ALBERT CAMUS et la tentation de l'absurde
Publié le 04/02/2019
Extrait du document

Romans et nouvelles
1942: L’étranger
1947 : La peste (prix des Critiques)
1956 : La chute
1958 : L'exil et le royaume
Théâtre
1944 : Le malentendu
1945: Caligula
1948: L'état de siège
1949 : Les justes
Adaptations théâtrales
1953 : La Dévotion à la Croix
(Calderôn de la Barca)
1956: Requiem pour une nonne (Faulkner)
1959: Les Possédés (Dostoïevski)
Essais
1937 : L'envers et l'endroit
1938: Noces
1942 : Le mythe de Sisyphe
1945 : Lettres à un ami allemand
1950 : Actuelles I
1953 : Actuelles II
1957 : Réflexions sur la peine capitale
(avec Arthur Koestler)
1958 : Actuelles III
Le temps de la révolte
Publié en 1947, La peste révèle au grand public le nom de Camus et inaugure un nouveau cycle: celui de la révolte. Alger la douce, Tipasa la païenne sont loin. Loin le soleil et la mer rédemptrice. Loin les pierres romaines sur lesquelles l’adolescent aimait à s’allonger. Loin la vie bruyante du quartier Belcourt, les cris d’enfants. L’action se déroule à Oran, une cité «laide», «sans pigeons, sans arbres et sans jardins, où l’on ne rencontre ni battements d’ailes ni froissements de feuilles». C’est sur ce paysage immobile et sans charme que s’ouvre le roman, rapidement parcouru par un vent de mort: la peste, colportée par une armée de rats qui s’est engouffrée dans la ville, sème la terreur et décime la population.
Ce roman du Mal, physique et moral (on peut y voir une allusion au fascisme, à la «peste brune»), tranche avec les œuvres précédentes de Camus. Plus du tout résignés, les personnages se battent pour eux-mêmes et pour autrui: le père Paneloux, avec sa foi; le docteur Rieux, avec sa science; l’intellectuel Tarrou, distant puis compatissant. Frères de combat, comme Camus, Pascal Pia et Louis Aragon pendant la Résistance, ils luttent jusqu’au bout, même s’ils savent que la lutte est sans espoir. L’absurde demeure, comme la mort, toujours scandaleuse, mais l’homme a fait valoir ses valeurs: la religion, la morale, l’amitié.
Parfois pourtant, ces valeurs semblent stériles et l’abîme, sans fond. C’est en tout cas ce que ressent Clamence, le héros de La chute, roman publié en 1956, soit quatre ans avant la mort de Camus. Œuvre atypique, ce roman amer relate sous la forme d’une confession-réquisitoire le chemin de croix d’un avocat déchu, réfugié à Amsterdam. Pourquoi une existence aussi misérable, peut se demander le lecteur ? Est-ce par simple tentation de l’absurde ou parce que, comme l’écrivait Camus, «il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre».
Caligula, mis en scène par Youssef Chahine. «J’ai besoin de la lune ou de l’immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde «, clame Caligula, l’empereur sanguinaire, après avoir perdu sa sœur et amante Drusilla. Déjà au centre de L’étranger, la mort, administrée ici en série, de manière organisée, apparaît une nouvelle fois comme la seule réponse possible à l’absurde.
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