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Acte I de Phèdre de Jean Racine (résumé et commentaire)

Publié le 13/09/2018

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L'acte de l’exposition

 

C'est « le premier moment du poème dramatique» (R. Bray). Sa fonction est de présenter les personnages au spectateur et de donner à celui-ci tous les renseignements indispensables à une bonne compréhension du déroulement de l'intrigue. Plusieurs dangers guettent ce début, comme d'être trop lent, trop statique, ou bien peu vraisemblable, peu naturel, gâché par une narration pesante ou un exposé maladroit. Le paradoxe au fond est que l'exposition doit renvoyer à ce qui est antérieur à l'action et déjà être cette action, autrement dit qu’elle ne doit pas avoir l'air d’être une exposition ! Ses qualités essentielles sont, selon les termes d'un critique du temps, d'être « entière, courte, claire, intéressante et vraisemblable ».

 

Racine accède sans peine à cet idéal et crée d’emblée la tension dramatique nécessaire. Trois scènes lui suffisent pour rassembler la plupart des éléments de l’intrigue, et elles sont aussi des scènes d'action et de passion. Dès la scène 4, une péripétie met irrémédiablement en marche << la machine infernale >> (Jean Cocteau) de la tragédie.

 

Les amours interdites

 

Chaque acte d'une tragédie classique contient un ou deux sommets (des << clous >> en jargon de théâtre). Deux grandes

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« scènes parallèles (1 et 3) présentent les deux protagonistes et révè lent que chacun d'eux nourrit en son cœur une passion coupa ble.

L'a mour d'Hippolyte pour Aricie d'un côté (il faudra attendre le second acte pour apprendre que cet amour est réciproque), celui de Phèdre pour Hippolyte de l'autre constituent une his­ toire à deux fils, non pas parall èles, mais entrelac és, selon un procédé cher à Racine, la fameuse chaîne des amours non partagées : Phèdre aime Hippolyte qui aime Aricie.

La règle de l'unité d'action est bel et bien respectée.

C'est une erreur sans doute de croire qu'un fil (les amours d'Hi ppolyte) est second aire et subordonné à un fil principal (la passion de Phèdre), car les spectateurs de l'époque devaient éprouver un égal intérêt pour l'un et l'autre des protagonist es, pour les amours romanesques et malheureuses des jeunes amants comme pour le supplice de Phèdre.

Le premier titre de la pièce n'était-il pas, à la création, en 1677, Phèdre et Hip polyte? Il est vrai qu'en 168 7 Racine ne retint plus que le seul nom de Phèdre ne faisant ainsi qu'entériner la trans­ fo rmation assez rapide, aux yeux du public, et définitive pour la postérité, de la pièce en œuvre monodique *, dont la pathé­ tique héroïne a quelque peu rejeté dans l'ombre les autres personnages.

Dans cette perspective, la scène 1, qui présente d'abord Hippolyte vaincu par l'amour, apparaît comme le prélude en mineur de la scène 3, qui montre Phèdre foudroyée par le désir amoureux.

En ce qui concerne l'agencement de l'intrigue, l' habileté du dramaturge est d'avoir fait paraître Hippolyte en premi er: la situation et l'état de Phèdre seront d'autant plus pathétiques que le spect ateur saura, en la voyant et en l'écou­ tant, que son amour n'est pas partagé ! Une dramaturgie dynamique Tout dans cet acte est action dramatique .

L' intrigue d'une pièce classique oppose aux volontés et aux désirs des héros toutes sortes d'obstacles : le conflit qui en résulte est ce qu'on appelle le .

Sans obstacle, pas de nœud ni de pièce.

Or le traitement de l'obstacle est chez Racine d'une com­ plexité et d'une efficacité diaboliques.

Phèdre et Hippolyte voient en effe t se dresser devant leurs passions respectives :. »

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