alchimie de la boue et de l'or baudelaire
Publié le 19/06/2023
Extrait du document
«
Énoncé
Proposition de corrigé : sujet n°2 (dissertation sur Baudelaire et le
parcours « Alchimie poétique : la boue et l’or »
Le critique Benjamin Fondane écrit : « Non seulement le poète descend
dans le sous-sol humain où grouille un monde de stupre et de honte, mais
il prend sur lui de montrer que le sous-sol peut donner des fleurs, que
cheveu, boue, crasse peuvent aussi chanter.
»
Dans quelle mesure cette citation éclaire-t-elle votre lecture de certaines
œuvres poétiques, en particulier les Fleurs du Mal ?
Vous répondrez en vous appuyant sur le recueil de Baudelaire, mais aussi
sur des textes tirés d’autres œuvres poétiques ainsi que sur vos lectures
et votre culture personnelles.
I Compréhension et analyse du sujet.
Identifier le type de sujet Le sujet se compose d’une citation (d’un critique
littéraire) et d’une question permettant d’orienter la réflexion.
La question,
qui commence par « dans quelle mesure… ? », invite à discuter la
pertinence de la citation de B.Fondane : ce qu’il affirme au sujet
de la poésie, et en particulier de la poésie de Baudelaire,
est-il juste/vrai/valable ? Il faut donc analyser soigneusement la citation
de Fondane pour voir dans quelle mesure celle-ci est pertinente.
2.
Analyser le sujet et en définir le cadre
Dans ce sujet, c’est surtout la citation qui est importante et c’est donc elle
qu’il convient d’analyser précisément.
Les connecteurs logiques montrent
que la citation comporte deux temps (« non seulement… mais...
») : Les
deux temps de la citation :« Non seulement le poète descend dans le
sous-sol humain où grouille un monde de stupre et de honte...
» « … mais
il prend sur lui de montrer que le sous-sol peut donner des fleurs, que
cheveu, boue, crasse peuvent aussi chanter.
»
Analyse de chacun des deux temps de la citation :
La première partie de la citation comporte un grand nombre
de termes péjoratifs, qui renvoient au « bas » /à un monde inférieur
ainsi qu’à ce qui est sale, honteux, immoral.
Cette première
proposition revient à dire que certains poètes (et Baudelaire en
particulier) vont chercher les sujets de leurs poèmes et puiser leur
inspiration dans ce qu’il y a de plus laid, de plus sale, de plus
immoral dans le monde.
La deuxième partie de la citation mêle des
termes péjoratifs semblables à ceux de la première partie (on retrouve le
terme « sous-sol ») et des termes mélioratifs : « fleurs » (qui renvoie
très explicitement au titre du recueil de Baudelaire) et « chanter ».
La deuxième partie de la citation sous-entend qu’il est possible
de trouver de la beauté dans ce qui est laid/sale/immoral : elle fait
donc référence au processus alchimique baudelairien (on retrouve
d’ailleurs le terme« boue » dans la citation de Fondane).Conséquences
sur le plan : Il faut, dans un premier temps du→ Il faut, dans un
premier temps du devoir, se concentrer sur la première partie de la
citation, pour montrer que ce que dit Fondane est juste :
effectivement ,l’œuvre de Baudelaire (et de certains poètes) se
concentre sur ce qu’il y a de plus laid/sale/immoral dans le monde.
Il faut,
dans un deuxième temps du devoir, se→ Il faut, dans un premier temps
du concentrer sur la deuxième partie de la citation, pour montrer à
nouveau que ce que dit Fondane est juste : effectivement, l’œuvre de
Baudelaire (et de certains poètes) est une mise en œuvre du
processus alchimique qui consiste à trouver de la beauté dans ce qui est
laid ou immoral.
II.
Proposition de plan et de problématique A partir de
l’analyse du sujet faite ci-dessus, on peut d’ores et déjà déterminer deux
grandes parties, se concentrant chacune sur l’un des deux temps de la
citation de Fondane, pour démontrer que son propos est globalement
assez juste.
Cela donnera un plan du type :
I.
Thèse 1 : première partie de la citation de FondaneII.
II.
Thèse 2 : deuxième partie de la citation de Fondane
Mais il ne faut pas oublier que la question accompagnant la citation
appelle à discuter la pertinence de cette dernière, et à en envisager les
limites (« dans quelle mesure… ? »).
On peut donc envisager une
troisième partie pour ce devoir, du type
III.
Antithèse : les limites de l’affirmation de Fondane
Dans cette troisième partie, il
faut veiller à ne pas sortir du
cadre du sujet en parlant de
poèmes n’ayant strictement
rien à voir avec la question
du processus alchimique
poétique.
Il ne faut pas non
plus être caricatural et
affirmer
que, dans certains poèmes
des Fleurs du Mal, Baudelaire
fait exactement le contraire
de ce qu’affirme Fondane.
L’idée est de nuancer les
propos du critique et d’en
montrer les limites, pas de
montrer qu’ils sont
totalement faux
(après avoir démontré leur
pertinence dans les deux
premières parties du devoir,
cela serait peu cohérent…) ou
de
parler de poèmes sans aucun
lien avec l’idée du processus
alchimique.
Pour ce qui est des exemples,
il faut s’efforcer de s’appuyer
au maximum sur l’œuvre au
programme (les Fleurs du
Mal), sans oublier les poèmes
vus dans le cadre du
parcours « alchimie
poétique : la boue et l’or » ou
d’autres textes
vus dans un autre cadre,
mais ayant un lien avec le
sujet.
Un ratio du type « 2/3
des exemples tirés des Fleurs
du
Mal – 1/3 des exemples
consistant en d’autres textes
» semble satisfaisant et
équilibré.
Problématique
:
Fondane a-t-il raison
d’affirmer que certains
poètes, en particulier
Baudelaire
dans Les Fleurs du Mal,
s’attachent à chercher leur
source d’inspiration dans un
monde laid et
immoral, avant de tenter de
sublimer cette laideur morale
et physique en en faisant
émerger la
beauté ?
Plan
:
I.
[Thèse : 1ère partie de la
citation] Effectivement, pour
puiser son inspiration,
Baudelaire dans
Les Fleurs du Mal (et certains
poètes) descendent dans un
« sous-sol » où règnent la
laideur et le
mal
1.
Le goût pour «
le laid
»
: une des
caractéristiques des Fleurs
du Mal , affichée et
assumée par Baudelaire
- Le terme « Mal » figure en
bonne place dans le titre
- Le poème liminaire, « Au
lecteur », réaffirme cette
volonté de Baudelaire de se
tourner vers ce qui est laid
et mauvais : « Aux objets
répugnants nous trouvons
des appas / Chaque jour vers
l’Enfer nous descendons
d’un pas / Sans horreur, à
travers des ténèbres qui
puent »
- Les Fleurs du Mal ont fait
l’objet d’un procès et d’une
condamnation en 1857, lors
de la première
publication, à cause de ce
goût affiché pour la laideur et
le mal : les pièces les plus
scandaleuses ont été
censurées (6 poèmes)
2.
Chez Baudelaire, «
le
laid
» prend de multiples
formes
- Des poèmes consacrés à
des « objets répugnants » : «
Une charogne »
- Des poèmes consacrés au «
stupre » et à la « honte », cà-d au mal moral : les
poèmes du Spleen, les
poèmes évoquant les Enfers,
Satan ou des créatures
maléfiques telles que les
vampires
- Souvent, objets répugnants
et mal moral se mêlent,
comme dans « Les
Métamorphoses du vampire
», où
la femme, en plus d’être une
créature repoussante, incarne
l’immoralité et mène le poète
à la mort
3.
En dehors de Baudelaire,
d’autres poètes manifestent
un goût affirmé pour ce qui
est laid et immoral
- S’appuyer sur les textes
du parcours vus en classe
(choisir un exemple que l’on
maîtrise bien et le
développer précisément) et
éventuellement des œuvres
d’art pour élargir la réflexion
(La Raie de Chardin
par exemple)
e
II.
[Thèse : 2 partie de la
citation] Effectivement,
Baudelaire dans Les Fleurs
du Mal (et certains
poètes) parvient à
transformer la laideur, la
saleté, l’immoralité en beauté
1.
Trouver de la beauté dans
le mal et la laideur
: une
recherche au cœur du recueil
de Baudelaire
- Le terme « fleurs »,
employé par B.
Fondane,
figure dans le titre du recueil
de Baudelaire : le projet des
Fleurs du Mal est bien de
trouver de la beauté (1er sens
possible du terme « fleurs »)
dans le Mal et d’écrire
des poèmes (2e sens possible
du terme « fleurs ») en
puisant son inspiration dans
le Mal
- Ce projet est réaffirmé dans
un projet d’épilogue pour la
2e édition des Fleurs du Mal :
« Tu m’as donné ta
boue et j’en ai fait de l’or »
2.
Le processus alchimique à
l’œuvre chez Baudelaire
- La laideur physique est
sublimée (multiples exemples
possibles dans le recueil : il
faut en choisir un que
l’on maîtrise bien et le
développer précisément)
- La laideur morale
également (même remarque)
3.
Un concept à l’œuvre chez
d’autres poètes
- S’appuyer sur les textes du
parcours vus en classe et
éventuellement des œuvres
d’art pour élargir la
réflexion
- Certains exemples peuvent
permettre d’affirmer qu’il y a
des poètes qui vont plus loin
que Baudelaire dans
le processus alchimique :....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Baudelaire, dans l’appendice aux Fleurs du mal, écrit : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. » En quoi ce vers éclaire-t-il votre lecture du recueil de Baudelaire ?
- Lorsqu’il évoquait sa démarche poétique, Charles Baudelaire expliquait parfois qu’il prenait de la boue pour en faire de l’or, ouvrant ainsi la poésie sur le monde du laid et de la beauté cachée.
- À QUEL CÉLÈBRE POÈME DE BAUDELAIRE LA RÉPLIQUE SUIVANTE DU DUC D'AUGE FAIT-ELLE RÉFÉRENCE : « - LOIN ! LOIN ! ICI LA BOUE EST FAITE DE NOS FLEURS » ? (p.15)
- BAUDELAIRE: «Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or».
- Texte d’étude : Charles Baudelaire, « L’Ennemi », Les Fleurs du Mal (1857): Le temps mange-t-il la vie ? (HLP Philo)