Valdemar Ier le grand (Histoire)

« aboutit à la prise d'Arkon, forteresse réputée inaccessible, où se trouvait le temple de Svantevit, le plus célèbre desdieux wendes.

L'île fut soumise, convertie, couverte d'églises et un corps de surveillance mis sur pied pour maintenirla paix dans les parages. Mais le passage de Rügen sous l'influence du roi danois et de l'évêque de Roskilde indisposa considérablement lesprinces poméraniens, l'évêque de Schwerin et leur protecteur, le puissant duc de Saxe et de Bavière, Henri le Lion. Jusque-là, les rapports avec les Allemands avaient été à peu près bons : par précaution, Valdemar avait faitrestaurer, dans le sud du Jutland, surélever et renforcer par une maçonnerie de briques le grand mur (Danevirke),destiné à arrêter les empiètements éventuels du comte Adolphe de Holstein.

Mais en Wagrie ou sur les bords de laBaltique, les progression et colonisation méthodiques d'Henri le Lion servaient les intérêts danois en vassalisant,christianisant et germanisant les peuples slaves les plus dangereux par leur piraterie.

Nombre de campagnes furentmenées en liaison avec le duc, et le fils aîné du roi, Knut, finit par épouser une de ses filles.

Mais déjà la fondationdéfinitive de Lubeck (1159) et son rapide essor menaçaient la renaissance du commerce danois, tandis que laprésence danoise à Rügen indisposait le puissant duc qui fit reprendre la piraterie.

Valdemar riposta victorieusement,en Wagrie depuis le Schleswig, comme en Poméranie où la flotte danoise pénétra dans l'Oder et s'empara de Stettin.Le Lion finit par composer et accepta que Rügen fût partagée en deux sphères d'influences : danoise (et évêché deRoskilde), "saxonne" (et évêché de Schwerin) (1171-1177).

Mais la réconciliation ne dura pas, car le duc, entrantpeu après en conflit avec l'empereur, devait être brisé en 1181, pour le plus grand bien du Danemark qui aidavigoureusement à sa chute. Jusque-là Valdemar avait été, d'ailleurs, comme ses prédécesseurs depuis Magnus, un vassal attentif de l'empereur(prêtant hommage mais sans services particuliers à accomplir) : dès 1158, il lui avait fait part de son accession autrône ; en 1162, il avait accompli le voyage d'Allemagne, contenté à peu près les exigences de Barberousse, figuré àla diète de Dôle, et paru devant l'antipape Victor IV.

En revanche, c'est l'empereur qui, en 1181, sollicita son appuicontre le Lion et lui fit un accueil flatteur : la flotte danoise bloqua Lubeck, que les troupes impériales investissaientpar terre.

Et si le duc de Poméranie fut, après la victoire, élevé au rang de prince immédiat d'empire, la chute duLion avait l'inappréciable avantage de rendre les coudées franches au Danemark, dont le roi était par ailleurs grandipar l'amitié dont l'honorait l'empereur, fiançant ses deux fils à deux de ses filles. Ces alliances des enfants de Valdemar avec les principaux seigneurs de l'époque (parmi lesquels il faut encore citerle roi de Suède Éric, et même le roi de France Philippe Auguste, époux éphémère de la malheureuse Isambour)soulignent et le prestige personnel du roi et la force renaissante de son royaume, que sa mort presque subite, le 12mai 1182 à Vordingborg, laissait à peu près pacifié, sous le règne d'un souverain déjà couronné, aux revenusabondants et à l'autorité fortement consolidée.

Les échecs de ses successeurs, appelés d'après lui "les Valdemar"(1182-1360) rehaussèrent d'autant l'éclat de ce règne dont la grandeur fut consacrée, au XVIe siècle, par le surnomaccordé à ce souverain exceptionnel : Valdemar den Store le Grand.. »