Devoir de Philosophie

A ceux qui se plaignent des écrivains qui disent «moi», Victor Hugo répond dans sa préface des Contemplations : «Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous.» En restant dans le domaine de la littérature, mais sans vous limiter au genre autobiographique, vous commenterez ce jugement à l'aide d'exemples précis.

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

hugo
• Figure majeure de notre littérature, Victor Hugo (1802-1885) s'illustra dans la poésie (Les Contemplations, Odes et Ballades, etc.), le roman (Notre-Dame de Paris, Les Misérables, etc.), le théâtre (Ruy Blas, Cromwell, etc.), le pamphlet (Napoléon le petit). Romantique prolifique, épris de réalisme* mais toujours visionnaire, un peu philosophe, politiquement engagé dans la vie comme dans l'écriture, il fait partie des écrivains que vous devez bien connaître. • Le recueil de poèmes Les Contemplations retrace la vie de l'auteur à travers les grandes étapes de sa vie publique ou privée. C'est pourquoi Victor Hugo se défend dans la préface de ne parler que de lui. La citation, devenue célèbre, s'inscrit dans un long débat sur l'intérêt de l'autobiographie, ou, plus largement, du fait d'écrire à partir de sa propre expérience. • Attention, le sujet ne porte pas sur ce qu'apporte l'autobiographie à l'auteur, ni sur l'intérêt de l'autobiographie en général. Concentrez-vous sur le problème précis qui vous est proposé.
hugo

« Transition : Cette ressemblance ou fusion entre le lecteur et l'auteur qui parle de lui-même, directement ou indirectement, n'existe pas toujours, ou du moins pas toujours au même degré. II.

Les limites de cette identification A.

Parler de soi n'est pas toujours parler du lecteur 1.

Les personnalités historiques ou hors du commun. Lorsque François-René de Chateaubriand, Charles de Gaulle ou Winston Churchill écrivent leurs mémoires, ilsinsistent moins sur ce qui les rapproche du lecteur que sur les événements exceptionnels dans lesquels ils onttenu un rôle par leurs qualités et leurs fonctions hors du commun.

Certes l'Histoire, qu'ils ont contribué à créer,concerne le lecteur, qui en subit les conséquences, mais le lien est indirect. Il en est de même pour les personnalités les plus diverses qui sortent du lot : témoignages d'acteurs, dedestins très particuliers, qui valent surtout par leur caractère extraordinaire et suscitent la curiosité du lecteur. Ex.

: le Journal d'Anne Frank, isolée du monde pour échapper aux persécutions nazies. Ex.

: la biographie romancée du prisonnier Papillon, qui eut un immense succès. 2.

En parlant de lui, l'auteur nous renseigne sur son art. Ex.

: le Journal des Faux-Monnayeurs d'André Gide témoigne presque au jour le jour de la façon dont l'auteur a vécu son travail d'écriture pour le roman Les Faux-Monnayeurs.

De même, dans Paludes, il met en scène un écrivain en train d'écrire un roman, et qui certainement emprunte à l'expérience personnelle de Gide. Ex.

: au XXe siècle, les lecteurs s'intéressent beaucoup aux journaux des écrivains ou à leurs lettres, qui souventn'étaient pas destinés à être publiés (Correspondance de Gustave Flaubert, de Marcel Proust, etc.).

Le public y trouve, outre un témoignage sur une vie d'homme, la source d'oeuvres littéraires admirées, comme Madame Bovary ou A la Recherche du temps perdu. B.

L'enrichissement par la découverte de l'autre La découverte de la différence Même si un homme qui parle de lui n'est pas illustre ou exceptionnel, ni d'une personnalité proche de la nôtre, ilpeut nous intéresser en ce qu'il présente une expérience de la vie, des pensées et des réactions différentes,qui tiennent à son caractère ou sa civilisation.

Lorsque ces livres sont bien écrits, l'intérêt n'en est que plusgrand, ainsi que le plaisir. Ex.

: la belle et mystérieuse histoire d'amour dans Le Grand Meaulnes, inspirée de la vie de l'auteur, Alain- Fournier. Ex.

: dans Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, auteur martiniquais, veut faire connaître ce qu'il appelle sa «négritude » : « la simple reconnaissance du fait d'être noir, et la simple reconnaissance de ce fait,de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture».

Il s'adresse autant aux autres Noirs, quipartagent son expérience, qu'aux Blancs à qui il veut la faire connaître, mais qui ne pourront jamais la partagerentièrement. 1. Ces témoignages sont un enrichissement pour le lecteur, qui prend ainsi conscience de la diversité desconditions humaines, des tempéraments, et relativise sa propre individualité ou les coutumes de sa société.2. Ex.

: le charme des ouvrages de Colette, surtout quand ils s'inspirent de son enfance, comme Journal à rebours, tient notamment au lien étroit qui existait entre elle et la nature ou les animaux, lien que le lecteur citadin de la findu xxe siècle ne retrouve que rarement et incomplètement. Ex.

: les Confessions de saint Augustin nous révèlent les inquiétudes et préoccupations d'un homme et prêtre des ive-ve siècles. Conclusion Ce que dit Victor Hugo à son lecteur contient une grande part de vérité : les auteurs qui parlent d'eux-mêmes nousparlent de nous, de nos problèmes, de nos plaisirs, de nos défauts. Mais parler de soi peut avoir bien d'autres buts : donner un témoignage sur une personnalité exceptionnelle, faireconnaître sa différence, qu'elle soit individuelle ou collective, donner des lumières sur la genèse de l'oeuvre d'art. Les meilleures oeuvres autobiographiques sont d'ailleurs souvent celles qui remplissent à la fois divers rôles, et qui. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles