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ACTANT; ACTEUR

Publié le 14/11/2018

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ACTANT; ACTEUR. Acteur, du latin actor, de agere, « agir », est repris ici dans son sens le plus large d’« agent » (le sens usuel, au théâtre, n’apparaît en français qu’au début du xvir siècle). Actant a été formé sur le participe présent du latin agere par le linguiste L. Tesnière (Éléments de syntaxe structurale, Paris, 1965). Il s’oppose à action comme sujet s’oppose à prédicat.

 

Le mot actant a été diffusé par A.-J. Greimas (voir Bibliographie) et ses élèves, pour désigner les rôles et les fonctions dans la narration, sur le modèle des rôles et des fonctions dans la phrase.

 

L’actant est celui ou plutôt ce « qui accomplit ou subit l’acte, indépendamment de toute autre détermination » (Greimas et Courtès, Sémiotique). Cette abstraction fonctionnelle oppose fondamentalement l’actant au personnage [voir Personnage] et le distingue de la dramatis persona ou « rôle », concept exclusivement humain, utilisé par Vladimir Propp dans sa célèbre analyse des contes populaires russes.

 

Ainsi, dans une analyse des structures narratives chez Bernanos, Greimas distingue comme actants des concepts abstraits, tels que l'espérance, l’humilité, l’amour (Sémantique structurale). Ailleurs (Maupas-sant), il montre dans le conte « Deux Amis » comment l’apparition du pronom ils, désignant les « deux amis » Sauvage et Morissot, manifeste la constitution d’un « actant narratif unique ».

 

Dans l’analyse narrative, les actants sont distribués selon les modalités de l’énoncé; ils investissent des situations narratives qualifiées dès lors de rôles actan-ciels (ou actantiels). Ces derniers, selon leur nature, peuvent être caractérisés comme sujet ou objet, destinateur ou destinataire (de l’acte).

 

Sans entrer dans les présupposés théoriques du concept, on notera que le couple sujet-objet doit être entendu au sens syntaxique et logique, alors que l’opposition destinateur-destinataire (émetteur-récepteur) provient d’un modèle de communication dans l'énoncé : il est donc à distinguer du couple analogue qui organise l’énonciation. Quant au couple assez souvent évoqué de

« l'adjuvam et de l'opposant, il relève plutôt de la typolo­ gie des acteurs.

Le terme d'acteur (sans rapport avec l'emploi classi­ que du mot au théâtre) désigne toute unité du récit, dis­ tincte dans le discours, et notamment nommée de manière stable, par un nom -si c'est un nom propre humain, il s'agit alors d'un personnage du récit.

Cet acteur peut être individué, humain, concret, mais il peut aussi être collectif, non humain, abstrait.

Sur le plan sémantique, l'acteur est investi de rôles « thématiques>> (au moins un).

De même que l'on parle de rôle, de statut actanciel, on parlera de structure actorielle et d' actoria­ lisation pour désigner l'institution des acteurs du dis­ cours narratif par la réunion des composantes syntacti­ ques (actants) ct sémantiques (thèmes du discours).

Dans l'analyse effective des récits littéraires, c'est le remplissage narratif et ses caractères spécifiques qui importent; en effet, l'abstraction qu'est J'actant rend peu compte des catégories intuitives nécessaires que sont les rôles n.arrat(ff fvoir NARRATJONj.

En fait, de l'abstraction de la «fonction dramatique >> (Souriau) aux« deux cent mille situations dramatiques », de l'actant de Greimas aux idiosyncrasies des récits litté­ raires analysées ensuite (Bernanos, Maupassant), est posé le problème des structures élémentaires, profondes, dans leurs rapports aux actualisations observables, réel­ les, sensibles et infiniment variées qu'étudie le critique littéraire.

On comprend qu'à ce niveau du sensible c'est Je concept traditionnel de personnage qui reprend son importance; mais il en est profondément renouvelé.

BIBLIOGRAPHIE Cl.

Brémond, Logique du récit, Seuil, 1973 (s'inspirant de la théorie de Greimas mais critiquant ses développements, l'auteur n'utilise pas les concepts d'actallt et d'acteur, mais son texte en est la critique implicite): A.-J.

Greimas.

Sémantique structurale, Laro uss e, 1966; id ..

Du sens, Seuil.

1970: id., Mau passant.

LCJ sémiotique du texte, Seuil, 1976: A.-J.

Greimas et J.

Courtès, Sémiotique.

Diction­ naire raisonné de la théorie du langage, Hachette.

1979.

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