce refus se man ifeste dans
le laconisme du dialo gue.
Seuls signe s visibles de l'émo
tion : la pâ leur chez Maup assant, la larme et le soupir chez
Renoir .
Le pathé tique de la situation s'accroît à la fois de
cette sobriété et du caractère définitif et irré médiable de
l 'a dieu.
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