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A. Malraux, dans l'Homme précaire et la littérature, écrit que « le génie du romancier est dans la part du roman qui ne peut être ramenée au récit. » Vous commenterez et éventuellement discuterez cette affirmation à la lumière d'exemples précis empruntés à votre expérience personnelle de lecteur de romans.

Publié le 17/01/2022

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Introduction La vogue du roman, même si elle s'est un peu atténuée, reste vive pour un vaste public. Ce genre littéraire, non seulement séduit toutes les classes d'âges et de population mais encore est le sujet de recherches théoriques de la part de plusieurs grands auteurs dont A. Malraux qui dans l'Homme précaire et la littérature récuse l'assimilation pourtant fréquente entre roman et récit et affirme que « le génie du romancier est dans la part du roman qui ne peut être ramenée au récit ». Homme de lettres éminent et lecteur avisé, l'auteur de la Condition Humaine souligne implicitement la complexité du roman. Après avoir tenté de définir ce qu'est cet objet « roman », il faudra se demander si la prééminence accordée par beaucoup à l'intrigue est une façon médiocre ou courte d'aborder les oeuvres romanesques et s'il peut y avoir coïncidence entre le point de vue du producteur de romans et celui de consommateur.
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« antérieures au voyage ; les narrateurs qui se relaient, s'interrompent.

Voilà bien la singularité d'un auteur qui prendses distances avec les sollicitations du récit linéaire attendu, auteur qui force le lecteur à réfléchir et montreclairement que l'anecdote est subalterne même s'il y a prolifération d'intrigues.Un autre romancier, anglais celui-là D.

Defoe élimine tout suspense en indiquant dès la première page du roman MollFlanders l'ossature du récit que voici : « Heurs et malheurs de la célèbre Moll Flauders qui naquit à Newgate et,pendant une vie continuellement variée qui dura soixante ans, en plus de son enfance, fut douze ans une catin, cinqfois une épouse (dont une fois celle de son propre frère) douze ans une voleuse, huit ans déportée pour ses crimesen Virginie et devint riche, vécut honnête et mourut pénitente...

» On ne peut plus nettement bannir le suspense,affirmer qu'un roman ne se limite pas à l'intrigue et inciter le lecteur à chercher plutôt comment l'auteur s'en sert, «l'utilise » seulement comme support. 2.

Le génie du romancier se manifeste dans la création de personnages.L'auteur de la Chartreuse de Parme, Stendhal, écrivait, à ce propos, à sa soeur Pauline Beyle dans une lettre datéedu 3 août 1804: «Tu sens bien que dans les romans, l'aventure ne signifie rien : elle émeut et voilà tout ; elle n'estbonne ensuite qu'à oublier.

Ce qu'il faut, au contraire, se rappeler, ce sont les caractères.

» Le privilège accordé autraitement des personnages est manifeste dans plusieurs romans.

Le titre du volume est souvent une indication decette suprématie voulue par l'auteur.

Mauriac veut peindre les douleurs morales d'une provinciale girondine dansThérèse Desqueyroux, R.

Rolland veut exprimer la vie triste souvent ou exaltée par la musique de son héros Jean-Christophe et Flaubert, créant Madame Bovary, présente une femme qui sera un type de femme.

Pour ces auteurs,l'anecdote ne servira qu'à mettre en évidence les comportements de leurs héros, enfants de leur esprit agis ouagissant selon leur géniteur spirituel.

A ce point du développement, il devient clair que le « génie du romancier »tient surtout à sa manière, au « comment » il s'y prend.3.

Le romancier se crée et se dévoile en créant.En effet, il propose sa vision du monde, intervient sans cesse, démiurge visible ou caché.

A partir de détails, d'unassemblage de circonstances vraisemblablement réelles ou non, le romancier bâtit son monde, creé sa réalité.

Ilopère un choix parmi tous les possibles narratifs et cette démarche est signifiante ; il met l'accent sur ce qui l'amarqué ou sur ce qu'il veut souligner — le sentiment d'échec qui se dégage de l'Éducation sentimentale est bienconforme à la sensibilité de son auteur.Plus encore, le romancier se sert de mots, il construit des phrases.

Mieux que tout, les retouches, les ratures, lessuppressions et les ajouts montrent l'écrivain cherchant à dire, à se trouver.

C'est pourquoi l'étude du style duromancier est si révélatrice pour le lecteur attentif. Conclusion L'auteur Malraux a raison de dire que le « génie du romancier » se trouve ailleurs que dans l'intrigue sauf si c'est lejeu sur l'intrigue qui l'intéresse.

Si le mot de génie semble emphatique, nous pouvons au moins assurer que définirl'écrivain, c'est bien autre chose qu'énumérer les prouesses inventives de son récit et qu'il a le don « d'aspirer et defaire jaillir au soleil ce qui était plat sous terre et qu'on ne voyait pas », ainsi que l'écrivait à Louise Collet, Flaubert.. »

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