Oberkampf et la « toile de Jouy »
Publié le 30/08/2013
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Les « indiennes «, toiles de coton à motifs de fleu¬rettes imprimées connues en Inde depuis le IIe siècle avant Jésus-Christ, se sont répan¬dues en Occident au XVII' siè¬cle grâce au développement du commerce maritime. Ces tissus peints, aux coloris frais et d'un prix relativement mo¬dique, ont suscité un engoue¬ment immédiat de la part des élégantes. Mais, redoutant la concurrence, les manufactures traditionnelles de drap, de soie et de lin ont, par arrêt du Conseil d'État du 26 octobre 1686, obtenu la prohibition de toutes les toiles blanches et peintes de l'Inde.
«
les plus grands spécialistes
de Suisse alémanique .
Six
mois après avoir été embau
ché comme simple graveur , il
devient coloriste, puis s'asso
cie avec des financiers et crée
sa propre entreprise.
Oberkampf établit sa « manu
facture d'i ndiennes » à Jouy
en-Josas, village situé au bord
de la Bièvre -rivière réputée
pour la qualité de ses eaux -
UNE TECHNIQUE
COMPLEXE
Le dessin devait être conçu
et exécuté de manière à pouvoir être décomposé,
lors de l'étape primordiale
de l'impression, en
plusieurs éléments
correspondant chacun à une couleur.
Les graveurs
reportaient les motifs en
relief sur autant de
planches de bois qu'il y
avait de couleurs.
Ces planches gravées ne dépassant pas vingt-cinq
à quarante centimètres
de côté pour faciliter
leur manipulation ,
la
manufacture de
Jouy-en-Josas en possédait cent mille en 1821.
Les
décors agrémentés de personnages étaient
réalisés sur des plaques
de cuivre, qui avaient l'avantage de pouvoir être
utilisées plus longtemps que les supports en bois.
La toile de lin et de coton venait de Rouen ou du
Beaujolais ; à partir de
1767, on utilisa une
cotonnade importée de
l'Inde, matière première
plus fine et plus pure .
L'impression
des étoffes se
faisait en plusieurs étapes
successives et complexes,
nécessitant de nombreux séchages, lavages, rinçages
et même des passages dans
la bouse de vache ! Toutes
ces opérations demandaient
de trois à quatre mois à la
belle saison, six mois ou
plus lors d'un mauvais hiver.
et proche de Versailles et de
sa riche clientèle .
li fait venir
son jeune frère Frédéric pour
l'aider , et la fabrication com
mence en janvier 1760 dans
des locaux exigus, que le suc
cès lui permettra très vite
d'agrandir.
Jusqu'en
1770, les indiennes
sont imprimées à la planche
de bois gravé , en une ou plu
sieurs couleurs .
Par la suite,
Oberkampf investit dans un
procédé d'impression à la pla
que de cuivre déjà connu en
Angleterre, qui permet une
plus grande polychromie et
une production plus impor
tante et à moindre coût.
En
1788, il rompt avec ses asso
ciés et reste seul à la tête de
sa manufacture .
Neuf ans plus
tard , il est le premier en Fran
ce à imprimer au cylindre de
cuivre , produisant ainsi cinq
mille mètres de toile par jour .
Personnages et
décors champêtres
Répondant au goût de la Cour
de Louis XV pour les motifs
champêtres et les couleurs
fraîches et gaies, les indiennes
suscitent un véritable engoue
ment.
Le travail acharné des
deux frères Oberkampf, qui
ont épousé de jeunes Françai
ses de bonne famille et large
ment dotées, leur opiniâtreté
à trouver de nouvelles techni
ques et à proposer des décors
originaux contribuent large
ment à la réussite de l'entre
prise .
En 1805, la fabrique
emploie mille trois cent vingt
sept artistes et ouvriers, et
produit plus de quatre-vingt
cinq mille pièces de toile
imprimée, utilisée pour con
fectionner tentures, garnitures
de meubles, robes, jupons,
caracos, foulards, mouchoirs,
châles et gilets .
Les motifs les plus célèbres
de la manufacture d'indiennes
de Jouy-en-Josas sont les fa-
meux camaïeux de Jean-Bap
tiste Huet .
Le talent de cet
artiste réputé s'épanouit sur
des toiles imprimées d'une
multitude de personnages
évoluant dans un décor cham
pêtre .
Les motifs de fleurs hé
rités des cotonnades indien
nes d'origine sont organisés
en
bouquets aux longues tiges
sinueuses ou
disposés en se
mis sur un fond neutre ou co
loré .
Oberkampf sait faire évo
luer ses productions et, sous
le règne de Louis XVI, propo
se des décors néoclassiques
plus en accord avec les nou
velles tendances.
Sous la
Révolution,
il se range du côté
de la République et assure
l'avenir de sa fabrique en
commandant à Huet de nou
veaux modèles : ce seront les
« fables de la Fontaine », éla
borées en 1795 , qui connaî
tront le succès pendant plus
de vingt ans .
Copié par nombre de concur
rents, le style de la manufactu
re de Jouy-en-Josas de~iendra
une référence .
Au point que
dans le langage courant l'ex
pression « toile de Jouy >> dési
gnera toutes les étoffes impri
mées à décor de personnages .
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- OBERKAMPF, Christophe Philippe (1738-1815) Industriel qui a fondé la manufacture de Jouy-en-Josas, première fabrique de toiles peintes, dites aussi toiles indiennes de Jouy.
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