ALEMBERT Jean Le Rond d' : sa vie et son oeuvre

ALEMBERT Jean Le Rond d' (1717-1783). Homuncio cui pater non est, nec res (« un petit homme qui n’a ni père ni biens ») : c’est en ces termes peu charitables qu’au plus fort de la bataille de l’Encyclopédie en 1754, le père jésuite Tolomas définissait celui qui était déjà reconnu comme un des plus grands savants de son époque. D’Alembert était en effet le fils naturel de Mmc de Tencin et du chevalier Destouches. Abandonné à sa naissance sui les marches de la chapelle de Saint-Jean-le-Rond (d’où son nom), il fut élevé par la femme d’un vitrier. Après des études de droit et de médecine, il se consacra aux mathématiques. Admis dès 1741 à l’Académie des sciences en qualité d’« adjoint » (il devint « associé géomètre » en 1746 et membre titulaire en 1765), il publia coup sur coup une série d’études qui sont autant de dates importantes dans l’histoire des mathématiques pures et de la mécanique : Traité de dynamique (1743), Traité de T équilibre et du mouvement des fluides (1744), Réflexions sur la cause générale des vents (1746), Recherches sur les cordes vibrantes (1747), Recherches sur la précession des équinoxes (1749). Elu à l’Académie française en 1754, membre de la plupart des académies européennes, ami et conseiller influent de Frédéric II et de Catherine II, il exerça une influence déterminante sur la vie scientifique de son temps (c’est ainsi qu'il imposa Lagrange comme successeur d’Euler à l’académie de Berlin).

Ce savant fut aussi un « philosophe » et un écrivain. Il fréquenta ass dûment les salons, celui de Mme Geoffrin, puis celui de Mmc du Deffand, où il rencontra, en 1754, Julie de Lespinasse, à laquelle il voua, durant vingt-deux années, une amitié tendre et fidèle. Il prit, aux côtés de Diderot, une pert capitale à la publication de l'Encyclopédie. Outre le célèbre Discours préliminaire, il rédigea ou révisa tous les articles de mathématiques et de physique du dictionnaire et se chargea d'un certain nombre d’articles philosophiques