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La Fée électricité

Publié le 22/02/2012

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C'est à l'aube du XXe siècle, lors de l'Exposition universelle de Paris, qui ouvre ses portes le 14 avril 1900, que la Fée électricité révèle tous ses pouvoirs à un public stupéfait. La grande magicienne de la fête est en effet la lumière. Outre les illuminations des places, des monuments et des grandes artères de Paris, un gigantesque palais de verre, au sein de l'Exposition, est totalement éclairé grâce à 12.000 ampoules électriques. C'est également l'électricité qui permet aux visiteurs de se déplacer dans la Rue de l'Avenir au moyen du premier trottoir roulant. C'est toujours elle qui permet de proposer des spectacles étonnants et fascinants. Le cinéma, bien sur, mais aussi le Maréorama et le Transsibérien qui transportent les spectateurs dans le panorama animé d'un voyage en Méditerranée ou dans un périple entre Moscou et Pékin. C'est encore le Cinéorama, où, à partir d'une nacelle de ballon, on peut assister à la magie procurée par dix appareils de projection fonctionnant simultanément. Par ailleurs, la Fée électricité est aussi celle qui permet le transport de passagers sur les premiers tramways.

« apte à prendre un certain mouvement… " Bose (1710-1761), dans ses Recherches sur la cause et sur la véritable théorie de l'électricité (1745) suppose l'air rempli de matière électrique.

Tous les corps contiennent cette " matière subtile ".

Il parle des tourbillons de Descartes et suggère un système danslequel le fluide électrique est composé de globules élastiques. Même son de cloche chez Hausen (1693-1743).

Il écrit en 1743 : " La matière électrique tourne vraiment en tourbillons autour du corps électrique ".

Puis, s'agissant d'expliquer les attractions et les répulsions : " Deux corps entourés de deux tourbillons de forces égales, c'est-à-dire qui exercent l'un sur l'autre des pressions égales, s'équilibrent nécessairement en se repoussant avec des forceségales… Deux corps entourés de forces inégales s'attirent… Cela suffit pour écarter l'illusion de deux espèces d'électricité : la vitréeet la résineuse ". Enfin Winkler (1703-1770) : " La surface d'un corps électrisé est environnée, tout autour, d'une matière subtile qui est en mouvement… " Au milieu du XVIIIe siècle, la théorie de l'électricité universellement répandue, issue des idées du siècle précédent, attribue les effetsde l'électricité à une émanation matérielle exhalée par les corps électriques quand ils sont frottés, formant ainsi une atmosphèreautour du corps électrisé.

C'est avec l'abbé Nollet, ancien assistant de Du Fay, élevé en 1768 par Paulian au rang de " chef desélectriciens d'Europe ", qu'elle prend sa forme la plus achevée. Jean-Antoine Nollet (1700-1770) allie deux talents : celui d'expérimentateur et celui de vulgarisateur.

Il faitautorité dans toute l'Europe.

Sa théorie de l'électricité est développée pour la première fois dans unmémoire intitulé Conjectures sur les causes de l'électricité des corps , paru en 1745. Dans ce manifeste, Nollet n'admet pas le principe de l'action à distance : " Les corps ne peuvent agir les uns sur les autres que par l'intermédiaire de quelque autre matière dont [est] remplie la distance qui les sépare ".

Quelle est la nature de cette matière? Un " fluide subtil " que Nollet associe à la matière du feu et de la lumière.Comment circule-t-il? Frottez un tube de verre, de la " matière électrique " en sort à travers de petits pores.

Elle forme des rayons divergents, des aigrettes,et laisse un vide dans le verre.

Il va être vite comblé par le fluide environnant qui est de même espèce et entre dans le verre selon desdirections convergentes. Voici donc deux " courants ", l'un qui sort, l'autre qui entre.

Nollet appelle le premier matière effluente, le second matière affluente.

Lacombinaison des deux explique tous les effets perceptibles de l'électricité : l'impression de piqûre ressentie sur la main approchéed'un corps électrique; l'odeur particulière qui accompagne une étincelle; la forme de lumière qu'elle produit, etc.

Elle permet égalementà Nollet de réfuter la distinction entre électricités résineuse et vitrée.

Cette dernière est ramenée à des différences dans les quantitésde matières effluentes et affluentes mises en circulation par le verre et par la résine. Au milieu du XVIIIe siècle, cette théorie emporte l'adhésion de la plupart des physiciens.

Nollet la défendra bec et ongles jusqu'à la finde sa vie en 1770.

Elle lui survivra.

De fait, elle était cohérente avec les représentations qu'on se faisait alors de la chaleur, expliquéepar l'existence d'une substance fluide et universelle : la matière du feu.

Ainsi étroitement associées à une théorie qui faisait l'unanimitédans les rangs de l'Académie des sciences, les conceptions de Nollet étaient-elles difficiles à rejeter.

On se contenta, dans unpremier temps, de les modifier çà et là, pour les rejeter plus tard. C'est ce que fait, à Genève, Jean Jallabert (1712-1768, titulaire de la première chaire de physique de l'Académie locale) sur la questionde l'affluence.

Une série d'expériences conduites méthodiquement l'amène à l'idée que l'attraction des corps légers est un phénomèneoscillatoire.

A proximité des corps électrisés, se trouverait en effet un fluide électrique " très délié, très élastique,…, plus rare dans les corps denses et plus dense dans les corps rares ".

Ce fluide se dilaterait et se contracterait en permanence… Comme Nollet, Jallabert rejette l'idée de deux espèces d'électricité.

La différence entre l'électricité vitrée et l'électricité résineuse n'est pour lui qu'" unecontradiction apparente ".

Elle s'explique par une inégalité de force de leur atmosphère due à la nature des corps et à leur élasticité…verre ou porcelaine plus élastiques que résine ou ambre… Quittons Genève pour un voyage outre-Atlantique : à Philadelphie. Là vit un homme d'affaires bien établi, journaliste et éditeur à succès qui, outre ses activités publiques s'intéresse à la philosophie et auxsciences.

Il s'appelle Benjamin Franklin et, loin des effluves européennes, va, sur une base expérimentale,développer une théorie nouvelle en contradiction avec les conceptions dominantes en Europe. Pour Franklin, chaque corps possède une certaine quantité de fluide électrique.

Sa nature importe peu, si cen'est qu'il ne se confond pas comme chez Nollet avec la " matière du feu ".

A l'état de repos, ce fluide estuniformément distribué dans le corps : aucun effet perceptible ne se produit.

Ces effets n'apparaissent que sous deux états : quand, dans le corps, ce fluide est en surplus, ou en déficit.

Les deux états sont abstraitement notés + et –. Des expériences sur la bouteille de Leyde permettent à Franklin de préciser ce modèle.

Elles aboutissent à la notion de conservationdes charges.

A tout excès d'électricité à l'intérieur de la bouteille, noté E +, correspond un déficit à l'extérieur, de grandeur strictement égale et noté E –.

La décharge de la bouteille revient à une remise à l'équilibre, autrement dit à l'établissement d'une distribution uniforme des quantités électriques de part et d'autre de la bouteille. En 1750, Franklin explique l'attraction exercée par un corps électrisé sur un corps léger par un principe d'action à distance.

A la façondont Newton avait sonné le glas des tourbillons de Descartes, il enterre ainsi les effluves des mécanistes.

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