« Vraisemblance » et « bienséances » au théâtre sous Louis XIV
Publié le 26/08/2013
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l'un des principaux partisans des règles, restreint considérablement le champ des situations qu'offre l'histoire, et les avis restent longtemps partagés sur cette question. « L'action étant vraie (...), il ne faut plus s'informer si elle est vraisemblable, étant certain que toutes les vérités sont recevables dans la poésie (...) «, déclare Corneille dans l'avis au lecteur de sa pièce Héraclius. Il va jusqu'à prendre le contrepied des tenants de la vraisemblance : « Je ne craindrai point d'avancer que le sujet d'une belle tragédie doit n'être pas vraisemblable. « En 1660, il revendique toujours la même liberté, mais cette prise de position le met à l'écart. Jean Racine, pour sa part, affirme dans la préface de Bérénice : « Il n'y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie. «

«
d'accuser tous ces personna
ges de paresse.
»
C'est au nom de la vraisem
blance que Scudéry s'en prend
au Cid : il n'est pas vraisem
blable que de tels faits se pro
duisent le même jour, même
s'ils ont réellement eu lieu .
Il
ne suffit pas
qu'un événement
soit vrai, encore faut-il qu'il soit
vraisemblable .
Cette théorie,
développée par l'abbé Fran-
L'ACADÉMIE
CONTRE « LE CID »
Les critiques faites à
Pierre Corneille à propos du
Cid, pièce sur laquelle se
focalise la « bataille des
règles », sont rassemblées dans une publication de
la toute récente Académie
française, Les Sentiments
de l'Académie française sur
« Le Cid ».
Cet ouvrage de près de deux cents pages,
publié avec un privilège du
26 novembre 1637, donne
valeur officielle aux notions
de «vraisemblance » et de « bienséances ».
Il est rédigé par le critique et
poète Jean Chapelain, l'un des premiers à avoir relancé l'idée des règles aristotéliciennes, et le texte
en a été revu par le cardinal de Richelieu en personne.
Les reproches y sont
nombreux sur le sort que fait
subir la pièce de Corneille
à la vraisemblance et aux bienséances.
« Si le possible est la propre
matière de la poésie, il ne
l'est pourtant que lorsqu'il
est vraisemblable ou
nécessaire », peut-on y lire.
Ces
Sentiments ont cependant
le bon goût de reconnaître
à la fin : « La naïveté
et la véhémence de ses
passions, la force et la
délicatesse de plusieurs de
ses pensées, et cet agrément inexplicable qui se
mêle dans tous ses défauts
lui ont acquis un
rang considérable ( ...
).
»
çois d'Aubignac, l'un des prin
cipaux partisans des règles,
restreint considérablement le
champ des situations qu'offre
l'histoire, et les avis restent
longtemps partagés sur cette
question .
« L'action étant vraie
( ...
), il ne faut plus s'informer si
elle est vraisemblable, étant
certain que toutes les vérités
sont recevables dans la poésie
( ...
) » , déclare Corneille dans
l'avis
au lecteur de sa pièce
Héraclius.
Il va jusqu'à prendre
le contrepied des tenants de la
vraisemblance : «Je ne crain
drai point d'avancer que le su
jet d 'une belle tragédie doit
n'être pas vraisemblable .
» En
1660, il revendique toujours la
même liberté, mais cette prise
de position le met à l'écart.
Jean
Racine, pour sa part , affirme
dans la préface
de Bérénice : « Il
n' y a
que le vraisemblable qui
touche dans la tragédie .
>>
Le meurtre interdit
de scène
Les arguments en faveur de la
vraisemblance
sont exprimés
dans Les Sentiments de /'Académie
française sur « Le Cid » , qui, en
1 637 ,
défendent également les
« bienséances ».
Cette secon
de notion, dont le souci s'est
fait
jour autour de 1 635, émane
de la société parisienne qui,
se voulant plus policée, sou
haite également un théâtre
conforme aux bonnes mœurs .
Cette exigence ne va pas sans
une certaine hypocris
ie : ainsi
le
critique Jean Chapelain con
çoit qu'on décrive «de sales
amours », mai s « avec des pa
roles honnêtes >> ! Là encore,
Le Cid est au cœur de la dis
cussion : Chimène est considé
rée comme impudique et de
mœurs scandaleuses parce
qu 'elle accueille la nuit l'ass as
sin de son père et lui avoue
qu'elle l'aime encore.
Les bienséances
veulent par
ailleurs qu 'on ne mélange plus
fiBlr! EDITIONS llil!llll ATLAS
le tragique et le comique dans
une même pièce : c'est le dé
clin de la tragicoméd ie, genre
le plus en vogue dans la pre
mière partie du XVII" siècle, et
l'essor des grandes œuvres
classiques.
Au fil des années , les auteurs
dramatiques acceptent de
supprimer de leurs œuvres les
références à la
sexualité et aux
différentes parties du corps.
Conformément aux bienséan
ces , ils excluent pareillement
les scènes de duel ou de ba
taille .
Après 1640, le meurtre
est interdit de scène.
Le sui
cide demeure admis et, avant
1650, on accepte encore la
description de la violence, à
défaut de sa représentation .
Par bonheur, une autre recom
mandation, formulée par l'ab
bé d'Aubignac, pourtant théo
ricien averti du théâtre, reste
lettre morte , celle qui voudrait
qu 'une femme ne puisse dé
clarer sa flamme à un homme ..
»
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