ACTE I, SCÈNE 1 des Fourberies de Scapin de Molière (commentaire)

« qu'à chercher l'autre.

Ah !ma foi, le voici.

Il semble que le Ciel, l'un après l'autre, les amène dans mes filets » [Il, 6,fin de la scène]), de toutes les surprises.

Des bonnes surprises: ainsi Géronte pourra rencontrer la nourrice de safille, qu'il croyait perdue, au troisième acte (scène 7); et des mauvaises surprises : Argante tombe sur le spadassin,joué par Silvestre, qui se prétend frère d'Hyacinte (Il, 6); Géronte, lui, tombe sur les hommes d'armes, incarnés parScapin, qui le cherchent partout et le rouent de coups alors qu'il est caché dans le sac.

Bref, le carrefour, c'est lelieu où Scapin va pouvoir déployer librement toutes ses fourberies, et, la chose faite, d'où il pourra s'enfuir en toutesécurité jusqu'au moment où il réapparaîtra pour obtenir son pardon. ACTE I, SCÈNE 1 RÉSUMÉ Le jeune Octave, désespéré, vient d'apprendre de son valet Silvestre que son père est rentré de voyage.

Nonseulement il ramène une jeune fille pour la lui donner en mariage, mais il ne manquera pas d'être informé de tout cequ'Octave a fait en son absence.

Le maître et le valet, chacun de son côté, se sentent accablés par ce retour : l'unredoute d'innombrables reproches ; l'autre autant de coups de bâton. Une fausse scène d'exposition Les premiers mots de la pièce - « Ah 1 fâcheuses nouvelles pour un coeur amoureux I» - sont destinés à donnerl'illusion au spectateur qu' I entre d'emblée au beau milieu d'un dialogue d'exposition.

Une information inquiétantevient d'être donnée au jeune premier, et le spectateur ne peu douter qu'il va la connaître à son tour rapidement.

Eten effet l'on ne tard( pas à apprendre que le père du jeune homme vient de rentrer au pays e que celui-ci, ainsi queson valet, en est tout bouleversé.

Seulement leur dialogue, si développé soit-il, ne nous apprend rien de plus.L'accent es mis sur les craintes des deux hommes - qui redoutent l'un réprimandes l'autre coups de bâton -, et surleur incapacité à trouver une solution Quant à la situation préalable, que le retour du vieillard vient bouleverser,nous n'en savons rien. Cette scène d'exposition est donc une fausse scène d'exposition, puisqu'elle met en place un effet d'attente au lieude combler le désir d'information du spectateur.

Cependant elle n'est pas totalement dénuée d'informations.

Elle meten place un climat: climat d'inquiétude devant un bouleversement auquel il faut absolument porter remède; climatd'urgence, puisque le père du héros va surgir d'un instant à l'autre; climat d'impuissance, le maître et le valet sesentant incapable d'apporter une réponse appropriée à la situation. Présentation des personnages Cette scène dévoile aussi les relations qui unissent les deux personnages: l'un est un jeune bourgeois encore soumisà la tutelle de son père qu'il redoute, et qui a accompli, en l'absence de celui-ci, des actions inconsidérées etrépréhensibles; l'autre - désigné par son nom dès la première réplique - est un valet qui devait surveiller son jeunemaître, ce qu'on peut déduire de ses craintes devant les coups de bâton (d'une part, c'est le châtiment ordinairedes valets; d'autre part, s'il a peur d'un châtiment, c'est qu'il est responsable du comportement du jeune homme). Enfin la scène donne des indications sur les caractères respectifs des deux personnages : un jeune homme irréfléchiet incapable de se sortir seul du mauvais pas où il s'est lui-même engagé; un valet réprimandeur, mais dénuéd'invention.

Indications d'importance : pour un spectateur qui n'aurait pas prêté attention au titre même de la pièce- Les Fourberies de Scapin annoncent une comédie à l'italienne -, les deux personnages dévoilent d'emblée qu'ils se rattachent à des types de la comédie à l'italienne : le jeune premier étourdi et le valet balourd.. »