A l'Arc de Triomphe. Hugo. Les Voix intérieures. commentaire
Publié le 14/02/2012
                            
                        
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I Toi dont la courbe au loin, par le couchant dorée, S'emplit d'azur céleste, arche démesurée; Toi qui lèves si haut ton front large et serein, Fait pour changer sous lui la campagne en abîme, Et pour servir de base à quelque aigle sublime Qui viendra s'y poser et qui sera d'airain ! O vaste entassement ciselé par l'histoire ! Monceau de pierre assis sur un monceau de gloire ! Edifice inouï ! Toi que l'homme par qui notre siècle commence, De loin, dans les rayons de l'avenir immense, Voyait, tout ébloui ! Non, tu n'es pas fini quoique tu sois superbe ! Non ! puisque aucun passant, dans l'ombre assis sur l'herbe, Tandis que triviale, errante et vagabonde, Entre tes quatre pieds toute la ville abonde Comme une fourmilière aux pieds d'un éléphant ! A ta beauté royale il manque quelque chose. Les siècles vont venir pour ton apothéose Qui te l'apporteront. Il manque sur ta tête un sombre amas d'années Qui pendent pêle-mêle et toutes ruinées Aux brèches de ton front !
La préface explique la dédicace. L'auteur, placé entre «le trophée de l'Etoile« et «le tombeau de son père«, mort en 1828, accomplit un devoir; «sans bruit, sans colère, sans étonnement «. Il demande, ni plus ni moins, que le nom de son père, général des armées impériales, soit ajouté aux 386 noms des généraux de la Révolution et de l'Empire, gravés sur l'édifice. Le quatrième morceau du recueil, A l'Arc de Triomphe, se termine par ces vers:
Je ne regrette rien, devant ton mur sublime, Que Phidias absent et mon père oublié.
                                «
                                                                                                                            Trois strophes de six vers, echantillon preleve sur cette masse, nous
suffiront pour caracteriser rensemble, pour etudier la pensee et l'art du
poete.
                                                            
                                                                                
                                                                    La premiere &vogue < l'arche demesuree telle qu'elle se presente encore
A nos yeux, et aussi telle que la rave le poke, surmontee d'un aigle.
                                                            
                                                                                
                                                                    La seconde est consacree a l'epopee napoleonienne et a l'homme qui la
realis a.
                                                            
                                                                                
                                                                    La troisieme est une vision anticipee : l'arc change par les siecles en une
ruine colossale.
Le poete s'adresse a l'Arc de Triomphe.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est la une e convention poe-
tique , un droit qu'il s'octroie, de parley ainsi aux e objets inanimes »,
auxquels it prate e une ame En deux vers, it (Merit le monument au cou-
cher du soleil.
                                                            
                                                                                
                                                                    Choix artistique, preuve d'un goat stir.
                                                            
                                                                                
                                                                    De fait, c'est sous
cet aspect que l'Arc revet son maximum de splendeur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Deux traits habiles
fixent aussitot nos idees.
                                                            
                                                                                
                                                                    Deja le soleil est fres bas; seul le e front xo de 'Wi-
nce est encore baigne des rayons du couchant qui le « dorenttandis
que le vaste cintre re s'emplit d'azur celeste Vision nette, frappante, aisee
a reconstituer, pour peu que l'on ait contemple ''edifice en realite ou en
image.
                                                            
                                                                                
                                                                    Et c'est re au loin »qu'il offre son maximum de beaute, que ses
proportions se degagent le mieux; de pros, it &rase, le detail absorbe
''attention.
                                                            
                                                                                
                                                                    Aucune exageration, aucune deformation dans ces deux pre-
miers vers : c'est le reel vu par un cell exerce.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dans les deux suivants, déjà le visionnaire intervient; ce n'est déjà plus
la realite pure.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le gigantesque, le demesure, l'abyssal hantent le cerveau de
Victor Hugo.
                                                            
                                                                                
                                                                    Apres le bel alexandrin aux epithetes parfaitement justi-
fiables : Toi qui Miles si haut ton front large et serein...
voici le vers qui anticipe, qui grossit.
                                                            
                                                                                
                                                                    Du haut de l'Arc, ce n'est pas preci- sement la campagne que l'on apercoit - a moins que l'on ne donne ce
nom an bois de Boulogne - c'est surtout in vine, ce sont les avenues qui
partent comme de longs rayons de ce centre merveilleux.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais tandis que nous songeons au present, Hugo nous devance dans l'avenir.
                                                            
                                                                                
                                                                    Paris n'est
plus; « la plaine immense et brune » s'elargit an pied du monument.
                                                            
                                                                                
                                                                    Et
(le son sommet a si haut » - nous savons que l'Arc, enorme dans ''ima-
gination du poke, n'a, en realite, que 50 metres, le quart des gratte-ciel am&
ricains - la 1 campagne » se change e en abime ».
                                                            
                                                                                
                                                                    L'hyperbole, procede
habituel, est manifeste, et cependant cette image amplifiee ne nous choque
pas, l'arc devenant le symbole d'une gloire vraiment extraordinaire.
Les deux derniers vers de cette premiere strophe completent la vision,
achevent, aux yeux du mecontent, ''oeuvre imparfaite.
                                                            
                                                                                
                                                                    Et id nous parta-
gerions presque son avis; l'aigle imperial, pose sur ce socle, l'airain que les
ans vertdegrisent mule a la pierre qui noircit, nous semblerait le digne couronnement de cet ensemble harmonieux.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'idee n'a rien de saugrenu
esthetiquement et logiquement elle se peut soutenir.
                                                            
                                                                                
                                                                    Sans doute des diffi-
cultes d'ordre technique ou financier, en ont empeche la realisation.
Les 446 vers du poeme dont nous venons d'etudier la premiere strophe
sont divises en neuf groupes; chacun, au point de vue prosodique, offre un aspect different; le poke a, visiblement, pour eviler la monotonie, varie
autant qu'il le pouvait, les rythmes et l'agencement des rimes.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le premier
groupe se compose de 11 strophes de six vers.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les strophes impairer sont
formees d'alexandrins commencant par deux rimes feminines suivies -
doree, demesuree - puis deux rimes masculines, au troisieme et au sixieme
vers - serein, airain -embrassent les deux feminines-abime et sublime-.
C'es six alexandrins sont reguliers; la cesure, toute classique, y tombe apres
la sixieme syllabe.
                                                            
                                                                                
                                                                    Hugo est déjà passé maitre, la facture ferme de ces vers
correspond a, la majeste du theme, a la splendeur des images.
La deuxieme strophe, pareille d'ailleurs a toutes les autres strophes paires,
se presente a nous de facon fres differente.
                                                            
                                                                                
                                                                    Deux alexandrins a rimes femi-	
Trois 	strophes 	de 	six 	vers, 	échantillon 	prélevé 	sur 	cette 	masse, 	nous 	suffiront 	pour 	caractériser 	l'ensemble, 	pour 	étudier 	la 	pensée 	et 	l'art 	du 	poète.
                                                            
                                                                                
                                                                    La 	première 	évoque 	«l'arche 	démesurée~, 	telle 	qu'elle 	se 	présente 	encore 	à nos 	yeux, 	et 	aussi 	telle 	que 	la 	rêve 	le  poète, 	surmontée 	d'un 	aigle.
                                                            
                                                                                
                                                                    	La 	seconde 	est 	consacrée 	à l'épopée 	napoléonienne 	et 	à l'homme 	qui 	la 	réalisa.
                                                            
                                                                        
                                                                    La 	troisième 	est 	une 	vision 	anticipée 	: l'arc 	changé 	par 	les 	siècles 	en 	une 	ruine 	colossale.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
.
                                                            
                                                                                
                                                                    ..
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Le 	poète 	s'adresse 	à l'Arc 	de 	Triomphe.
                                                            
                                                                                
                                                                    	C'est 	là 	une 	« convention 	:poé	tique~ 	, un 	droit 	qu'il 	s'octroie, 	de 	parler 	ainsi 	aux 	« objets 	inanimes 	», 	auxquels 	il 	prête 	« une 	âme 	».
                                                            
                                                                                
                                                                    	En 	deux 	vers, 	il 	décrit 	le 	monument 	au 	cou	cher 	du 	soleil.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Choix 	artistique, 	preuve 	d'un 	goût 	sûr.
                                                            
                                                                                
                                                                    	De  fait, 	c'est 	sous 	cet 	aspect 	que 	l'Arc 	revêt 	son 	maximum 	de 	splendeur.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Deux 	traits 	habiles 	fixent 	aussitôt 	nos 	idées.
                                                            
                                                                                
                                                                     Déjà le soleil  est 	très 	bas; 	seul le 	«front~ 	de 	l'édi	fice 	est 	encore 	baigné 	des 	rayons 	du 	couchant 	qui 	le 	« dorent 	~, 	tandis 	que 	le 	vaste 	cintre 	« s'emplit 	d'azur 	céleste 	~.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Vision 	nette, 	frappante, 	aisée 
à 	reconstituer, 	pour 	peu 	que 	l'on 	ait 	contemplé 	l'édifice 	en 	réalité 	ou 	en 	image.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Et 	c'est 	« au 	loin 	» 	qu'il 	offre 	son 	maximum 	de 	beauté, 	que 	ses 	proportions 	se 	dégagent 	le 	mieux; 	de 	près, 	il 	écrase, 	le 	détail 	absorbe 	l'attention.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Aucune 	exagération, 	aucune 	déformation 	dans 	ces 	deux 	pre	miers 	vers 	: c'est 	le 	réel 	vu 	par 	un 	œil 	exercé.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Dans 	les 	deux 	suivants, 	déjà 	le 	visionnaire 	intervient; 	ce 	n'est 	déjà 	plus 	la 	réalité 	pure.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Le 	gigantesque,  le démesuré, 	l'abyssal 	hantent 	le 	cerveau 	de 	Victor 	Hugo.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Après 	le  bel 	alexandrin 	aux 	épithètes 	parfaitement 	justi
fiables  : 	
Toi qui lèves 	si 	haut  ton front 	large 	et 	serein 	...
                                                            
                                                                                
                                                                    	
voici 	le 	vers 	qui 	anticipe, 	qui 	grossit.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Du 	haut 	de 	l'Arc, 	ce 	n'est 	pas 	preci	sément 	la 	campagne 	que 	l'on 	aperçoit 	-	à 	moins 	que 	l'on 	ne 	donne 	ce 	nom 	au 	bois 	de 	Boulogne 	-	c'est 	surtout 	la 	ville, 	ce 	sont 	les 	avenues 	qui 	partent 	comme 	de 	longs 	rayons 	de 	ce 	centre 	merveilleux.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Mais 	tandis 	que 	nous 	songeons 	au 	présent, 	Hugo 	nous 	devance 	dans 	l'avenir.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Paris 	n'est 	plus; 	«la 	plaine 	immense 	et 	brune~ 	s'élargit 	au 	pied 	du 	monument.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Et 	ae 	son 	sommet 	« si 	haut 	» -	nous  savons  que l'Arc, 	énorme 	dans 	l'ima	gination 	du 	poète, 	n'a, 	en 	réalité, 	que 	50 	mètres, 	le 	quart 	des 	gratte-ciel 	amé	ricains 	-	la 	« campagne 	» 	se 	change 	« en 	abîme 	~.
                                                            
                                                                                
                                                                    	L'hyperbole, 	procédé 	habituel, 	est 	manifeste, 	et 	cependant 	cette 	image 	amplifiée 	ne 	nous 	choque 	pas, 	l'arc 	devenant 	le 	symbole 	d'une 	gloire 	vraiment 	extraordinaire.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Les 	deux 	derniers 	vers 	de cette 	première 	strophe 	complètent 	la 	vision, 	achèvent, 	aux 	yeux 	du 	mécontent, 	l'œuvre 	imparfaite.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Et 	ici 	nous 	parta	gerions 	presque 	son 	avis; 	l'aigle 	impérial, 	posé 	sur 	ce socle, 	l'airain 	que 	les 	ans 	vertdegrisent 	marié 	à la 	pierre 	qui 	noircit, 	nous 	semblerait 	le 	digne 	couronnement 	de 	cet 	ensemble 	harmonieux.
                                                            
                                                                                
                                                                    	L'idée 	n'a 	rien 	de 	saugrenu 	: 	esthétiquement 	et 	logiquement 	elle  se 	peut 	soutenir.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Sans 	doute 	des 	diffi	cultés 	d'ordre 	technique 	ou 	financier, 	en 	ont 	emJ?êché 	la 	réalisation.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Les 	446 	vers 	du 	poème 	dont 	nous 	venons 	d'etudier 	la 	première 	strophe 	sont 	divisés 	en 	neuf 	groupes; 	chacun, 	au 	point 	de 	vue 	prosodique, 	offre 	un 	aspect 	différent; 	le 	poète 	a, visiblement, 	pour 	éviter 	la 	monotonie, 	varié 	autant 	qu'il 	le 	pouvait, 	les 	rythmes 	et 	l'agencement 	des 	rimes.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Le 	premier 	groupe 	se 	compose 	de 	11 	strophes 	de 	six 	vers.
                                                            
                                                                                
                                                                     Les 	strophes 	impaires 	sont 	formées 	d'alexandrins 	commençant 	par 	deux 	rimes 	féminines 	suivies 	-	dorée,  démesurée 	-	puis 	deux 	rimes 	masculines, 	au 	troisième 	et 	au 	sixième 	vers-	serein,  airain 	-embrassent 	les 	deux 	féminines-abîme 	et 	sublime-.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Ces 	six 	alexandrins 	sont 	réguliers; 	la césure,  toute 	classique, 	y tombe 	après 	la 	sixième 	syllabe.
                                                            
                                                                                
                                                                     Hugo est déjà  passé 	maître, 	la 	facture 	ferme 	de 	ces 	vers 	correspQnd 	à la 	majesté 	du 	thème, 	à la 	splendeur 	des 	images 	.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
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La 	deuxième 	strophe, 	pareille 	d'ailleurs 	à toutes  les 	autres 	strophes 	paires, 	se 	présente 	à nous 	de 	façon 	très 	différente.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Deux 	alexandrins 	à rimes 	fémi-.
                                                                                                                    »
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