Agota Kristof L'épidémie
Publié le 10/05/2013
Extrait du document
«
Français moderne : Propédeutique BA
Séminaire d'analyse de texte : Agota Kristof André
Morais
Professeur responsable : C.
Le Quellec Cottier avril 2013
contrôle de l’action de la pièce.
Il donne l’impression que tout est entre ses mains.
La préparation
d’un plan se dessine.
Dans ses répliques, certains verbes sont conjugués à l’impératif.
Autrement
dit, il donne des directives, des ordres, comme s’il était celui qui dirigeait tout le monde : « Vous
n’allez pas jouer aux délicats, non ? Allez, dehors ! », « Prenez cette petite bombe.
Vous la lancez
dans le bistrot.
Il faut qu’il y ait ces deux types dedans.
Et le patron, bien entendu ».
Convainqueur en vient même à agir physiquement.
On le voit dans la didascalie à la fin de la
page 147 : « Convainqueur pousse les deux hommes vers la sortie.
Ils sortent.
».
Les réactions
des personnages, quant à elles, sont surprenantes.
Ils se soumettent à la volonté de Convainqueur
et exécutent ses ordres sans manifester un refus.
La réponse de Pompier 1 est claire : « À vos
ordres ! ».
En outre, des questions sont formulées par tous les personnages et Convainqueur est
celui qui y répond : « Et moi, qu’est-ce que je fais ? », « Pour quoi faire ? ».
Il a réponse à tout, il
sait exactement ce qui va se produire.
Ainsi, il révèle à Sauveur, lequel l’a questionné sur ses
agissements, la finalité de son plan : « Pour répandre l’épidémie.
Vous serez le premier de la
série.
», « Nous allons d’un village à l’autre avec un contaminé comme vous.
Il passe le virus à
tout le monde, et quand il ne reste plus personne, nous rasons le village.
C’est simple.
», « Il faut
faire de la place.
Pour des usines, des autoroutes, des bases de toutes sortes.
».
Ces révélations
constituent un tournant.
Tout ce qui était complètement fou répond désormais à une logique.
Tout
ce qui fut entrepris auparavant était motivé.Alors que Convainqueur monte en puissance, un
renversement a lieu.
Convainqueur perd le contrôle, car son plan est perturbé.
Le premier signe
de cette perturbation est le retour d'Homme 1 et Homme 2 qui étaient supposés être mort dans le
bistrot.
Dès lors, Convainqueur est surpris : « Comment cela se fait-il ? », « Vous avez...
euh...
fini avec...
vos dettes ? », « Vous n’étiez pas dedans ? » Il enchaîne ensuite une série de questions
dont il n'a plus les réponses.
L’assurance qu’il dégageait dans la fin de la scène 12 s’est dissipée.
On le voit en proie au doute, d’où les nombreuses questions qu’il pose.
Apprenant plus tard que
l’hélicoptère est détruit, il est d’autant plus stupéfait : « Vous l’avez vu ? Où est-il ? », « Vous
n’avez pas démoli l’hélicoptère ! », « Vous l’avez détruit ? ».
Convainqueur manifeste des
failles.
Il ne contrôle plus la suite des événements.
Sauveur, le cobaye qui devait être le premier
contaminé de la prochaine épidémie, finit par mourir.
Le plan de Convainqueur est ainsi
totalement déjoué.
Après la mort de Sauveur, quand il demande ce qui va advenir de sa vie : « Et
moi ? », on comprend dès lors qu'il est tellement accablé qu’il ne maîtrise même plus son propre
destin.
Dans cette seconde partie, l’analyse se consacre sur le processus de contamination de Sauveur.
La
didascalie de la page 145 de la scène 13 : « Sauveur entre, il est hors de lui », permet de constater
que l’état de sauveur n’est plus stable, comme nous avons pu le voir dans la première partie.
Il va
au contraire devenir progressivement fou à partir de la scène 13.
Nous pouvons notamment voir
son hésitation et son trouble : « On dirait...
on dirait...
qu’il n’y a plus de village...
il n’y a plus de
maisons...
il n’y a personne...
nulle part.
».
Les points de suspensions montrent l’inachèvement
des phrases et accentuent le trouble du personnage.
On remarque également des répétitions de
structures comme « on dirait… on dirait», ainsi que « il n’y a plus de maisons » et « il n’y a
personne».
Sauveur est donc déstabilisé à cause de la disparition de sa voiture, de la totalité du
village.
C’est ce qui fait germer en lui cette soudaine folie.
C’est une perte de repères qui cause le
le début d’un changement de l’état de Sauveur.
Il est abasourdi.
Et son état ira en se dégradant au
fil des scènes.
Sauvée étant le seul lien qui lui permettait d’entrevoir un espoir, mais elle
disparaîtra et Sauveur s’exprimera nouvelle fois par des répliques hachées.
Notons que ses propos.
»
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