A l'aide de textes précis tirés de Candide, vous étudierez l'art de la propagande et de la critique philosophique chez Voltaire.
Publié le 18/02/2011
Extrait du document
Le XVIIIe siècle se caractérise par la diffusion des connaissances à travers la ville, le peuple, par le moyen des cafés, clubs, gazettes, libelles. La discussion des sujets littéraires, religieux ou philosophiques, scientifiques n'est plus réservée aux seuls clercs et docteurs. La raison humaine enfin éclairée juge librement de tout. A un public aussi divers et inégalement cultivé il faut proposer les vérités nouvelles sous une forme légère, amusante, condensée et claire. C'est ce travail de vulgarisation que Voltaire a réalisé dans Candide qui est presque un résumé de sa philosophie.
«
innocents et on ne pouvait, en droit, les arrêter parce que Moloch exigeait des sacrifices.L'homme est-considéré par l'Inquisition comme un moyen de faire pénitence sur le dos des autres, non comme unefin.
Le crime.
d'hérésie est tout aussi grotesque : le Portugais a arraché « le lard d'un poulet », Candide a écoutéavec « un air d'approbation ».4° Fausse naïveté du récit: Voltaire décrit d'un air complaisant et consciencieux les détails ridicules du costume etde la cérémonie : « Candide fut fessé en cadence pendant qu'on chantait en faux-bourdon.
» Par là il ridiculisetoute cérémonie religieuse.c) La froideur du récit.La Bruyère a flétri la guerre dans une page célèbre et éloquente.
Voltaire sait que les écrits éloquents ne se lisentplus.
Mais sa condamnation de la guerre est restée célèbre (Candide, III).
D'abord il feint d'admirer l'ordonnance desarmées en marche, la musique « qui verse l'héroïsme au coeur des citadins ».
Insensiblement il prend le tonméprisant d'un général cruel ordonnant des massacres pour son prince.
Puis c'est le carnage des civils sobrementdécrit.
Pas un mot pour condamner la guerre : par cette absence de toute pitié exprimée, il révolte le lecteur plusque par une déclamation larmoyante.
C.
- L'IRRESPECT GÉNÉRAL
a) Tactique : pour ruiner les États, les institutions, il faut d'abord détruire le respect, sorte de longue habitudefondée sur de vagues raisons.
Pour rompre cette habitude, Voltaire nous fait voir les choses respectées sous un jourridicule, nous invite par le spectacle de leur ruine à les ruiner nous-mêmes : « Mangeons du Jésuite ».
Il y a réussi,car l'expulsion des Jésuites suit de peu la publication de Candide.b) Un défilé de fantoches rossés : loin d'être des gens doués de sagesse et de libre arbitre comme Martin,Pococurante, le vieux Turc et même Candide, les ennemis de Voltaire sont présentés comme des maniaques, desautomates indignes de tout respect.
C'est Pangloss qui débite comme une machine et se répète comme unperroquet, c'est le levanti-patron qui ne sait que distribuer des coups de nerf de boeuf, c'est le baron jésuiteuniquement entiché de noblesse.Bien entendu, à la grande joie du lecteur, tous les ennemis de Voltaire sont ridiculisés, battus : le baron jésuite esttranspercé et mis aux galères, où il retrouve Pangloss, les Inquisiteurs sont joués, les rois détrônés.c) Les grands problèmes tranchés par un touche-à-tout.L'amour, la sentimentalité à la manière de Rousseau sont ridiculisés en la personne de Mlle Cunégonde que Candidecroit toujours belle et qui est devenue répugnante et acariâtre.
Le récit du souper des rois à Venise insinue qu'onpeut renverser rois et princes comme des marionnettes, en tout cas ne pas les respecter.
N'importe quel sage leurest supérieur.
Ce sont deux Turcs qui donnent la solution au problème religieux : il n'y a pas de problème; Dieu nes'occupe pas des hommes; il faut cultiver notre jardin.On voit donc que beaucoup d'idées ne sont pas formulées de façon abstraite, mais suggérées, illustrées par unincident, une aventure dont le lecteur aura le plaisir de tirer la morale.
CONCLUSION
On a dit que Voltaire était surtout un journaliste parce qu'il savait tirer parti de tous les faits de l'actualité : Candidefourmille d'allusions contemporaines.
Toutefois malgré le mépris de Voltaire pour Cicéron (cf.
Candide, ch.
xxv), nouspouvons dire qu'il est avant tout un avocat.Il a mis l' Institution Oratoire toute classique, reçue chez les Jésuites, au service d'idées modernes.
Quoiquedépouillé de toute éloquence dans Candide, l'art de persuader peut faire penser à certains passages des plaidoyersde Cicéron, où le style est familier, direct ou encore au style attique, sec, simple de Lysias.
Mais ce que Voltaire yajoute, c'est l'esprit frondeur, l'ironie dégradante, la hargne..
»
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