Acte II de Phèdre de Jean Racine (résumé et commentaire)
Publié le 13/09/2018
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La cérémonie dramatique
Phèdre suffirait à illustrer l’aspiration du classicisme à l’équilibre à l’harmonie, et à montrer que l’exigence esthétique modèle, voire impose le déroulement de l’intrigue. Cette tragédie est en effet construite sur de savantes symétries, sur des actions, des entrevues, des situations analogues.
À la première scène de l’acte 1, où Hippolyte avouait son amour à son confident, correspond la scène 1 de l’acte II, où Aricie révèle à Ismène, sa confidente, qu’elle aime Hippolyte. À la scène 2 de l’acte II, où Hippolyte finit par déclarer sa passion à la jeune fille, répond la scène 5 du même acte où Phèdre ne peut plus dissimuler la sienne au jeune homme.
La dualité de l’acte, considéré dans son ensemble, est par ailleurs significative : sa première moitié est consacrée à l’amour partagé d’Hippolyte et d’Aride, la seconde à l’amour solitaire et dédaigné de Phèdre. Ainsi l’antithèse assure la progression dramatique et avive le crescendo pathétique. Le primat de l’esthétique s’affirme également dans la construction des personnages : Aricie est le double féminin d’Hippolyte, puisqu’hostile d’abord à l’amour, elle est enfin vaincue par lui; Hippolyte

«
intérêts
politiques à sa passion, se rangeait sans hésiter sous les
lois de la bien-aimée (scène 2).
Si l'on a été sévère ensuite pour ces tendres amants et leurs
délicates amours, la Ville et la Cour pensaient autrement.
For
més par la lecture des romans, par les tragédies >
à la mode, à une éthique et une esthétique venues de la litté
rature courtoise et retrempées par la préciosité, les specta
teurs du temps prenaient peut-être plus de plaisir à voir et à
entendre Hippolyte et Aricie que la sombre Phèdre.
La cruauté tragique
Pourtant Racine échappe au romanesque en faisant planer
sur les > de son théâtre les ombres de l'inter
dit, de la honte et du remords, en mettant dans le cœur de
ses jeunes amants une passion qui n'est guère différente de
celle éprouvée par leurs ennemis.
> (J.
Morel).
Il n'en ira pas autrement pour Phèdre et la longue scène où
elle se déclare au jeune homme reprendra sur le mode majeur
le thème de la cruauté de l'amour, de cet amour -péché qui
est aussi nostalgie de l'innocence, de la pureté.
L'unité de ce
second acte est profonde, qui réside dans cette ambiguïté fon
damentale de la passion amoureuse.
L' ironie ou plutôt la> (Jacques Sche
rer), qui anéantit les rêves de bonheur et les amours idylliques,
triomphe dans la construction de l'acte, dans son implacable
progression dramatique.
Les scènes presque lumineuses du
début cèdent la place aux scènes pleines de de la
fin , à la plainte ou à l'ef froi, à un geste suicidaire, à un mou
vement de fuite général e, à l'inquiétante nouvelle que Thésée
peut-être n'est pas mort.
Le poids du tragique enfin est d'autant plus oppressant que
le spectateur connaît la légende et son funeste dénouement.
Pour les personnages cet acte est celui de la liberté , recou
vrée, d'aimer et d'a gir : Hip polyte et Aricie sont tout à leurs
pro jets d'avenir et de mariage, Phèdre s'abandonne à l'illusion
de séduire son beau-fils ; mais ce que disent et font les mal
heureux est interprété d'une autre manière par le public ; il
faudra bien refermer la parenthèse heureuse ! Et renouer avec
la ...
tragéd ie! Il n'est pas jusqu'à la doctrine classique de l'imi-.
»
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