Accueil de la critique du Le rouge et le noir
Publié le 22/01/2020
Extrait du document
« Un de vos crimes c’est d’avoir exposé à nu et au grand jour certaines plaies (...) trop salopes pour être vues (...). Il y a dans le caractère de Julien des traits atroces dont tout le monde sent la vérité, mais qui font horreur. Le but de l’art n’est pas de montrer ce côté de la nature humaine (...). Vous êtes impardonnable d’avoir mis en lumière les vilenies cachées de cette belle illusion (l’amour) » (Prosper Mérimée, Lettres à Stendhal, LXXIN, p. 221).
Quelques points de vue sur l’œuvre
Sainte-Beuve reproche à Stendhal de créer des marionnettes, et d’être trop partial :
« Il forme ses personnages avec deux ou trois idées qu’il croit justes et surtout piquantes et qu’il est occupé à tout moment à rappeler. Ce ne sont pas des êtres vivants, mais des automates ingénieusement construits; on y voit, presque à chaque mouvement, les ressorts que le mécanicien y introduit et touche par le dehors. Dans le cas présent, dans Le rouge et le noir, Julien, avec les deux ou trois idées fixes que lui a données l’auteur, ne parait plus bientôt qu’un petit monstre odieux, impossible, un scélérat qui ressemble à un Robespierre jeté dans la vie civile et dans l’intrigue domestique :
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!
il finit en effet par l'échafaud.
Le tableau des partis et des cabales du temps, que l'auteur a voulu peindre, manque aussi de cette sulte et cette modération dans le développement qui peuvent seules donner idée d'un vrai tableau de mœurs.
» (Causeries du lundi, t.
IX, p.
330, 9 janvier 1854.)
Plus tard, Zola lui reprochera d'être trop abstrait et de négliger le contexte concret des actions :
(( Personne n'a possédé à un degré pareil la mécanique de l'âme.
Une idée se présente, c'est la roue qui va donner le branle à toutes les autres; puis une autre idée naît à droite, une autre à gauche, d'autres en avant, d'autres en arrière, et il y a des poussées, des retours, un travail qui s'organise peu à peu, qui se comporte, qui finit par montrer l'âme entière à la besogne, avec ses facultés, ses sentiments, ses passions.
Cela emplit des pages; on peut même dire que l'œuvre est faite de cette analyse.
Le logicien conduit ses personnages avec une rigueur extrême au milieu des écarts les plus contradictoires en apparence...
Chacun des carac tères qu'il a créés est une expérience de psychologue qu'il risque sur l'homme ...
Stendhal pour moi n'est pas un obser vateur qui part de l'observation pour arriver à la vérité grâce à la logique; c'est un logicien qui part de la logique et qui arrive souvent à la vérité, en passant par-dessus l'obser- vation...
-
(( Ce que je veux surtout retenir, c'est son dédain du corps, son silence sur les éléments physiologiques de l'homme et sur le rôle des milieux ambiants ...
Jamais le paysage, le climat, l'heure de la journée, le temps qu'il fait, la nature en un mot n'interviendra et n'agira sur les personnages ...
Il reste dans une abstraction voulue, il met l'être humain à part dans la nature et déclare ensuite que l'âme seule étant noble, l'âme seule a droit de cité en littérature.
» (Les roman ciers naturalistes, 1881.)
Avec le recul du temps, les critiques ont su voir dans l'aventùre de Julien un destin exemplaire, qui illustre une
vérité historique dépassant celle de la « société de 1830 ''· Ainsi Paul Bourget :
(( Que Julien Sorel soit un personnage de son époque, c'est trop évident.
Pourquoi hésite-t-il entre la carrière de soldat et celle de prêtre, entre l'uniforme et la soutane? ...
Parce qu'il est un jeune homme de la Restauration, encore enchanté du prestige de Napoléon et qui, dévoré d'ambition, se rend compte que le moyen de parvenir n'est plus au bivouac.
Julien est aussi un provincial avec ce mélange de maladresse
- 73.
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