Les mythes fondateurs des grandes découvertes

« fournisseurs musulmans se détériorent d'année en année ( les autorités sont alors obligées de produire des pièces à partir d'un alliage d'or, d'argent et d'autres métaux.Au fil des ans, la proportion d'or diminue de plus en plus au profit des autres composant et la monnaie finit par se déprécier. Durant ces siècles de pénurie, des bruits se répandent selon lesquels il y aurait de l'or en abondance dans d'autres régions du monde.

Ce grand voyage à la recherchede l'or prend alors une dimension quasi mystique ; la récompense ne sera obtenue qu'après avoir fait preuve d'une persévérance sans limites, car l'or se trouve dans unendroit quasi inaccessible, gardé par d'énormes griffons et des fourmis géantes. Colomb imagine que se rendre d'Europe en Extrême-Orient en contournant l'Afrique rend le voyage impossible vu le temps nécessaire.

Par contre, en mettant le capvers l'ouest, la route serait moins longue.L'existence de régions aurifères est confirmée par Ptolémée dans sa Géographie qui, compte tenu de l'état des connaissances à cette époque, est une œuvreremarquable.

Il y a néanmoins deux erreurs importantes : 1.

l'Afrique et l'Asie sont unies par un Terra australis et l'Océan indien n'y est qu'un grand lac 2.

il évalue le périmètre de la terre à 32.000 km alors qu'en réalité celui-ci est de 40.00.

km. C'est sur base de ce calcul inexact que Colomb conclut que seuls quelques jours de navigation séparent les côtes espagnoles des côtes d'Orient.De plus, le livre de Marco Polo semble cautionner l'idée que l'or vient du Levant.Les références se recoupent donc :- les Ecritures affirment que l'or vient d'Ophir et de Tarsis- Ptolémée situe la péninsule d'Or en Extrême-Orient- Marco Polo dit qu'il y a « abondance d'or » à Cipango (Japon) ( Colomb rassemble toutes ces informations grâce auxquelles, lançant ses caravelles vers l'Ouest, il espère bien trouver la nouvelle route des épices mais aussi cefameux « paradis ».Lorsqu'il découvre des terres à l'Ouest, il croit ses idées relatives aux dimensions de la terre confirmées.

Il pense avoir atteint les côtes orientales de l'Asie et appellecette terre « Hispaniola ». Lors d'une 2e expédition (1502), Colomb pense à nouveau longer les côtes orientales de l'Asie mais se trouve entre le Honduras et Panama.

Il explore des terres qu'ilappellera Veragua, où il affirme que se trouvent les mines du roi Salomon.

Il Le paysage décrit par Christophe Colomb est rempli de références au monde dépeint parMarco Polo.

Après avoir annoncé aux rois la découverte des mines du roi Salomon, il entame le chemin du retour.

Cependant, l'or de l'Amérique reste toujoursintrouvable. D.

Ruée des conquistadors vers les royaumes d'or Au début du 16e siècle, les Espagnols et Portugais sont installés sur le nouveau continent.

De nouvelles légendes nées de l'ignorance du terrain, des traditionsindigènes et surtout de l'imagination des aventuriers (dont l'objectif est de faire fortune) apparaissent. Les soldats éprouvent d'énormes difficultés à se procurer de la nourriture et bien souvent, doivent leur survie à la mise à sac des villages indiens, ce qui entraineinévitablement l'hostilité des habitants. La croyance intense en l'existence des royaumes dorés trouve ses origines dans la société coloniale espagnole.Les conquérants du Pérou n'étaient pas capables de gérer leur victoire et se divisèrent en bandes rivales qui s'affrontèrent pendant 15 ans.

La Couronne espagnoleenvoie alors un nouveau vice-roi afin d'imposer à l'Amérique le modèle de stratification sociale de l'Espagne médiévale.

Désormais, les énormes territoires(encomiendas) sont offerts à des notables nommés directement de la métropole. En 1560, ( 8000 Espagnols vivent au Pérou mais seuls quelques uns avaient reçu de grandes quantités de terres et d'indiens (( 500) ; d'autres jouissaient de quelquescharges de haut niveau et d'un salaire plus ou moins bon (( 1000).

Tous les autres devaient se contenter de survivre (les parias de la conquête : ils avaient tout donnédans des campagnes qui permirent à l'Espagne de nager dans un océan de richesses et ils étaient réduits à vivre de la charité des puissants et de l'espoir de recevoirune encomienda lors d'un futur partage des terres). Il ne restait donc qu'une seule possibilité de faire fortune rapidement : répéter l'histoire en découvrant de nouveaux empires remplis d'or.

L'illusion de les découvrir etde pouvoir les piller constitue l'ultime espérance des parias. Cet état d'esprit explique la facilité avec laquelle les Espagnols ont cru aux rumeurs (soi disant de sources sûres, souvent indiennes) qui prétendaient connaître tel outel royaume aux richesses inouïes. Les 1ers échos d'un royaume fabuleux arrivent de la ville de San Francisco de Quito, en Equateur en 1534.

La cérémonie de l'Eldorado (où un cacique jetait, en guised'offrande, un grand tas d'or et d'émeraudes dans les eaux du lac de Guatavita) semble être historiquement prouvée.

A l'instar d'autres mythes, celui de l'Eldorado suitune métamorphose importante : le chef indien recouvert d'or se transforme en pays légendaire. 4 royaumes prodigieux firent donc rêver les conquistadors : • les 7 cités de Cibola au nord du Mexique• l'Eldorado en Colombie et au sud du Venezuela• le Paititi aux confins du Brésil et de la Bolivie• la Cité des Césars dans les steppes australes du continent sud-américain. E.

Renaissance du mythe des amazones en Amérique La croyance en une tribu de femmes guerrières est aussi ancienne que répandue.

Lorsque dans les années 1500, les conquistadors s'enfoncent péniblement dans laforêt équatoriale, ils croient combattre des armées d'Amazones et baptisent de ce nom la plus gigantesque masse fluviale de la planète. La vitalité du mythe des Amazones est étonnante.

Il voyage dans le temps et fut présent sur presque tous les continents sous diverses formes. On peut attribuer ce succès au fait que les Amazones représentent le contrepoids imaginaire à la prépondérance masculine dans l'organisation sociale et familiale.Symbole de l'inversion des rôles, elles s'affirment comme l'antipode de la normalité. Dans l'Amérique coloniale, le sort des Indiennes était loin d'être enviable ; soit servantes ou concubines d'un hidalgo quelconque, soit offertes aux colons. F.

En guise de conclusion. »