Acte I, Scène 1 Le Jeu De L'amour Et Du Hasard De Marivaux.
Publié le 06/09/2018
Extrait du document
Conclusion
a)Bilan : Cette scène d’exposition par sa gaîté et sa vivacité, où tour à tour maîtresse et suivante prennent l’avantage, permet de présenter au spectateur ces deux personnages de façon naturelle. Leurs différences sont soulignées. Chacune cherche à convaincre l’autre de sa vision de l’homme idéal. Lisette apparaît plus matérialiste dans ses goûts mais aussi plus respectueuse des conventions sociales. Silvia, plus consciente des réalités et des désillusions que le mariage engendre, veut préserver sa liberté en évitant les hasards d’un mariage malheureux. Sa critique des apparences justifie par avance le stratagème qu’elle va imaginer pour mieux connaître la véritable identité de son prétendant.
b)Ouverture : Au siècle précédent, avec Molière et notamment dans Tartuffe (1664) et Les Femmes savantes (1672), les mariages arrangés par les parents sont souvent montrés sur scène. Les géniteurs se préoccupent assez peu des sentiments de leurs enfants. Avec Marivaux, les choses ont un peu changé et M.Orgon souhaite que sa fille se marie avec un homme qu’elle aime, c’est pourquoi le jeu de travestissement va être possible et fera naître les sentiments.
«
Quant à Silvia, elle est méfiante et inquiète : « peut-être ne me conviendra-t-il point.
» Elle émet des
doutes sur les bienfaits du mariage et met en valeur un argument de poids à la fin de la scène : si certains
hommes paraissent adorables en société, ils se montrent souvent froids et mutiques avec leur femme
(Léandre) et les contrarient (Tersandre).Ils paraissent pourtant sereins juste après la dispute et dissimulent
bien leurs défauts en société.
Il faut donc se méfier des apparences, nous dit Silvia !Son incertitude est marquée par des interrogations : « que sais-je ? (l.34)Qui a vécu avec lui ? (l.69-70)
» et des adverbes modalisateurs : « peut-être », c’est « presque » tant pis.
Son inquiétude porte sur l’avenir.
Le futur des verbes en est la preuve : « peut-être ne me conviendra-t-il point ».
Ce futur cède la place au
conditionnel présent, elle n’est pas sûr de partager l’idée que tout le monde se fait de l’homme idéal : « je
pourrais bien n’être pas de ce sentiment -là, moi.
» (l.50)
On peut dire également qu’elle est réfléchie puisqu’elle se questionne sur le mariage et va plus loin que
l’opinion communément admise, notamment lorsqu’elle cite l’exemple de trois hommes (Ergaste, Léandre et
Tersandre) très aimable en société, mais durs dans la vie conjugale.
Elle se méfit des apparences et
privilégie le BON CARACTERE.
-présentation indirecte du jeune homme que Silvia doit épouser.
Portrait réalisé par Lisette : « bien
fait, aimable, de bonne mine », de l’esprit, beau caractère « meilleur caractère » (l.37-39).
Plus loin, elle
ajoute qu’il est « sociable et spirituel ».
Il sait donc vivre en société et se comporter au milieu des autres.
On
pense qu’il est capable de faire naître l’amour par ses qualités physiques « bien fait » et qu’il est propre à
faire naître des sentiments puisqu’il est aimable.
« spirituel » signifie « qui a de l’esprit ».
« aimable » : qui est digne d’être aimé, qui a le don de plaire.
b)Enjeu de la pièce
-Nœud de l’action/Enjeu : Silvia épousera-t-elle le jeune homme qui lui est destiné ?
-Le dialogue met en avant les incertitudes et les rêves que ce projet fait naître chez les jeunes filles :
l.34, « cela m’inquiète », dira Silvia
Lisette ne voit que du positif dans ce mariage, car l’homme est charmant : « tout en sera bon dans cet
homme-là, l’utile et l’agréable, tout s’y trouve.
» (l.47-48).
II-Une querelle entre la maîtresse et sa suivante
a)L’enjeu de la dispute
Dans la première scène des Femmes savantes, Henriette et Armande se disputent pour savoir si une
fille doit se réjouir de se marier.
Dans cette scène, ce ne sont pas deux sœurs qui se disputent mais une
maîtresse et sa femme de chambre.
Silvia met en question l’idéal stéréotypé du mari aimable et bien fait.
Elle explique sa réticence sous forme d’une maxime écrite en chiasme : « Dans le mariage, on a plus
souvent affaire à l’homme raisonnable qu’à l’aimable homme.
» Elle insiste sur le fait que la raison est plus
forte que l’amour qu’il peut faire naître en nous, son pouvoir de séduction (= « aimable »).
Ce qui compte,.
»
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