« A la musique » Arthur RIMBAUD - Lecture analytique

«  Les sens sont simultanément mis en émoi: visuel, tactile, olfactif (on sent le visage tout proche de la courbe des épaules ou des mèches folles par ex., au point de sentir la fraîcheur de la peau ou le parfum de la chevelure) ou même le goût ( les baisers qui (…) viennent aux lèvres ).Le poète nous fait presque vivre en temps réel cet instant d’amour, d’ennivrement (impression renforcée par utilisation du présent). Surtout le pouvoir du corps et de l’amour, se confond avec le pouvoir vital de la poésie (et on touche là au symbole absolu) : Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres (v 34) . Le sentiment amoureux et la relation avec la femme mettent évidemment en jeu la part intime de soi. III. Le moi :  L’expression lyrique du sentiment intime, s’exprime d’abord - ds 3 derniers quatrains - par l’expression du « je » omniprésent.

Après avoir évoqué les voyous et les pioupious – qui font à la fois contraste avec les Bourgeois, à la frange de leur monde, et transition avec le monde du poète - le poète se met d’emblée en scène (25, Moi ).

D’ailleurs maints vers commencent sur le « je » : - Moi, je suis … ; Vers moi … ; Je ne dis pas … ; Je suis, sous … ; J’ai bientôt … ; Je reconstruis … ; - Et je sens … + Thèmes de la nature (= registre lyrique) A l’inverse de tt ça, les B.

n’ont pas d’individualité (il faudrait une vraie conscience pour ça).  Ils se définissent par groupe, par catégorie sociale ( les bourgeois, des rentiers, les gros bureaux, des clubs d’épiciers ) ; au singulier : le gadin / Le notaire (v 7 / 8), paradoxalement l’article défini singulier ici (désignant une catégorie, un type en soi) est encore plus généralisant et déshumanisant.

Aux vers 18 à 20, là encore le personnage particulier mis en scène n’est défini que par son appartenance sociale : Un bourgeois.  On peut même dire que leur valeur, ds le monde bourgeois, est fonction de leur rang social : on a l’impression qu’ils sont rangés en cercles concentriques presque, des plus opulents (notaire) aux plus modestes (épiciers retraités).  Et, contrairement à la position centrale du poète (ds 3 dernières strophes), ils sont autour (de l’orchestre).

On pourrait objecter ici qu’il s’agit de se rassembler autour de la musique pour une séance de contemplation artistique et musicale.

D’où le titre du poème.

Mais justement 2 sens possibles à ce titre : o chez les B.

il s’agit d’aller « à la musique », co on va à la promenade pour se faire voir ; l’attitude par rapport à la musique elle-même est ou indifférente ou négative (on en souligne les couacs) ; de toute façon est-ce bien de la musique ? il s’agit d’1 orchestre militaire… o chez le poète, il s’agit d’un hymne « à la musique », pour la musique, la vraie, pas celle qui porte un uniforme et qui se définirait par les seules apparences (orchestre), mais la musique que font les feuilles ds les arbres, les chants des donzelles et les vers du poète. Cette musique-là « qui chante les transports de l’esprit et des sens » (Baudelaire, Correspondances) serait la forme sensible et vibrante d’une notion qui est co le Graal du poète, au bout de sa quête d’unité : la liberté. IV. La liberté : Tt d’abord, sans individualité, sans conscience (autre que celle de la nécessité de s’enrichir et de prospérer), comment les B.

pourraient-ils être dignes de penser et donc libres ? Tout chez eux dit la liberté contrariée, abolie :  tt est étriqué, comprimé/ liberté primaire totale (habit débraillé = nudité) : l’espace : mesquines pelouses ; les corps : poussifs, étranglent (corps empêtrés dans l’embonpoint et dt tt dit la lourdeur : gros bureaux, épatant les rondeurs, bedaine ; dans ce vers 18, effet de lourdeur accentué par allitération en b).

On imagine les habits qui engloutissent et compriment les corps. Chez les voyous et les poètes l’habit est débraillé et le corps est fait pour être dénudé.. »