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ABELLIO (Georges Soulès, dit Raymond)

Publié le 13/02/2019

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ABELLIO (Georges Soulès, dit Raymond), écrivain et homme politique français (Toulouse 1907). Polytechnicien et ingénieur, il est tenté par la politique : il adhère à la S.F.I.O. (1932), puis devient (1935) un des leaders de la Gauche révolutionnaire de Marceau Pivert. Pendant l'Occupation, il se lie à quelques collaborateurs « directement embrayés sur l'action immédiate la moins soucieuse de transparence et de rachat » et devient membre du comité directeur du Front national révolutionnaire, créé à la demande de Pierre Laval. Dégrisé dès la fin de 1942, il prend contact avec la Résistance. Après la guerre, il renonce à toute action proprement politique et, « initié » par un instituteur-guérisseur, Pierre de Com-bas, il se lance dans une réflexion sur l'« histoire invisible ». Il analyse son itinéraire dans une perspective ésotérique (Vers un nouveau prophétisme, 1947 ; la Fin de l'ésotérisme, 1973) et cherche à déchiffrer le sens du destin de sa génération à travers des romans (Heureux les pacifiques, 1947 ; la Fosse de Babel, 1962 ; Visages immobiles, 1983) et des recueils de souvenirs (Ma dernière mémoire) qui « déréalisent » les faits pour dégager leur essence (Un faubourg de Toulouse, 1972 ; les Militants, 1975 ; Sol invictus, 1980).

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)ABELLIO Raymond, pseudonyme de Georges Soulès ( 1907 -1986).

Si Abellio est passé par Polytechnique, s'il a pratiqué tous les échelons de la positivité contempo­ raine, de la phénoménologie au structuralisme, il s'est aussi avancé très loin dans les mysticismes et les spiri­ tualismes de tous poils : 1' auteur de la Bible, document chiffré est allé chercher de nouveaux savoirs du côté de 1' alchimie et de 1' hindouis me, du Talmud et de la Kab­ bale, de 1' occultisme et de 1' ésotérisme.

C'est dire la volonté prophétique de son travail :recherche d'une luci­ dité, d'une voyance qui ne négligerait rien des acquis de la science.

Une voyance volontiers luciférienne, une sorte de théologie négative qu'Abellio imagine comme une réplique à nos univers aseptisés et surpolitisés.

Cette éthique sans moralisme, elle se retrouve dans des romans comme Heureux les pacifiques (1946), un portrait des intellectuels à la veille de 1939, la Fosse de Babel / (1952), Les yeux d'Ezéchiel sont ouverts (1950), une vaste fresque aux accents parfois nietzschéens qui syn­ thétise 1' histoire du monde en tâchant d'y repérer des messianismes pour demain ou dans Visages immobiles (1983).

Comment maintenir la métaphysique tout en la débarrassant des aliénations qui jusque-là lui étaient inhérentes, telle est l'ambition d'Abellio.

Cela revien-drait alors à « projeter la spiritualité dans le social ».

Deux volumes de Mémoires (Ma dernière mémoire) ont paru en 1972.

Les principaux essais d'Abellio (Vers un nouveau prophétisme, 1947; la Bible, document chiffré, 1950; Assomp tion de l'Europe, 1954; la Structure abso­ lue, 1965; la Fin de l'ésotérisme, 1973; Approches de la nouvelle gnose, 1981) reflètent, sur un mode plus abs­ trait, la même ambition.

Et toute 1' œuvre d'Abellio se tient sur cette corde raide, pour ne pas dire illusoire : inventer des sagesses pour les cataclysmes qui se prépa­ rent, en réconciliant la foi et la libération, le logos et la praxis, Dieu et Prométhée.

A.

CLAVEL. »

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