A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Alain Grandbois traitent, dans Cage d’oiseau et Ô tourments, le thème de la fatalité d’une façon similaire ? Discutez.
Publié le 06/09/2018
Extrait du document

Malgré la différence de la présentation du thème de la fatalité dans les deux poèmes, on y voit toutefois plus de similitudes. Les deux possèdent un mal de vivre qui est lisible dans leur œuvre. Il faut admettre que les deux poètes ont vécu dans une époque de difficultés économiques et dans un environnement de guerre. Alors, le mal de vivre pouvait y être généralisé. Les deux auteurs ont su écrire le manque d’espoir des habitants de l’époque. Pour Cage d’oiseau, Saint-Denys Grandbois utilise un champ lexical laissant croire au désespoir de l’auteur avec son négativisme. « mort » (V.5) « tenu captif » (V.13) « retiendrez (V.16) « sang » (V. 22). On se rend alors compte de la lourdeur et du profond mal de vivre de Garneau. Pour Ô tourments, la souffrance et le mal de vivre que vit Grandbois se ressentent par ses écrits. Dès la ligne 30, l’auteur utilise souvent la répétition du mot « pourquoi » qui fait en sorte que le lecteur se questionne sur le mal de vivre du personnage. On ressent que, de jour en jour, la mort se rapproche de lui. Finalement, bien que Garneau et Grandbois symbolisent la fatalité de la mort différemment, elle représente tout de même une libération pour les deux hommes atteints d’un mal de vivre.

«
Sujet de dissertation critique
A-t-on raison de penser que Hector de Saint-Denys Garneau et Alain Grandbois traitent, dans Cage
d’oiseau et Ô tourments , le thème de la fatalité d’une façon similaire ? Discutez.
Pour commencer, le thème de la fatalité est, dans les deux poèmes, abordé à travers l’idée de la mort.
En effet, Saint-Denys Garneau traite de la mort comme étant un évènement inévitable qui approche.
Par
exemple, il affirme de la mort, qu’il illustre à travers un oiseau, que « Lorsque rien arrive / On l’entend
froisser ses ailes / Et quand on a ri beaucoup / S’il l’on cesse tout à coup / On l’entend qui roucoule » (v.
6 -
10).
L’auteur présente dans ce passage l’idée que la mort se prépare à s’emparer du sujet poétique.
Il est
clair que ce sujet est l’auteur, car il est malade et ses jours sont comptés.
Donc, la mort va bientôt s’emparer
de lui, tout comme dans son texte.
Par conséquent, on comprend son incapacité d’éviter la mort qui
approche, ce qui en fait une fatalité.
Grandbois traite lui-aussi la mort comme une fatalité.
Selon lui, «
Bientôt l’ombre nous rejoindra sous ses / paupières faciles » (v.
33-34).
Cette phrase affirmative, agissant
comme personnification, l’utilisation du terme « bientôt » ainsi que l’emploi du futur simple montrent que
la mort, représentée par l’ombre, est dans un futur proche et certain.
Cette certitude illustre qu’il s’agit de
quelque chose d’inévitable, donc d’une fatalité.
En d’autres mots, les deux auteurs traitent du thème de la
fatalité de façon similaire en la représentant par la mort.
Par contre, le rôle qu’occupe la fatalité qu’est la mort dans les deux textes diffère grandement.
De son
côté, Saint-Denys Garneau la représente comme une adversaire qui est en train de l’envahir.
Effectivement,
il se décrit comme étant « Une cage d’oiseau / Une cage d’os / Avec un oiseau / L’oiseau dans [sa] cage d’os
/ C’est la mort qui fait son nid » (v.
1-5).
Par cette métaphore , il est possible de comprendre que la mort,
causée par sa maladie, est à l’intérieur de lui comme un oiseau dans une cage.
D’un autre côté, Grandbois
est plutôt en combat contre ses tourments.
Ceux-ci se renvoient à l’écriture, le malaise qui est issu par
l’inaccessibilité de l’écriture et le manque de création qu’il ressent.
De ces tourments, il affirme qu’ils «
[possèdent] l’éternelle dureté des rocs / Et les adorables épées du silence ont en / vain défié [leurs] feux
noirs » (v.
7 -9 ).
Ces vers libres, caractéristiques des poètes de la solitude, illustrent que l’auteur est bel et
bien en combat avec ses tourments.
Ceux-ci semblent inébranlables, car ils sont durs comme le roc et
invincibles.
Leur pouvoir destructeur, leur feu, laisse le sujet poétique dans le néant, le noir.
Il est donc clair
que l’adversaire dans Ô tourments correspondent aux tourments du sujet poétique, et non de la mort.
Bref,
bien que les deux auteurs représentent la fatalité à travers la mort, cette fatalité occupe deux rôles distincts
dans les deux textes.
Malgré ceci, la mort est tout de même représentée de façon plus similaire que différente par les deux
auteurs, car tous deux traitent de cette fatalité comme marquant la fin au combat décrit précédemment.
Pour Saint-Denys Garneau, l’oiseau se retrouvant à l’intérieur de lui va inévitablement vaincre le sujet.
En
effet, « il ne pourra s’en aller / Qu’après avoir tout mangé / [Son] cœur / La source de [son] sang / Avec la
vie dedans / Il aura [son] âme au bec » (v.
19-24).
Par ceci, le lecteur est à même de comprendre que la
mort va s’emparer du sujet poétique.
L’oiseau, son adversaire, va le consommer au complet.
C’est d’ailleurs
cet évènement qui marquera la fin de son combat.
Pour Grandbois, c’est à la mort que le sujet poétique et
les tourments vont se rejoindre.
En effet, l’auteur affirme que, suite à ce que l’ombre les rejoigne sous ses
paupières, « [ils] seront comme des tombes sous / la grâce des jardins » (v.
35-36).
L’emploi du « nous
» dans cette comparaison avec les tombes, montre que le sujet poétique et ses tourments qu’il affronte tout
au long du poème vont se retrouver unis à la mort.
Ils ne seront plus des adversaires, mais bien qu’un seul.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Émile Nelligan présentent, dans Cage d'oiseau et Les Corbeaux, une même vision de la fatalité ? Discutez.
- Cage D'oiseau Et O Tourments - Saint-Denys Garneau et Alain Grandbois
- La fatalité chez Saint-Denys Garneau et Grandbois
- SAINT-DENYS GARNEAU Hector (vie et oeuvre)
- SAINT-DENYS GARNEAU Hector