13 janvier 1898 : " J'accuse " de Zola.

« 3) L'écriture engagée.

1) l'expression d'une accusation Le titre de l'article « J'accuse » revient de manière anaphorique dans l'extrait et permet de définir le contenu del'accusation et les domaines concernés.

* La reprise anaphorique de « j'accuse » :On l'observe au début des 3 premiers paragraphes.

La formule est reprise à l'intérieur de 3 ème et dans la 1 ère phrase de 5 ème paragraphe. On peut aussi repérer le mot « accusations ».Enfin l'action d'accuser est évoquée par l'expression « l'acte que j'accomplis ».La récurrence de l'affirmation est d'abord une manière de marteler le discours et de souligner la démarche engagée.C'est aussi une façon de montrer que cette démarche est la même à l'encontre de personnalités, d'entités et dedomaines différents.

* Les cibles visées :Les trois premiers « J'accuse » visent des individus nommés ou des institutions.À chaque fois, la formule utilisée (le verbe « accuser », un complément d'objet et un infinitif passé précédé de lapréposition « de ») précise qui est accusé, et de quoi.Dans le 1 er cas il s'agit de trois experts.

Ils sont cités par leur titre professionnel (qui précise le rôle qu'ils ont joué dans l'identification des écritures », nommés et désignés par l'appellation ironique « sieurs ».

L'accusation est cellede mensonge et de fraude.

L'alternative proposée à leur sujet par Zola n'est guère élogieuse : mensonge, ouincapacité physique de voir et de juger.

L'accusation se double ainsi d'un jugement sévère mettant en cause lescapacités intellectuelles des experts.La 2 ème accusation touche le Ministère de la guerre.

Cette accusation est voisine, il s'agit encore de mensonge et de calomnie par voie de presse.

Zola précise le noms des journaux incriminés « L'Éclair », « L'Écho de Paris », et fait comprendre que l'accusation est double : le mensonge est destiné à cacher une 1 ère erreur.

Il s'agit là, d'après lui, d'une double culpabilité.Enfin, la 3 ème accusation est la plus grave puisqu'elle touche un organisme chargé de juger et qu'elle l'accuse d'illégalité.

Le vocabulaire employé relève du champ lexical de la justice : « droit », « condamnant », « accusé »,« pièce », « illégalité », « crime juridique », « acquitter », « coupable ».

Mensonge, diffamation, illégalité, lesaccusation donnent l'image d'un procès inique et truqué, avec erreur initiale et utilisation de moyens contraires à lajustice pour la couvrir.L'emploi récurrent de « J'accuse » met Zola en position de polémiste s'attaquant de manière à la fois précise etviolente à des spécialistes et des institutions, ce qui implique qu'il ait pour cela une solide argumentation et despreuves (qui ne sont pas données ici).

Son réquisitoire, en revanche, fait apparaître les valeurs au nom desquelles ilse bat 2) Des valeurs fondamentalesElles sont identifiables de 2 manières dans le texte, de manière indirecte et de manière directe.

* L'expression indirecte :Certaines valeurs se révèlent à travers les refus affirmés de l'écrivain.Les 2 premières accusations mettent en valeur ma recherche de la vérité, le respect de l'honnêteté.C'est au nom de la franchise, de la droiture que Zola refuse le mensonge, la fraude et la diffamation.La 3 ème accusation fait apparaître le respect intangible du droit, de la légalité, de la justice.

C'est le fonctionnement de la justice qui est mis en cause, et à travers lui, les garanties accordées à tout citoyen par le système juridique.

* L'expression directe :Il s'agit des mêmes valeurs, les mots « vérité » et « justice » sont employés : « Et l'acte que j'accomplis ici n'estqu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice ».La démarche de Zola est claire : il veut faire éclater la vérité et la justice.

Il faut rapprocher de ces 2 valeurs cellede l'humanité, qui s'exprime ici sous la forme du respect de l'être humain, associé à la métaphore de la lumièrereprésentant le bonheur.La notion de « droit au bonheur » fait référence à une sorte de cause du peuple, et Zola fait ici référence à ce que. »