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A. Maurois écrit que « les hommes ont toujours vécu au dessus d’un abîme » et que cette situation ne les a pas empêchés « d’aimer, de travailler et de créer ». Que pensez vous d’une telle affirmation ?

Publié le 12/11/2016

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Vous sollicitez, jeunes gens, quelque conseil d'un homme âgé, hors mode, ne devant donc plus avais je cru servir de maître à penser à une génération séduite par les apparences verbales. J’en suis ému. Voici ma première réponse : n’ayez pas une vision attristante d'un monde illogique. L’univers n’est pas constitué pour l’homme, il est lui même, hors conceptions de bien ou de mal ; et la mort n’est pas concept mais fait naturel que nous n'avons pas à redouter. Notre destinée devrait nous terrifier? Mais pourquoi ne pas l’assumer, comme nos ancêtres, simplement, remplaçant leur foi par une autre, celle de l'existence en chacun d’une force intérieure et de notre totale responsabilité dans le destin de l’humanité. Les absolus moraux seraient morts ? Non, les grandes valeurs humaines demeurent, latentes ou manifestes. Que nous attende une totale mutation de corps et d'âme est faux.

André Maurois, de l’Académie française, Lettre ouverte à un jeune homme, « Lettre ouverte » Albin Michel,

 

Paris, 1966.

« monde ne veut rien.

II n'est ni favorable, ni hostile.

On vous a dit que l'homme est un être né pour la mort et que vous devez en éprouver une constante angoisse.

Pourquoi ? La mort n'est pas une pensée.

« Le propre des pensées sur la mort, a écrit Montherlant (3l, c'est qu'e lles ne contiennent pas de pensée », La mort de ceux que nous aimons nous bouleverse.

Mais la nôtre ? La craindre, c'est nous représenter à la fois un monde où nous sommes et un monde où nous constatons notre absence.

Ces deux idées ne peuvent coexister.

On vous a dit que nous vivons au-dessus d'un abîme et qu'au moment où nous prenons conscience de ce péril, nous ne sommes plus que vertige.

Mais les hommes ont toujours vécu au-dessus d'un abîme, et ils ont aimé, travaillé, créé.

Rien ne s'oppose à ce que vous les imitiez.

On répondra : « Tout a changé.

Les hommes du temps jadis s'appuyaient sur une foi.

Et ils n'étaient pas, comme nous, sous la menace d'une destruction totale de la planète.

»Qui vous empêche d'a voir une foi? Les dieux sont morts ? Disons que les images de Dieu ont pris des formes nouvelles.

Mais vous savez qu'il y a en vous quelque chose plus grand que vous; vous savez que cette grandeur existe en chaque hollme et que le lâche se juge lui-même ; vous savez que les catastrophes qui menacent l'humanité seraient l'œuvre de l' humanité et qu'une volonté commune, tenace, pourrait les détour­ ner ; vous savez que, si nous longeons un abîme, rien ne nous force à y tomber.

On vous a dit que les vieilles valeurs morales ont rejoint les vieilles lunes.

C'est faux.

Si vous décapez l'humanité présente des mots qui la masquent, vous retrouverez l'homme éternel.

Des écrivains nous annoncent la fin des civilisations classiques.. »

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