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Acte III, scène 1 de Phèdre de Jean Racine (résumé et commentaire)

Publié le 13/09/2018

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racine

Phèdre s'abîme à nouveau en son désespoir. Peut-elle recevoir les Athéniens, venus honorer leur régente ? Peut-elle se montrer en public, elle qui a parlé, qui a révélé ce que jamais on ne devait entendre, et essuyé ainsi les mépris d'Hippolyte ? Œnone n'aurait pas dû empêcher sa maîtresse d'accom-plirson funeste dessein ! La nourrice s'efforce de ramener la malheureuse à la raison : il faut éteindre cefeu criminel, fuir l'ingrat, régner enfin ! Mais Phèdre est-elle capable de régner, alors qu'elle ne parvient pas à se maîtriser elle-même et glisse vers la mort ? « Fuyez », s'écrie Œnone.

 

Est-ce possible ? La reine s'est déclarée, l'espoir s'est allumé en son cœur, Hippolyte peut-être, qui n'a jamais encore entendu parler d'amour, se laissera fléchir ! Et Phèdre, ignorant les sages avertissements de sa confidente, se prend à faire des projets : Œnone doit l'aider à trouver le moyen de séduire le jeune homme. Insensible à l'amour, Hippolyte est sans doute ambitieux. Phèdre lui offrira la couronne et se rangera avec son fils sous ses lois. Il faut tout tenter : qu'Œnone courre trouver le rebelle, qu'elle lui dépeigne les cruels tourments de la reine, qu'elle s'abaisse jusqu'à la supplication ! Phèdre attendra son retour pour disposer d'elle-même.

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« L'action tragique La Phèdre d'Euripide se suicidait aussitôt après avoir vu son amour dédaigné par Hippo lyte.

Contre toute attente , dans la même situation, l'héroïne racinienne entreprend de surmon­ ter cet horrible obstacle qu'est l'indiff érence de l'être aimé et de gagner le cœur qui lui est fermé.

À la Phèdre moderne est donnée la liberté : 1.

de choisir entre les deux exigences qui constituent le dilemme tragique: or la reine refuse d'opter pour la>, pour ses devoirs politiques et le renoncement héroïque (v.

753-763) ; 2.

de ne pas persévérer dans l'erreur passionnelle: or l' amoureuse s'abandonne à l'e spoir et à ses> (v.

765 7 72; 781-786); 3.

de quitter le lieu dangereux pour la paix de l'âme : or Phèdre repousse cette solution efficace que serait la fuite (v.

763).

Cette liberté est nécessaire dans l'univers racinien pour qu'il y ait responsabilité et culpabilité ; le héros ne l'utilise jamais que pour sa perte.

De ce point de vue, la règle des trois unités fonctionne comme un piège infernal.

L'unité d'action, c' est-à-dire de péril, d'intérêt force Phèdre à agir; la limita­ tion féroce du temps la contraint à passer rapidement de la honte et de la plainte (v.

738-752) à l'a cte irréfléchi (v.

790- 812 ) ; l'unité de lieu l'emprisonne et la livre sans échappa­ toire possible à la folie de ses sens.

Phèdre renonce donc à mourir et décide de vivre , d'a gir; mais au cœur de l'action tragique il y a le malheur et la mort.

Œnone ou le double Tout se passe ici comme si Racine transférait dans le per­ sonnage de la confidente une certaine part de Phèdre elle­ même.

Œnone incarne sur la scène la lucidité perdue de la reine (v.

772 -789), la dimension exigeante, et occultée, de la conscien ce, l'adaptation nécessaire et ignorée aux faits, en l'occ urrence (v.

776) d'Hippolyte.

«Étrangère à la libido amandi qui obsède Phèdre, elle représente l'ins­ tinct de conservation ...

Tournée vers la réalité [ ...

], elle a tiré la conclusion du fait nouveau que Phèdre nie : le refus d' Hippolyte.

Il est redevenu pour elle le fier ennemi, l'odieux. »

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